La Fontaine Claire, lieu-dit

Une fontaine (1766) et une chapelle (1810)

Partie d'un plan de 1856 de la Seigneurie de Cacouna.
 
L'anse de la Fontaine Claire, à proximité de Gros-Cacouna, occupe un emplacement quasi central sur le premier rang en bordure du fleuve.  À cet endroit, vers 1766, des hommes qui tendaient des pêches sur la batture avaient élevé une fontaine sur une des sources coulant au bas du coteau : lorsque les bateaux accostaient pour embarquer les barils de poissons salés, l'équipage en profitait pour renouveler sa provision d'eau potable.
 
D'autres, installés à proximité, longeaient le rocher de la grève en bas de leurs terres et venaient régulièrement recueillir de l'eau à la fontaine, dans un va-et-vient incessant.  Ils adoptèrent le nom de « la Fontaine Claire », attribué par les pêcheurs, les chaloupiers et les navigateurs.
 
Ce n’est toutefois qu’avec la construction de la chapelle sur le coteau de sable, en 1810, que se forma le véritable noyau du village.  Artisans, marchands et notables se construisirent ensuite à l’ombre du clocher, près de la Fontaine Claire.
 
Source photo: Plan de D.G. Ballantyne, 1856, Archives nationales du Québec

Le havre de la Fontaine Claire

Goélette à l’échouage dans l’anse de la Fontaine Claire.
 
Dans le passé, l'anse de la Fontaine Claire servait de port naturel.  À marée basse, les battures, composées de cailloutis et de sable présentaient une bonne surface d'échouage et les goélettes à fond plat comme les charrettes lourdement chargées ne s'y enfonçaient pas. Ainsi les habitants pouvaient décharger et charger les cargaisons des bateaux bien avant qu'on y eut construit le quai, en 1891.
 
Pour avoir accès au port de la Fontaine Claire, une route publique, le Chemin de la Grève, fut ouverte en 1839.  La proximité du havre encouragea l'installation des pêcheurs, des charretiers, mais également des navigateurs et capitaines comme les duTremble, Desrosiers, Verret, Nadeau, Vaillancourt, Gauthier dit Larouche et Chartier.  Ces bateliers assuraient le transport des commandes des marchands de Cacouna comme de l'acheminement des produits locaux vers Québec.
 
Source photo: Ernest Mercier, coll. Lynda Dionne et Georges Pelletier
Illustration goélette à l’échouage : Lynda Dionne, 2011

La route du port et ses artisans

Maisons de la rue du Quai, identifiée Route de la plage.
 
Dans la seconde partie du 19e siècle, cette route, fourmillante d'activités, changea de nom pour celui de la route du Port.  Plusieurs artisans y ouvrirent leurs boutiques.  Outre les cordonniers, des menuisiers, des ébénistes, des forgerons, des boulangers, des modistes, des couturières et des tailleurs répondaient aux besoins des résidants comme des villégiateurs.
 
Source photo: Carte postale, E. Rivard Edit., Cacouna, P.Q., coll. Richard Michaud

Pique-niques

La baie de Cacouna ou anse de la Fontaine Claire, 1870.
 
Durant les grandes vacances, le havre de la Fontaine Claire était un lieu de prédilection pour les promenades et les pique-niques des touristes.  Ceux-ci pouvaient y observer l'arrivée des goélettes ou partir en excursion à bord d'un bateau vers les îles et la Côte-Nord. 
 
Source photo: Edward Jump, Canadian Illustrated News, 09-07-1870, p.28, gravure coloriée à la main, coll. de Mrs Hugh Welsford

Le quai de Cacouna, 1891

Goélettes près du quai, vers 1900.
 
Entre 1890 et 1920, pour aider au cabotage local, le gouvernement fédéral favorisa la construction de quais sur les rives du Saint-Laurent.  À Cacouna, la pointe de la Fontaine Claire fut choisie comme site idéal pour cette installation  En 1891 débutèrent les premiers travaux, sous la supervision de l'ingénieur Alfred Michaud.  Félix Chartier, menuisier de la Route du Port, dirigeait les travailleurs de Cacouna pour l'assemblage des structures de bois. 
 
Avec l'aide d'autres subventions obtenues par les élus de Cacouna, on rallongea l'ouvrage vers le large.  La construction du quai s'échelonna sur une dizaine d'années; entre temps, la Route du Port avait changé de nom pour devenir la Rue du Quai.
 
La plupart des goélettes que possédaient les gens de Cacouna (navigateurs et marchands) furent construites principalement dans Charlevoix.  À la Fontaine Claire, des constructeurs de vaisseaux en assemblèrent au moins trois : la Notre Dame de Bonsecours (1867), la Marie Victoria (1885) et la Marie Bertha (1887).
 
 
Source photo: Ernest Mercier, coll. Lynda Dionne et Georges Pelletier

Activités au quai

Le quai vu de l’anse de la Fontaine Claire, début 1900.
 
