Narrateur
Inauguration en 1968. Peut-être pour nous faire oublier la disparition du moulin des Price et nous inviter à participer à un nouvel élan industriel qui allait changer le visage de Matane, et conscient que le vieil Hôtel de Ville ne pouvait accueillir sous son toit les nouveaux fonctionnaires imposés aux organisations municipales…
…sur les terrains autrefois occupée par le moulin à bois, on vit s’élever ce nouvel hôtel de ville moderne qui pourrait jouer son rôle en accueillant ses citoyens.
Regardez les murs : on distingue très bien les formes qui ont permis de mouler le béton dont est fait l’édifice. Depuis les années soixante, nous remarquons ce souci constant de construire à l’épreuve du feu tous les édifices publics.
Les grands succès artistiques sont ceux que l’on n’est pas tenu d’expliquer et qui parlent par eux-mêmes. Les Matanais étaient fiers de leur nouvel hôtel de ville qu’ils adoptèrent rapidement. – La salle du conseil fut même occupée, pendant le jour, par les vieux joueurs de cartes du quartier qui y rencontraient des amis de l’époque du travail au Moulin des Price.
Un seul événement toutefois : l’utilisation du ciment moulé. Lorsqu’ils faisaient des formes pour couler du béton, nos anciens veillaient soigneusement à ce que la surface soit lisse, et ils trouvaient tout de même exagéré qu’on n’ait pas pris soin, pour couvrir des «défauts», de camoufler les marques laissées sur le bois par la machinerie, ou de souligner les failles imprimées dans les murs.
Chaque période a ses idées et ses goûts – le Cegep de Matane avait d’abord innové en ce sens. Du moteur économique que fut le Moulin Price, il nous resta le moteur à vapeur qui mettait toute l’usine en mouvement : scieries, couteaux de rabotage, machines-outils, etc…