Nous sommes maintenant devant la maison Moncion, demeure d’un important commerçant des débuts de Mont-Laurier. Sur votre gauche, le stationnement du Superclub Vidéotron occupe l’emplacement de l’ancien magasin Moncion. Il y a un siècle, vous y auriez aperçu un joli bâtiment de type boomtown agrémenté de diverses décorations. C’était le magasin-général de Léonard Moncion, situé, vous avez pu le remarquer, juste en face de celui d’Émile Lauzon. Les deux commerçants se livraient pour ainsi dire une guerre commerciale, quoique de bonne entente puisque les deux commerces s’adressent à une clientèle légèrement différente. Le magasin Moncion se targue d’être le lieu de magasinage par excellence pour les bourgeois du Haut-du-village, qui pouvaient s’y procurer vaisselle en porcelaine et bas de soie.
La famille Moncion opère le commerce jusqu’en 1944 alors que Pierre Leblanc rachète la propriété. Le jeune Leblanc avait débuté sa carrière d’épicier en 1932 à 21 ans seulement dans un local qu’il louait à Samuel Ouellette, dans la côte de la rue de la Madone. Leblanc installe donc ses activités commerciales dans ce nouveau local riche en histoire. Un magasin donnant dans le général devient ainsi irrémédiablement une épicerie. Entre l’achat en 1944 et 1954, le magasin est rénové pour le rendre plus moderne. Toutefois, une partie du bâtiment d’origine construit par Léonard Moncion est toujours présente, visible au deuxième étage.
En 1957, M. Leblanc s’associe à la bannière IGA, sous laquelle le marché Tellier IGA fait toujours affaire aujourd’hui. En 1990, l’édifice est démoli et l’épicerie est reconstruite au fond du terrain, l’emplacement précédent du commerce devenant le stationnement de ce dernier. Le style du nouveau bâtiment est résolument moderne et minimaliste. Il sera occupé par le marché d’alimentation jusqu’en 1997, lorsque le marché Leblanc déménage à son emplacement actuel sur le boulevard Albiny-Paquette. Le Superclub Vidéotron récupère les locaux sur la rue du Pont et y est toujours installé.
Revenons maintenant à la maison qui se trouve devant vous. Construite en 1917 sur les plans de l’architecte Joseph Dalbé Viau, de Montréal, la maison marie le style boomtown, alors en pleine expansion à Mont-Laurier, et le style victorien qui a la cote parmi les personnes aisées du village. Le toit plat, emprunté au style boomtown, est associé à plusieurs inspirations de type néo Queen Anne. Ce style architectural est ici mis en évidence par la corniche à denticules, le balcon qui couvre une partie de la façade avant et la fenêtre en saillie polygonale qui s’élève sur la partie gauche de la devanture. Cette saillie se termine par un parapet dont l’utilité est certes esthétique, mais qui renvoie volontairement au style victorien. Aujourd’hui, la maison a perdu sa fonction résidentielle pour devenir un bâtiment abritant des bureaux professionnels.