Vous vous trouvez maintenant devant la Cathédrale Notre-Dame-de-Fourvières, chef-lieu religieux de la MRC Antoine-Labelle. Sur la gauche de la cathédrale, relié à cette dernière par une passerelle, se trouve l’évêché.
L’histoire de ces deux bâtiments est tumultueuse pour ainsi dire, car il s’en est fallu de peu pour qu’ils ne voient pas le jour à Mont-Laurier. En effet, alors que le curé Labelle était encore vivant et militait ardemment pour la colonisation du ‘’Nord’’, il vantait également les mérites de la région de Nominingue et sa destinée de devenir la capitale de la nouvelle région de colonisation. Mais le bon curé Labelle meurt en 1891, alors que Mont-Laurier n’est encore qu’un embryon de village.
Une vingtaine d’années passent et la population de la région devient assez nombreuse pour justifier la création d’un nouveau diocèse dans la région, relevant jusqu’alors du diocèse d’Ottawa. Bien que le curé n’est plus, Nominingue semble toujours être le choix privilégié des autorités ecclésiastiques romaines, mais ce n’est pas de l’opinion du curé de le région, le curé Joseph-Alphonse Génier. Conscient du potentiel de Mont-Laurier, l’homme d’Église multiplie les communications avec ses supérieurs pour plaider sa cause. En 1913, ses efforts portent fruits : Mont-Laurier est retenu comme l’endroit qui accueillera l’évêché et la cathédrale du diocèse.
Un diocèse est un territoire sous l’autorité d’un évêque, qui lui est sous l’autorité de l’archevêque qui dirige l’archevêché. L’évêché est la demeure officielle de l’évêque, comme le presbytère est la demeure du prêtre. Il sert aussi souvent de lieu d’administration du diocèse alors que la cathédrale est l’église d’un diocèse où l’évêque pratique principalement son culte et où se trouve son trône épiscopal.
Les travaux commencent l’année suivante selon les plans des architectes montréalais Viau et Venne et sous la direction de l’entrepreneur Samuel Ouellette, qui s’était déjà occupé de la construction du premier Séminaire Saint-Joseph. Un montant de 30 000$ est alloué au projet. Le recouvrement extérieur en brique provient de la briqueterie de l’Orignal, tout près, de l’autre côté de la rivière. Le bâtiment est inauguré le 28 octobre 1914 et peut dès lors accueillir l’évêque du tout nouveau diocèse : Mgr. François-Xavier Brunet.
L’instauration d’un nouveau diocèse se traduit également par la nécessité de construire une cathédrale, chose qui débute en 1918. Le bureau d’architecte Viau et Venne est encore une fois mandaté pour dessiner les plans du bâtiment et c’est, cette fois encore, l’entrepreneur Samuel Ouellette qui dirigera les travaux. Un budget de 65 000$, une fortune à l’époque, est accordé à la construction de ce projet titanesque : mais cela en vaut la peine, la cathédrale, de style gothique, devient vite un joyau incontournable de la région.
On extrait le granite gris nécessaire à la construction d’une carrière situé dans le Bas-du-Village, sur le site actuel de l’église Cœur Immaculé de Marie. Nombres d’artisans régionaux mettent la main à la pâte pour construire bancs, trône épiscopal, fontaine baptismale, chaire et tout autre mobilier de bois servant à garnir l’intérieur d’une église. Les travaux sont achevés l’année suivante, en 1919.
La cathédrale reste pendant longtemps l’une des plus belles constructions de toute la MRC Antoine-Labelle, si ce n’est la plus belle. Malheureusement, le 1er février 1982, alors que les portes sont ouvertes pour accueillir les fidèles, un pyromane s’introduit dans la cathédrale et déclenche un incendie dans le jubé vers 16h. Le brasier devient vite incontrôlable et le bâtiment ne peut pas être sauvegardé malgré les efforts des pompiers. On reconstruit la cathédrale en 1984 et on prend la décision de conserver la façade d’origine qui tenait toujours debout. C’est celle-ci que vous pouvez encore voir devant vous.