La première famille à s'établir de façon permanente à Guigues est celle d'Édouard Piché et Margaret Mc Adam, en 1864. Durant l'hiver 1862‑1863, Édouard Piché, natif de l'Île aux Allumettes, était venu bûcher dans le canton de Guigues pour le compte de Thomas Murray, un marchand de bois de Pembroke.
En 1864, Édouard Piché commence à défricher et à dresser des bâtiments sur le lot 14 du rang 1 de Guigues. Tout en s'occupant de sa famille et de son commerce de fourrure, Édouard coupa le bois sur sa propriété, dressa des bâtiments, défricha la terre et rendit le sol guiguois propre à l'agriculture.
L'hospitalité de la maison Piché était reconnue. On disait de l'homme qu'il aimait aider tous ceux qui recouraient à lui et il semble que les voyageurs et les premiers colons aient été nombreux à se réfugier à la pointe Piché. En effet, on rapporte qu'Édouard avait bâti une grande annexe à sa maison. Comme on voyageait alors principalement en canot, le vent rendait souvent l'expédition périlleuse ou impraticable pour quelques jours. Avant de rallier Haileybury, de descendre la rivière des Outaouais ou de repérer son lot, on trouvait l'abri et la table mise chez les Piché.
On dit que des familles de colons y ont demeuré quelques semaines. Le temps que le mari défriche une parcelle et bâtisse sa cabane en rondins. Édouard Piché, qui connaissait le cadastre, aidait les colons à trouver leur lot et à identifier le meilleur emplacement pour le camp en bois rond.
Le premier sentier entre la Pointe‑à‑Piché et le village est aussi l'œuvre d'Édouard Piché. Le chemin de nos jours s'est beaucoup amélioré. Cependant, il suit encore le tracé original. Joseph Brien raconte que lorsque les provisions manquaient, chacun se dirigeait chez le père Piché. Il accueillait les colons comme ses enfants. Les filles Piché servaient à manger et on leur donnait des provisions pour trois semaines.
Édouard Piché était pour tous « le père Piché ». Il continua à vivre sur sa ferme jusqu'en 1901. Il vend alors son lot à Odilon Lemire et se retire à Ville‑Marie puis à Notre‑Dame‑du‑Nord, chez sa fille Annie, mariée à Adam Burnwash. C'est là qu'il s'éteint en 1903.