Le quai fut fréquenté surtout par des goélettes, des yachts et quelques rares bateaux à vapeur.  À chaque arrivée, sous le regard des curieux, des charretiers engagés par des commerçants et des agriculteurs s'y rendaient quérir des marchandises (farine, mélasse, sucre, biscuits, etc.) tandis que d'autres venaient porter des cargaisons (patates, bois, bardeaux, etc.).  Un gardien, nommé par le gouvernement fédéral, percevait les droits de quaiage ainsi que les frais de transbordement des marchandises. Chaque année, ce dernier devait veiller aux réparations et à l'entretien du quai.
 
Le temps et les éléments naturels détériorèrent peu à peu la structure de bois qui dut être remplacée en partie par du béton avec escalier et «bittes» d'amarrage.
 
Source photo: Carte postale, E. Rivard Edit., Cacouna, P.Q., coll. Yves Lebel

La fin du quai en 1986

Pêcheur sur le quai abandonné, années ‘70.
 
Le transport sur le fleuve déclina, le cabotage disparut et le quai, comme à bien d'autres endroits, fut peu à peu laissé à l'abandon : seuls les pêcheurs d'éperlans y coulèrent encore d'heureuses années après sa fermeture dans les années 1960.  Finalement, en mars 1986, il disparut sous le pic des démolisseurs et on le remplaça par un petit brise-lame de pierres; entre-temps, les activités portuaires s'étaient déplacées au Port de Gros-Cacouna.
 
Source photo: Yvan Roy

Une sculpture raconte

Panneau d’interprétation près de la sculpture, entre le Centre administratif de la Première Nation Malécite de Viger et le Parc Fontaine Claire.
 
D’une pierre de granit déposée sur les hautes terres du Cacouna préhistorique après la dernière glaciation, le sculpteur Gilles Lepage a fait émerger six figures symbolisant nos origines.
 
Annoncée à l’occasion de la 5e édition (13-14 août 2016) de «Deux Nations, Une Fête», événement regroupant le «Rassemblement de la Route des Sauvages» (Pow-Wow annuel de la PNMV) et le «Festival historique de Cacouna», l’oeuvre a été réalisée sur place dans les semaines qui ont suivi et inaugurée lors de la 6e édition, les 12-13 août 2017.
 
Kakou, le PORC-ÉPIC à l’origine du nom même de Cacouna, y est bien présent.
L’AIGLE (air), la TORTUE (terre d’origine) et le BÉLUGA (mammifère marin de nos côtes) y représentent les trois types d’habitats du vivant.
La FEUILLE D’ÉRABLE figure le monde végétal, essentiel à notre survie (nourriture, logement, chauffage).
Enfin, le SOLEIL / ROSE-DES-VENTS symbolise le feu et les quatre directions d’où sont venus tous ceux qui ont fréquenté et habité notre coin de terre.
 
À nous et aux générations futures, cette pierre rappellera:
- nos origines communes, quelque soit notre race ou notre langue;
- la richesse du partage des cultures;
- le respect de toute forme de vie;
- la gratitude envers tous ceux qui nous ont précédés;
- notre responsabilité de vivre en harmonie  avec cette nature que nous avons en partage.
 
Source photo: Yvan Roy

«Deux Nations, Une Fête», depuis 2012

Le drapeau de l’événement flotte sur la Fête depuis son jumelage en 2012, ici aux éditions 2015 et 2017.
 
Depuis la mi-août 2009, la Première Nation Malécite de Viger organisait, sur et près de la Réserve, un Pow-Wow annuel, appelé Rassemblement de la Route des Sauvages. En 2012, dans un objectif de valorisation de l’histoire et de la culture cacounoise et fort de la présence sur notre territoire de deux Nations et deux cultures représentant une richesse patrimoniale incontournable, un comité conjoint est formé. Son but : regrouper en un même événement le Pow-Wow annuel des Malécites et un festival historique local afin de promouvoir et partager les savoir-faire traditionnels de nos deux cultures.
 
Les 17, 18 et 19 août 2012, «Deux Nations, Une Fête» présentait sa première édition, au pied de la rue du Quai, avec d’un côté ses artistes, artisans et animateurs locaux regroupés au Parc Fontaine Claire et, de l’autre, le Pow-Wow autochtone et ses nombreuses démonstrations et formations et ses artisans de diverses provenances, rassemblés sur la Réserve et le terrain adjacent.
 
Depuis 2017, l’événement, en accès gratuit, se tient sur la grande pointe de l’ancien quai, prolongement de la Réserve, avec tipis, kiosques d’artistes et d’artisans et chapiteaux, dans un partage commun des savoir-faire des deux nations. Chants, danses, dégustations, démonstrations, formations, animations se succèdent sur les 2 après-midi de l’événement.
 
Source photo: Yvan Roy

Extrait de
Le Cacouna maritime et ses lieux-dits

Le Cacouna maritime et ses lieux-dits image circuit

Présenté par : Corporation de développement de Cacouna

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