De Saint-Colomban à Saint-Michel

Représentation de Sherbrooke vers 1840 réalisée par W.H. Bartlett. On y devine, sur les hauteurs, la première église Saint-Colomban.

L’église Saint-Michel (1855-1917) et l’ancien presbytère ont leur façade respective sur la rue Marquette. En fait, le statut de ces deux bâtiments change en 1874, à l’érection du diocèse de Sherbrooke. Ainsi, d’église paroissiale, la première devient cathédrale, alors que le deuxième devient l’évêché. À noter que l’arrière de l’église est adjacent au couvent de la congrégation Notre-Dame.

Vue en angle de la construction de la cathédrale Saint-Michel, en 1956 ou 1957. Arrêté à plusieurs reprises entre 1917 et les années 1950, le chantier est en ébullition au cours de l’année 1956, jusqu’à l’inauguration officielle du lieu de culte en septembre 1957.

La majorité des gens l’ignore, mais la première vocation du site occupé aujourd’hui par la Cathédrale Saint-Michel et l’archevêché n’est pas religieuse, mais bien judiciaire. En effet, lors de l’érection du district judiciaire de Saint-François à Sherbrooke en 1823, on y bâtit un palais de justice qui fait aussi office de prison. Même si de nouveaux bâtiments mieux adaptés sont rapidement construits sur l’autre rive de la rivière Magog, le lieu initial était tout de même bien choisi puisqu’il surplombe la basse-ville tout en étant près du centre névralgique du hameau.

Ce même constat est bon pour le site occupé aujourd’hui par le Séminaire de Sherbrooke. C’est en effet à cet endroit qu’est bénie, en 1829, la première chapelle catholique de Sherbrooke. Construite pour les fidèles irlandais, elle est dédiée à Saint-Colomban. Lorsqu’arrive un grand nombre de Canadiens-Français au début des années 1850, la petite église ne suffit plus. On traverse donc la rue et on y construit, grosso modo à la place du premier palais de justice démoli en 1842, une nouvelle église. Bâtie en 1855, celle-ci est nommée en l’honneur de Saint-Michel. Fidèles irlandais et canadiens-français s’y côtoient jusqu’à la fin des années 1880, moment où est érigée la paroisse St. Patrick sur la rue King Ouest. Jusqu’à cette division, les messes ne pouvaient être expéditives : si le cœur de la célébration est alors en latin, le sermon, lui est prononcé une fois en anglais, puis en français…

Et la Cathédrale Saint-Michel dans tout cela? Dire qu’elle a vécu un chemin de croix avant son inauguration est peut-être exagéré, mais sa construction est assurément une longue épopée! Alors qu’on démolit la vieille église Saint-Michel pour faire place à la chapelle Pauline en 1917, cette dernière devra faire office de cathédrale durant 40 ans! En effet, les deux Grandes guerres et la crise économique jouent sur les impératifs financiers du projet ainsi que sur la disponibilité des matériaux. L’immense édifice de style néo-gothique qui compte une centaine de vitraux est finalement inauguré à l’automne 1957.