C’est en mars 1802 que l’Écossais Simon McTavish, surnommé le Marquis de la fourrure, achète personnellement la seigneurie de Terrebonne aux enchères pour la somme de £25 100. McTavish a déjà établi un plan d’exploitation de la seigneurie, puisque dès le mois d’août, ses agents s’installent dans l’hôtel seigneurial de la grande rue (no 6 sur le plan).
Les agents de McTavish font des marchés avec les tonneliers du bourg pour la fabrication de plus de 2300 tonneaux à farine; engagent des boulangers, des fariniers et un superviseur pour les moulins; achètent une boulangerie sur la rue Saint-François-Xavier, près de la place du moulin; construisent une boulangerie de 3 étages en pierre et un entrepôt de 18 m. sur l’îlet du moulin, achètent un magasin-entrepôt en construction de deux étages sur la grande rue (no 4 sur le plan), en face de l’hôtel seigneurial et, finalement, démolissent la vieille scierie du seigneur Lepage au bout de la jetée de l’île pour en reconstruire une nouvelle, plus performante. Au total, £29 928 ont été investies dans l’achat et les améliorations de la seigneurie de Terrebonne en moins de deux ans. McTavish meurt en 1804.
Dans la foulée de cet achat, plusieurs bourgeois, associés secondaires ou agents écossais de la Compagnie du Nord-Ouest, achètent des terrains dans le bourg sans pour autant s’y établir à demeure, à l’exception des frères Henry et Roderick Mackenzie. Avec Jacob Oldham, avocat d’origine anglaise, ils forment une société commerciale et louent la seigneurie pour une période de 12 ans, jusqu’en 1816. Si Henry s’installe dans l’hôtel seigneurial, Roderick acquiert la maison déjà en construction du Dr Simon Fraser, voisine de l’hôtel seigneurial (no 1 sur le plan). Dès 1809, Mackenzie achète deux emplacements en face de sa résidence qu’il transforme en jardins à l’anglaise (no 2).
Toujours en 1809, William Mackay, un collègue de Mackenzie, achète un emplacement voisin du magasin-entrepôt de la Mackenzie Oldham Co.. Il y exploite une auberge (no 5 sur le plan) qu’il loue dès 1811 à des tenanciers. Cette auberge est très fréquentée par les Écossais et autres voyageurs de passage à Terrebonne. L’explorateur-cartographe David Thompson y sera d’ailleurs honoré en 1814. L’année suivante, la présence inopportune de recruteurs et de voyageurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson dans l’auberge de Mackay provoque un bras de fer avec des membres de la Compagnie du Nord-Ouest, affrontement désamorcé par l’intervention de John McDonald et de James Mackenzie, frère de Roderick. Les importuns sont mis à la porte sans coup férir. Ces deux compagnies se livrent une féroce bataille pour le contrôle de traite de la fourrure, un marché qui tire à sa fin.
Roderick Mackenzie achète la seigneurie de Terrebonne en 1817, qu’il doit rétrocéder à la succession de McTavish cinq ans plus tard, en 1822. À titre de seigneur, il concède un emplacement au révérend James Edmund Burton et aux marguilliers ou churchwardens Elisha Lane et John Mackezie, son fils, pour la construction d’une église à proximité de l’école anglaise de l’Institution royale (no 3 sur le plan). Celle-ci est sous la conduite de l’instituteur Andrew Glen. L’école française de l’Institution royale est conduite par l’institeur Augustin Vervais, choisi par le curé Saint-Germain. Terrebonne est le seul village du Bas-Canada à posséder deux écoles française et anglaise. L’église a été construite et subsistait encore vers 1840.
Source : Détail du Plan of the village of Terrebonne … H. Mackenzie – 11 novembre 1804. BAnQ, Centre Québec, Fonds Ministère Terres et Forêts, E21,S555,SS3,SSS4,P23A