Dans le magnifique paysage qui s’ouvre devant vous se cache le cimetière Chapel Hill, l’un des vingt cimetières que l’on retrouve dispersés sur le territoire de Potton.
La plupart sont aujourd’hui abandonnés ou presque disparus. On les retrouve souvent implantés dans des coins discrets et champêtres du canton, parfois dissimulés au fond d’une prairie ou à l’orée d’un boisé. Ces cimetières égarés sont surtout ceux des Protestants qui avaient pour coutume d’inhumer leurs morts sur la propriété familiale ou près de petites églises situées dans des hameaux maintenant disparus. Les Catholiques, pour leur part, privilégiaient de plus grands lieux de sépultures, généralement situés dans l’enceinte bénie de l’église paroissiale.
Certains cimetières que vous croiserez en parcourant le canton n’exhibent plus que quelques stèles chancelantes usées par le temps, comme le cimetière de Province Hill, l’un des plus beaux du canton. Dans le cimetière Ruiter Settlement de Dunkin, le plus ancien de Potton, les pierres tombales évoquent l’histoire du hameau et des familles qui l’ont habité, comme les Ruiter, Elkins, Barnett ou Aikens. Et elles suscitent l’émotion, comme la pierre du petit Jacob Ruiter, 2 ans, mort de la varicelle en 1797. Comment ne pas ressentir la douleur de ses parents, Hendrick Ruiter et Catherine Friot, ou celle d’Arthur Herbert Ruiter qui enterra, un peu plus loin, son épouse Eva Courser, morte trop jeune à l’âge de 24 ans?
Le cimetière Chapel Hill, qui remonte à 1840, doit son nom à une petite chapelle qui se trouvait à proximité, la Union Meeting House. Érigée en 1844, cette chapelle, maintenant disparue, servait à la fois d’école, de lieu de culte et de rassemblement pour la Potton Female Benevolent Society, la première association féminine de bienfaisance au Canada. Fondée en 1826, cette association de femmes portait assistance aux familles indigentes, consolait les veuves, encourageait la scolarisation des enfants et soutenait la ferveur religieuse dans Potton.
Certaines de ces femmes vivaient à Meigs’ Corner, un hameau situé à plus d’un kilomètre au sud du cimetière Chapel Hill, le long de la route 243. Cette petite communauté de fermiers constituée de colons américains, tels que les Garland, Coit, Miltimore et Meigs, forma l’un des premiers hameaux du canton. On y retrouvait alors la première école de Potton, construite en 1809, ainsi qu’une distillerie.
Meigs’ Corner, comme les hameaux de Province Hill et Leadville, n’existe plus. Seul leurs cimetières nous sont restés, discrets vestiges de leur passage dans l’histoire de Potton.