En lisant les notes de cours préparées par André Vézina, ingénieur à l'I.T.A. de La Pocatière, on réalise que les brise-vent ont fait l’objet de plusieurs recherches et que leur usage est bien documenté, comme l’illustrent ces extraits des notes de monsieur Vézina.
Il définit le brise-vent comme « un obstacle que l'on place au travers du vent pour réduire sa vitesse. On distingue deux grands types de brise-vent: les brise-vent inertes communément appelés brise-vent artificiels, et les brise-vent vivants appelés aussi haies brise-vent ou brise-vent naturels. Les brise-vent inertes sont constitués de bois, de matière plastique ou d'autres matériaux synthétiques. […] Les haies brise-vent sont beaucoup plus répandues que les brise-vent artificiels. Les haies sont généralement plus durables, plus esthétiques et plus économiques. De plus, leur hauteur supérieure confère une protection sur une plus grande distance. Les végétaux qui constituent la haie vont toutefois prendre un certain temps avant d’offrir une protection et peuvent compétitionner [avec] les cultures pour la lumière, l’eau et les éléments nutritifs. »
Il ajoute que « La pratique de l'installation de haies brise-vent en agriculture est relativement récente au Québec si on exclut la région de Lanaudière, où un réseau de haies a été implanté durant les années 1940 afin de protéger les cultures de tabac. On a plutôt assisté au déboisement graduel des terres agricoles afin d'agrandir les surfaces cultivées et de faciliter le passage de machines plus imposantes […]. De 1987 à 1999, près de 7 000 km de haies brise-vent (soit plus de trois millions de végétaux ligneux) ont été implantés au Québec afin de protéger les sols, les cultures, les animaux, les bâtiments et les routes. »
Au sujet de leur potentiel d'utilisation, il mentionne qu’il « existe une littérature abondante qui témoigne des avantages des brise-vent en agriculture, que ce soit pour réduire l'érosion éolienne des sols, augmenter les rendements des cultures ou pour protéger les bâtiments, les animaux et les routes. »
« Globalement, les avantages des brise-vent l'emportent sur ses [sic] inconvénients et ils augmentent les rendements des cultures dans la plupart des régions du globe (Kort, 1988, Baldwin, 1988).
Les brise-vent peuvent diminuer les bris occasionnés aux bâtiments par les vents violents et les accumulations de neige. De plus, ils permettent de réduire de 10 % les coûts de chauffage des résidences et des serres (Heisler et De Walle, 1988). On les utilise également pour diminuer le stress et les besoins alimentaires des animaux d'élevage (Hintz, 1983). »
« Les brise-vent contribuent à augmenter la sécurité sur les routes en réduisant la poudrerie et les accumulations de neige. Au Québec, la plupart des routes orientées du nord au sud, qui sont exposées aux grands vents, bénéficieraient de la protection offerte par des brise-vent. On retrouve d’importants projets de haies brise-vent parrainés par le ministère des Transports du Québec en bordure de l’autoroute 20 entre Québec et Rivière-du-Loup.
Les haies brise-vent améliorent le cadre de vie des ruraux en réduisant le volume des poussières en suspension dans l'air et en atténuant les bruits en provenance des routes ou reliés à des pratiques agricoles (Wight, 1988). De plus, elles valorisent et embellissent le rang, la ferme et la campagne.
Au sujet de leurs inconvénients, il précise que « Les brise-vent peuvent augmenter les risques de gel dans la zone protégée, surtout par nuit claire et vent léger, en réduisant le brassage d'air qui favorise le réchauffement des températures près de la surface du sol (Jensen, 1964) ou en bloquant le drainage d'air froid dans les pentes … L'apport massifs d'insectes ravageurs créé par le brise-vent est indéniable ... Durant les années humides, les brise-vent peuvent augmenter l'incidence de maladies fongiques (Brandle et al, 1984) en réduisant la circulation de l'air. De plus, les brise-vent trop denses entrainent la création d'importantes congères dont l'eau de fonte peut causer l'érosion des sols et le lessivage d'azote (Labaznikov, 1982). »
Enfin, il conclut que « les haies brise-vent peuvent être très utiles en agriculture pour protéger les sols, les cultures, les animaux d'élevage et les bâtiments de ferme. On les implantera également pour réduire les problèmes de poudrerie ou d'accumulation de neige sur les routes et pour protéger les érablières et les pépinières. Les haies brise-vent peuvent contribuer à améliorer le cadre de vie des ruraux et elles peuvent s'avérer une source non négligeable de bois de qualité et de fruits. Pour être efficaces, les haies brise-vent devront être implantées de façon à respecter les critères de porosité, de hauteur, de longueur, de largeur et d'orientation qui conviennent aux exigences de protection […]. Les arbres et arbustes seront choisis en fonction de leur adaptabilité au site et leur agencement permettra d'obtenir les densités hivernale et estivale requises. Trois rangées d'arbres et d'arbustes est suffisant pour satisfaire la majorité des besoins de protection rencontrés au Québec. L'introduction de plus d'une espèce d'arbre et d'arbuste dans le brise-vent conférera une assurance de protection en cas de problèmes d'insectes ou de maladies.
Le succès de l'établissement d'une haie brise-vent est lié à une bonne planification ainsi qu'à une préparation de sol et un entretien adéquats. La répression des mauvaises herbes, opération clée de l'entretien, doit s'effectuer durant au moins les trois premières années suivant la plantation. La haie sera taillée afin d'obtenir du bois d'œuvre de qualité, pour lui donner la densité voulue ou simplement pour limiter son développement en largeur. »
Source texte : André Vézina, ing. for. M.Sc., Les haies brise-vent, I.T.A., La Pocatière, janvier 2000, 28 pages.
Source image : Caroline Bolieu, 2015.