Regardez bien au sommet du côté sud de ce bâtiment. Vous y verrez en lettrage originel le nom de l’une des anciennes compagnies manufacturières d’orgue, La Compagnie d’Orgues Canadiennes Ltée, qui s’est établie à Saint-Hyacinthe en 1910.
Pour ceux et celles qui l’ignorent peut-être, cet ancien secteur industriel de la ville comporte une singularité remarquable : la présence de nombreuses manufactures d’orgues. Ce savoir-faire unique est développé au début du XIXe siècle par un forgeron de la région, Joseph Casavant, qui, après avoir eu un contrat pour réparer un orgue, décide de se lancer dans la fabrication de cet instrument.
Le nom de Casavant vous rappelle sans doute quelque chose puisque l’entreprise est toujours en activité sur la rue Girouard Est à un emplacement adjacent au Séminaire. Au fil des années, le facteur d’orgues Casavant Frères formera plusieurs employés à l’art de la fabrication de ces majestueux instruments de musique.
Certains de ces employés vont alors vouloir tenter leur chance en démarrant eux-mêmes leur propre entreprise de confection d’orgues. C’est de cette manière que Ludger Madore, un ancien ouvrier de chez Casavant, décide d’installer sa propre manufacture en 1910 à l’emplacement où vous vous trouvez. Durant 23 ans, l’entreprise maskoutaine emploie une cinquantaine d’ouvriers qui s’affairent à réaliser les multiples étapes de fabrication d'un orgue, comme tailler le bois et forger les tuyaux de métal qu’on assemble ensuite.
Les orgues, qui peuvent parfois atteindre la hauteur d’une petite maison, sont surtout recherchées lors de la construction de nouvelles églises. Cette réalité entraine les facteurs d’orgues à ouvrir leur marché, notamment à des pays extérieurs du Canada. Ainsi, si vous passez à l’église de la Décollation de Saint-Jean-Baptiste à L’Isle-Verte ou à l’église St-John the Baptist au Rhode Island, vous pourrez admirer le travail des ouvriers de la Compagnie des Orgues Canadiennes.