Vestiges de la présence autochtone de Lac-des-Seize-Îles

Un ancien territoire de la nation algonquienne

La région des bassins versants des rivières Petite Nation, Saumon, et de la rivière Rouge qui inclut le secteur de Lac-des-Seize-Îles, aurait été le territoire des Weskarinis de la nation algonquienne.

Extrait du récit des voyages de Champlain (1)

Samuel de Champlain (1574-1635) en fait mention deux fois lors de son voyage de 1613, alors qu’il remonte la rivière Outaouais et lorsqu’il en redescend:

« Ainsi nous nous séparâmes et continuant notre route en amont de ladite rivière, en trouvâmes une autre fort belle et spacieuse, qui vient d'une nation appelée Ouescharini (Weskarinis), lesquels se tiennent au nord de celle-ci et à 4 journées de l'entrée. Cette rivière est fort plaisante à cause des belles îles qu'elle contient et des terres garnies de beaux bois clairs qui la bordent, »

Extrait du récit des voyages de Champlain (2)

« Ainsi nous partîmes avec 4 canaux et passâmes par la rivière que nous avions laissée qui court au nord où nous mîmes pied à terre pour traverser des lacs. En chemin, nous rencontrâmes 9 grands canaux de Ouescharini avec 40 hommes forts et puissants, qui venaient aux nouvelles qu'ils avaient eues et d'autres que nous rencontrâmes aussi, qui faisaient ensemble 60 canaux et 20 autres qui étaient partis devant nous, ayant chacun assez de marchandises. »

Les voyages de la Nouvelle France occidentale, dicte Canada, faits par le SR de Champlain, Paris1632, p.188 et 206.

L’histoire ancienne de ce peuple nomade de chasseurs-cueilleurs s’écrit au fil des fouilles archéologiques qui sont effectuées dans la grande région des Laurentides. Chaque découverte est précieuse pour ces peuples de tradition orale qui peinent à transmettre leur culture aux jeunes générations à cause de la politique d’assimilation culturelle qui a suivi la colonisation.

Vase huron

Vase huron de 500AA (Avant Aujourd’hui) retrouvé par Jean-Louis Courteau et Jacques Lech lors d’une plongée dans le lac des Seize îles.

La découverte d’un vase huron dans le lac des Seize îles en 2013 a fait surgir des profondeurs une histoire encore inconnue dans ce secteur et suscité une grande curiosité. C’est un objet exceptionnel, car il a été conservé intact dans les eaux fraîches du lac pendant 500 ans. Les analyses de résidus lipidiques sur sa face interne ont confirmé qu’il s’agissait d’un contenant pour la cuisson de la sagamité, une bouillie de viande, de légumineuses, de gras animal et d’herbes.

Une poterie du Sylvicole supérieur ancien

Vase iroquoien du Saint-Laurent, retrouvé dans le lac des Seize Îles par Jean-Louis Courteau et Jacques Lech lors d’une plongée en 2014.

Un an plus tard, une deuxième poterie est exhumée du lit de sédiments par les mêmes plongeurs et non loin de la première poterie. Cette fois il s’agit d’un vase iroquoien du Saint-Laurent identifiable à son col, son parement et ses hachures décoratives. Celui-ci nous renvoie à plus de 700 ans et provient d’une nation qui pratiquait l’agriculture dans la vallée du Saint-Laurent.

L'hypothèse concernant de l’origine des deux vases

L’origine de ces deux vases pourrait suggérer une fréquentation du lac par des nations différentes à des époques distinctes, mais l’hypothèse privilégiée actuellement par les archéologues est celle de l’acquisition de ces poteries domestiques par des groupes locaux lors d’échanges commerciaux entre les Weskarinis, les Hurons et les Iroquoiens.

Ces artefacts sont aujourd’hui incorporés aux collections de l’État situées dans la réserve d’archéologie du Québec. On peut en observer les facsimilés au Centre d’interprétation des eaux laurentiennes (CIEL) de Lac-des-Seize-Îles.

En 2019, on effectua des fouilles sur l’île Cook, non loin de l’endroit où les vases ont été trouvés, à la recherche d’un contexte archéologique qui expliquerait leur présence. Jusqu’à maintenant, aucun prélèvement n’a révélé de campement ou d’habitation autochtone sur l’île.

Comme les traces recherchées se situent habituellement dans une couche peu profonde du sol, les perturbations liées au déboisement, aux aménagements et à l’érosion naturelle, diminuent malheureusement la probabilité de succès de telles investigations. Néanmoins, le lac demeure un site d’étude important et d’autres fouilles ne sont pas exclues.

Les Weskarinis

Paniers d’éclisses de frêne et de foin d’odeur. Collection provenant de la grand-mère d’un résident de Lac-des-Seize-Îles.
Source: CIEL


Les Weskarinis dont le nom signifie «petite nation» auraient connu un destin tragique au 17e siècle à la suite des conflits avec la nation iroquoise. Plusieurs ont déserté leur territoire pour intégrer d’autres groupes comme les Kichesipirinis ou les missions catholiques de la vallée du Saint-Laurent.

Après la Grande paix de 1701 des Algonquins ont repris les chemins de leur territoire ancestral, mais ils n’avaient plus la prédominance qu’is avaient sur la région.

Des relevés d’arpentage du 19e siècle qui annonçaient l’établissement des colons dans le secteur indiquaient la présence de plusieurs familles autochtones installées le long de rivières ou lacs du nord de Montréal.

Un résident de Lac-des-Seize-Îles se souvient qu’au début du 20e siècle des autochtones venaient sur le lac pour vendre des paniers et autres objets artisanaux aux vacanciers. La vannerie des Premières Nations est très prisée par les collectionneurs qui considère ces paniers davantage comme des œuvres d’art, que des pièces ethnographiques. Ce savoir-faire traditionnel est encore détenu par quelques Aînés et fait l’objet de valorisation culturelle pour en assurer la pérennité.

Extrait de
Histoire et patrimoine de Lac-des-Seize-Iles

Histoire et patrimoine de Lac-des-Seize-Iles image circuit

Présenté par : Municipalité de Lac-des-Seize-Îles
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