Voici l’ancien bureau de poste de Mont-Laurier. Il va sans dire que la poste existait au village avant la construction de ce bâtiment, mais jusqu’alors le service était offert par les maîtres de poste qui tenaient le service dans leur propre résidence. En 1895, Solime Alix devient la première personne à occuper le poste, dans une rallonge qu’il érige contre sa maison. Conscient de l’importance d’un tel service dans une région de colonisation, il se plaint d’ailleurs de la rapidité du service au Rapide-de-L’Orignal, notant qu’il est plus long de recevoir une lettre dans les Hautes-Laurentides que de se rendre en Angleterre. À la même époque, le commerçant Wilfrid Touchette tient également un bureau de poste dans son magasin dans le quartier du Haut-du-Village.
Près de 25 ans après l’ouverture du comptoir postal chez Alix, les colons n’ont toujours pas de bureau de poste établi et on multiplie les demandes auprès du gouvernement pour qu’un soit construit au village. De 1922 à 1925, les habitants de Mont-Laurier harcèlent sans cesse le gouvernement pour qu’il donne le feu vert au projet. En 1925, Henri Bourassa est élu député du comté de Labelle, un retour après son départ quelques années plus tôt. Il prend immédiatement le dossier en main et la construction du bureau de poste est autorisée l’année même.
On choisit un très bel emplacement sur la pointe formée par les rues de la Madone et Mercier, là où vous vous trouvez. C’est à Jean-Baptiste Reid, propriétaire de la centrale électrique de Mont-Laurier, que le projet de construction est confié. Le bureau de poste ouvre ses portes en 1927, au grand plaisir des habitants du Haut et du Bas-du-Village. Les résidents du quartier du Rapide, de l’autre côté de la rivière, resteront pour leur part longtemps fidèles au comptoir postal Alix, alors tenu par la fille de ce dernier, Ruth.
L’édifice est agrandi en 1957. On y ajoute un avant-corps, la partie au centre de la façade qui forme une saillie, pour camoufler la jonction entre l’ancien et le nouveau. Au sommet se trouve un magnifique parapet percé d’un œil de bœuf. Le tout amalgame très bien l’ensemble de l’ouvrage, remarquez comme il est difficile de différencier la nouvelle de la vieille partie.
Le bureau de poste quitte le bâtiment en 1979 pour déménager sur le boulevard Albiny-Paquette. L’Hôtel-de-ville s’installe alors dans les locaux, jusqu’en 2014 alors que celle-ci se relocalise dans l’ancienne abbaye des moniales bénédictines sur le boulevard. L’édifice est racheté par un cabinet comptable qui y fait toujours opération aujourd’hui.