Ne vous méprenez pas, vous êtes bien au bon endroit. Devant vous, sur ce qui est aujourd’hui le stationnement des Jardins de la Gare se trouvait le site d’une succursale de l’Empire Clothing Company qui a œuvré dans le quartier Bourg-Joli pendant 33 ans, de 1926 à 1959. Cette entreprise montréalaise, toujours en activité aujourd’hui, se spécialise dans la confection de vêtements de qualité supérieure pour une clientèle masculine. On y fabrique des vestons, des chemises, des cravates et des complets. La compagnie s’installe à Saint-Hyacinthe grâce à une commutation de taxe foncière sur dix ans. Les dirigeants choisiront de s’établir dans un immeuble situé au bout de la rue Laframboise où l’on retrouvait auparavant une ancienne usine de meubles.
Au cours de son existence, l’Empire Clothing emploiera, bon an mal an, 200 travailleurs maskoutains. Comme c’est souvent le cas dans ce type d’industrie à cette époque, les salaires sont plutôt précaires, ce qui peut parfois engendrer de la criminalité. Cet état de fait est bien connu des employés et des employeurs de l’Empire Clothing.
En effet, à peine une année après l’ouverture de la succursale, le journal Le Courrier rapporte de multiples cas d’intimidation et de règlement de compte qui se déroulent à la manufacture. En 1926, des ouvriers montréalais viennent à Saint-Hyacinthe afin d’attaquer des employés de l’Empire Clothing. Selon le journal, des Montréalais auraient été mécontents de voir l’entreprise quitter la métropole les privant ainsi d’emplois précieux.
En 1946, le gardien de nuit de la manufacture profite de la pénombre pour s’introduire dans le bureau des patrons et dérobe 90$. Pour sa défense, l’homme invente tout un scénario : des voleurs se seraient introduits dans le bureau et lui auraient asséné un coup au visage avant de prendre l’argent et de s’enfuir par la fenêtre. La police finira par découvrir le pot aux roses et le gardien sera arrêté.
Dix ans plus tard, en 1956, le patron de l’usine, Abraham Leibovitch, revient de la banque avec le salaire des employés. À sa sortie du tunnel Laframboise, un voleur le frappe et s’empare du sac qui contient près de 4 000$ en espèces. Heureusement, le malfaiteur est appréhendé quelques heures après son larcin et les ouvriers reçoivent leur salaire.
L’entreprise continuera à produire des vêtements jusqu’à la fin des années 1950 où elle décide de rapatrier sa production à Montréal.