Narration
C’est ici, au 64 rue Albert, à Scotstown, que le fameux hors-la-loi, Donald Morrison, s’est réfugié, à la fin du 19e siècle, lors de sa fuite des autorités qui l’ont pourchassé pendant une dizaine de mois.
Mais un hors-la-loi n’est pas forcément un dangereux bandit et l’histoire nous l’a prouvé à maintes reprises.
En effet, celui qu’on accuse d’incendie criminel et de meurtre a pourtant d’excellents motifs moraux pour agir comme il l’a fait.
Remontons le temps…
Quelques sons glauques de l’intérieur d’une prison de la fin du 19e siècle.
DONALD MORRISON
Je me nomme Donald Morrison et je suis ce qu’on appelle un hors-la-loi.
Vous savez, il y a beaucoup de choses que vous ignorez sur moi.
Je ne suis pas seulement un criminel recherché par les autorités, je suis aussi le fils d'immigrants écossais venus s'installer dans la région de Mégantic au Québec.
J'ai quitté ma famille à l'âge de 20 ans pour découvrir le monde et j'ai appris le métier de cowboy dans l'Ouest canadien et aux États-Unis.
L'argent que j'ai gagné, je l'ai envoyé à mon père pour l'aider à payer la ferme familiale.
Mais quand je suis revenu au Québec, j'ai découvert que notre propriété avait été hypothéquée et vendue à un officier militaire corrompu, Malcolm MacAulay.
Maudit soit-il.
J'ai engagé un avocat pour essayer de récupérer notre propriété, mais en vain.
Les nouveaux propriétaires nous ont expulsés et quand la grange a brûlé, ils ont immédiatement jeté le blâme sur moi.
Un mandat d'arrêt a été émis contre moi et une longue chasse à l'homme a commencé.
Musique rythmée.
Narration
Pour procéder à l’arrestation, on fait appel à l’Américain Jack Warren, constable spécial à la moralité douteuse et contrebandier de whisky.
Warren convoque Donald Morrison en duel.
Warren se vante qu’il pourra dépasser Morrison au tir, mais au moment du duel, il est blessé mortellement.
On poursuit alors Donald Morrison dans les forêts et habitations environnantes de Mégantic de juin 1888 à avril 1889.
À nouveau, quelques sons glauques de l’intérieur d’une prison.
DONALD MORRISON
Je me suis caché longtemps. Pendant dix mois!
Chez d’aimables sympathisants des communautés environnantes.
Les détectives venus spécialement de Montréal et de Québec m'ont souvent eu sous le nez, mais j'ai gardé mon sang-froid et ils n'ont jamais soupçonné ma présence.
C'est au terme de longs mois de recherche que le premier ministre du Québec de l'époque, l’honorable Honoré Mercier, intervient personnellement pour demander une trève entre les autorités policières et moi.
Les effectifs de la police laissent comprendre qu'ils acceptent.
Mais deux policiers se cacheront, jour et nuit, pour surveiller la maison où vit mon père.
Je suis tombé dans le piège.
On m'a blessé en me tirant dessus, pour ensuite procéder à mon arrestation à Marsden et j’ai ensuité été jugé à Sherbrooke.
On m'a condamné à 18 ans de travaux forcés pour homicide involontaire, même si j'ai agi en légitime défense lors du duel.
Maintenant je croupis en prison, privé de ma liberté, malade et sans appétit.
Voilà, vous savez maintenant pourquoi je suis célèbre.
Je suis peut-être un criminel aux yeux de la loi, mais j'ai toujours essayé d'agir avec honneur et dignité.
Peut-être que la vie m'a poussé à faire des choses que je regrette, mais j'ai toujours essayé de défendre ce qui était juste et de protéger ma famille et mes proches.
Musique triste.
Narration
Une pétition a été lancée en sa faveur et le ministre de la Justice a autorisé sa libération en juin 1894.
Malheureusement, il est déjà trop tard.
Seulement quatre heures après sa libération, il a rendu l'âme.
Donald Morrison est maintenant enterré au cimetière Gisla, près de Milan, au Québec.
Un musée en l’honneur de Donald Morrison, existe dans la ville voisine de Milan, lieu où le fameux hors la loi fut capturé.