Quiconque, au sortir de la télécabine du mont Tremblant, aperçoit pour la première fois sur le tableau des pistes le nom de Kandahar peut s’en étonner. Quel lien y a-t-il entre une station de ski du Québec et la tristement célèbre ville d’Afghanistan?
Les skieurs québécois de la fin des années 1930 ne se posaient pas la question : à l’époque, le nom de Kandahar évoquait une prestigieuse course de ski qui se tenait chaque année depuis 1932 sur les flancs du mont Tremblant. Une véritable épreuve de force, à l’époque, car les participants devaient d’abord escalader la montagne à skis – les plus chanceux avaient des peaux de phoque sur la semelle – avant de descendre à tombeau ouvert dans une piste étroite et sinueuse jonchée d’obstacles. (Ce n’est qu’en février 1939 qu’un télésiège sera installé au mont Tremblant.) Le nom lui-même venait de Lord Roberts of Kandahar, militaire britannique qui avait été anobli en 1882 à la suite d’une victoire remportée pendant un conflit entre l’Angleterre et l’Afghanistan. En 1911, le chef de guerre avait donné un trophée portant son nom pour récompenser une épreuve de ski de descente qui s’était tenue pour la première fois à Montana, en Suisse. Puis, en 1924, l’Anglais Arnold Lunn crée le Kandahar Ski Club of Great Britain, qui deviendra l’un des clubs de ski de compétition les plus renommés du monde. C’est ce club qui fera don d’un trophée à la Canadian Amateur Ski Association (CASA) pour qu’elle organise à son tour un combiné alpin, c’est-à-dire une épreuve de descente et un slalom. Membre influent de la CASA, Hermann Smith Johannsen, dit Jackrabbit, choisit le mont Tremblant comme site de l’épreuve.
© Danielle Soucy.
Source documentaire : Danielle SOUCY, Des traces dans la neige : cent ans de ski au Québec, Éditions La Presse (2009), Éditions du Peuplier (2015).
Kandahar, le mont Tremblant et le s