Après la construction de l’église, en 1784, la partie servant de chapelle devait servir de salle publique. Il a fallu cependant attendre 1826 pour que des travaux d’envergure soient entamés pour la construction du presbytère dans ses dimensions actuelles. Ces travaux furent initiés par l’abbé Jean-Baptiste Bélanger, curé de la paroisse, sur requête présentée par les paroissiens à Monseigneur Lartigue le 2 novembre 1826. Le presbytère actuel fut donc érigé en 1827 et contient dans ses murs certains des murs du premier presbytère-chapelle.
Très avare de commentaires, l’abbé Bélanger n’a laissé aucune note ou contrat indiquant quel maçon devait construire le presbytère si ce n’est un contrat devant le notaire Coursolles engageant une majorité de paroissiens et tenanciers de la paroisse à lui verser 54 £ pour chaque terre de 90 arpents en culture pour la construction d’un nouveau presbytère.
Il s’engageait également à faire démolir à ses frais l’ancien presbytère et à en faire ériger un nouveau en pierre « de trente cinq pieds de largeur sur soixante-cinq pieds de profondeur », livrable le 29 septembre 1827. Deux ans plus tard, il passait un nouveau contrat avec le menuisier James Craig, de Saint-Hilaire, pour la menuiserie qu’il avait déjà entreprise dans le presbytère de Belœil.
Architecture néoclassique
Ce nouveau presbytère allait prendre la forme des bâtiments de style néoclassique avec son toit à deux versants droits recouvert d’une tôle à la canadienne et ses ouvertures bien symétriques. Les corniches qui débordent largement du nu des murs, sont soutenues par de magnifiques modillons qu’on peut toujours admirer autour du presbytère.
À l’origine, une grande lucarne-pignon flanquée de deux lucarnes plus petites s’ouvrait sur la toiture, donnant accès à un grand balcon situé au dessus d’un portique supporté par quatre colonnes sur pilastres. Son portail central est flanqué de trois fenêtres s’ouvrant de chaque côté. Le bâtiment est en pierres bien assisées avec un chaînage d’angle en pierres de taille, brossées et piquées. À cette époque, une grande galerie non couverte longeait le bâtiment sur toute sa largeur, à l’exception du portique. Lorsqu’on l’a couverte, dans les années 1930, les modillons de la corniche s’en sont trouvés masqués.
Plus tard, dans les années 1940, la lucarne-pignon et les deux petites lucarnes sont remplacés par une grande lucarne rampante au milieu de laquelle un fronton protégeant la porte et les deux fenêtres latérales est toujours aménagé.
Personnages marquants
Plusieurs personnages importants ont transité par la paroisse Saint-Matthieu-de-Belœil et occupé le presbytère. Ainsi, il fut pendant un certain temps la résidence de Eulalie Durocher, dite Sœur Marie-Rose, avant qu’elle ne fonde, en 1845, la congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Eulalie Durocher était la sœur de l’abbé Théophile Durocher, curé de la paroisse Saint-Matthieu-de-Beloeil. Elle s’occupait avec son amie Mélodie Dufresne des ouvrages d’entretien et des repas au presbytère. Eulalie occupait la chambre située à l’extrémité nord-est faisant face à la rivière et Mélodie celle de l’extrémité sud-ouest. La chambre du centre donnant sur le balcon servait d’atelier de couture.
Entre 1868 et 1875, le presbytère a également servi de siège à l’évêché de Saint-Hyacinthe pendant le règne de Monseigneur Charles Larocque, troisième évêque de Saint-Hyacinthe, qui préférait le presbytère de Belœil à son palais et à sa ville épiscopale. Il l’occupa jusqu’à son décès survenu à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe le 15 juillet 1875.
Nouvelle vocation
Le 1er novembre 2001, par décret épiscopal, les paroisses Saint-Matthieu-de-Belœil et Sainte-Maria-Goretti, de Beloeil, et Sacré-Cœur, de McMasterville, sont fusionnées pour n’en former désormais qu’une seule qui porte le nom Trinité-sur-Richelieu, les immobilisations conservant cependant leurs noms d’origine. En 2009, la Fabrique de la paroisse Trinité-sur-Richelieu se départit du presbytère Saint-Matthieu-de-Belœil et le bâtiment est vendu à l’entreprise Servirplus, spécialisée dans l’offre de soins de santé et de services psychosociaux privés.