Dès le début des années 1880, le curé Antoine Labelle courtise Jean-Baptiste Rolland pour ouvrir à Saint-Jérôme un moulin pour produire du papier. Né en 1815, Jean-Baptiste vit sur la ferme de ses parents près de Saint-Hyacinthe. À 17 ans, il se rend à Montréal où il rencontre Ludger Duvernay, jeune imprimeur qui l’engage dans ses ateliers. Devenu typographe, puis maître-imprimeur, il démarre une petite compagnie sur Saint-Vincent à Montréal. Relieur, livreur puis éditeur spécialisé, il accepte l’idée d’une usine de fabrication de papier à Saint-Jérôme.
La compagnie remporte la médaille d’or, à l’exposition universelle d’Anvers en Belgique en 1885, avec le Superfine Linen Record. Ce même papier se mérite les plus hauts honneurs aux expositions de 1893 et en 1900, de Chicago et de Paris. Le filigrane montre un écusson composé de fleurs de lys et de feuilles d’érables, repris par le gouvernement canadien.
Stanislas Rolland s’inquiète de l’approvisionnement en eau, qui constitue la force motrice de son usine. Il se rend à Sainte-Adèle et acquiert l’entreprise dans le but de produire du papier fin. Le docteur Grignon, ami des Rolland, s’implique dans la venue de l’industrie à Sainte-Adèle.
En 1906, Jean-Baptiste Rolland demande une subdivision du lot 9B du canton Abercombie. Ces terrains sont conservés en prévision de l’ouverture de nouvelles rues. Elles prennent le nom de son fils, premier surintendant de l’usine : Stanislas, Saint-Jean, Saint-Stanislas (aujourd’hui Claude-Grégoire) et Rolland. Quant à la rue de la Rivière, elle souligne le déplacement du pont Nantel et le détour du nouveau tracé pour le passage public
Âgé de 31 ans, Stanislas-Jean-Baptiste Rolland coordonne d’abord les opérations de l’usine de Saint-Jérôme, où il assume également la charge de maire de la ville de 1893 à 1901. Puis. Son père lui confie la gérance de la nouvelle compagnie de Mont-Rolland.
Bien que destinée d’abord à la fabrication de la pâte mécanique, l’usine s’oriente plutôt vers le papier fin. La compagnie fait construire un tube en bois de pruche qui part du barrage nouvellement aménagé, et se rend à l’usine. Sa nouvelle entreprise prend le nom des Moulins du Nord et démarre véritablement ses opérations en 1904. Démoli en 1924, un deuxième tube est reconstruit en métal et détruit après la fermeture de l’usine en 1990.
Très impliqué dans la communauté, il occupe tour les rôles de commissaire d’école, marguillier et assume la présidence du conseil d’administration de la compagnie. Homme d’affaire prospère, il institue une première ère industrielle dans les Laurentides. Sous sa présidence, une troisième génération de Rolland s’insère dans l’entreprise. Son fils Olivier prend charge de l’usine de Mont-Rolland.
Stanislas-Jean-Baptiste retourne à Montréal en 1912 et s’implique dans divers organismes.
Après la guerre, l’entreprise se constitue en 1918 en une nouvelle société et prend le nom de Papier Rolland Limitée.
En 1923, il fait partie du comité chargé de réaliser, à Saint-Jérôme, un monument honorant l’illustre curé Antoine Labelle. En 1934, il devient président de la Banque Provinciale du Canada, devenue la Banque nationale. Il décède à l’âge de 84 ans, laissant à d’autres membres de la famille Rolland le soin de perpétuer son œuvre.
Avec les usines construites sur le site, on développe un langage architectural qui se reproduit par la suite dans les bâtiments construits dans la ville. On retrouve notamment des plans « massés » tout en brique dans les maisons des dirigeants de la compagnie. On peut aussi remarquer la forme et la symétrie des ouvertures en hémicycle reprises maintes fois, notamment à l’école Saint-Georges. Le parapet érigé en saillie devant la porte du bâtiment central de la Compagnie, dont la fonction décorative dissimule, comme à l’église de Mont-Rolland, la forme du toit.
Source : Fauteux, Mario, La Rolland, une grande histoire de famille, 2015.