Église Saint-Alphonse
34, rue Notre-Dame Ouest
La découverte de l’amiante en 1876 conduit à la formation d’un premier noyau urbain sur le site du futur village de Kingsville. Quelques années plus tard, les autorités religieuses autorisent la création de la mission Saint-Alphonse qui sera desservie par l’abbé Joseph-Alphonse D’Auteuil. D’ailleurs, dès la fin des années 1870, ce dernier venait régulièrement visiter les premières familles catholiques installées dans le canton de Thetford. Ce ne sera toutefois qu’en 1896 que sera officiellement érigée la paroisse Saint-Alphonse de Thetford, nommée ainsi en l’honneur de son curé fondateur.
Au cours des premières années d’existence de la mission Saint-Alphonse, les offices religieux étaient alors célébrés une fois par mois dans la maison privée de monsieur Napoléon Métivier. Toutefois, avec l’augmentation de la population, la construction d’un lieu de culte plus grand et plus confortable s’impose. C’est en 1885 qu’une véritable chapelle est donc construite, au coût de 1800 $, à l’endroit où se trouve actuellement le presbytère. L’inauguration a lieu le 18 octobre et elle est dédiée à St-Alphonse-de-Liguori.
Quelques années plus tard, soit en 1897, est constitué un corps de marguilliers dont le premier acte officiel est la signature d’un contrat relatif à la construction d’une véritable église, plus vaste et mieux adaptée aux besoins de la population grandissante. Érigée la même année selon les plans de l’architecte David Ouellet de Québec et approuvé par Mgr C.A. Marois, vicaire-général, c’est à l’entrepreneur Joseph Saint-Hilaire de St-Romuald qu’est confiée la construction, au coût de 27 500 $, incluant le système de chauffage. L’inauguration et la bénédiction de ce nouveau temple ont lieu le 6 janvier 1899. Malheureusement, cette nouvelle église est complètement détruite par le feu 7 ans plus tard, soit le 19 février 1906.
La construction d’une autre église s’impose donc à nouveau, et les autorités religieuses donnent rapidement le feu vert pour l’érection d’un nouvel édifice, au même endroit que le précédent. La nouvelle église St-Alphonse est donc construite en 1907 au coût de 107 000 $. Cette bâtisse en pierre de granit, de style néo-roman-baroque, est érigée selon les plans des architectes Joseph-Pierre Ouellet et Pierre Lévesque. Elle est inaugurée les 22 et 23 décembre 1908. Pour l’occasion, est béni le carillon de quatre cloches, ces dernières fondues par la Maison Paccard d’Annecy (France). Le nouvel orgue Casavant et Frères (Opus 342) est aussi inauguré au même moment lors d’un concert. C’est, encore de nos jours, la plus grande église du diocèse de Québec. Elle jouit d’une capacité de plus de 2000 places.
Les églises ont profondément marqué le paysage construit de nombreuse villes et villages du Québec. Ces édifices sont des repères dans le paysage culturel québécois et par son aspect monumental, l’église Saint-Alphonse ne fait pas exception. Elle présente un plan en croix dont les dimensions sont de 51,8 m de longueur sur 24,4 m en façade et 39 m au transept. Elle est coiffée d’un toit à deux versants droits recouvert de tôle à la canadienne. Les façades de l’église sont parsemées de fins détails, notamment des oculus, des fenêtres rectangulaires surmontées d’un arc plein cintre au deuxième étage et des baies géminées, c’est-à-dire des fenêtres identiques groupées par deux au niveau du troisième étage.
Sa façade principale propose une composition volumétrique en trois parties. Au centre de celle-ci se trouve la tour principale dont l’entrée est surmontée d’un fronton. Une série de trois fenêtres détaille la partie centrale. La base du clocher ouvragé se compose d’un autre fronton décoré et d’une demi-rose. Deux tours carrées surmontées de pignons bordent la façade. À l’origine, de grandioses statues dorées de Saint-Joseph et de Saint-Alphonse, œuvres du sculpteur Louis Jobin, se trouvaient au sommet des pinacles, au couronnement en forme de bulbe. De nos jours, la statue de Saint-Joseph, qui fait 4 mètres de haut, a été restaurée et subsiste à l'intérieur de l'église.
Enfin, on reconnaît le style néo-roman de l’église à ses arcs en berceau, sa voûte arrondie à caissons multiples et à son transept. L’ornementation intérieure s’inspire du baroque. En 1992, le bâtiment a fait l’objet d’importants travaux de restauration au coût de 300 000$. Depuis le début des années 2000, une exposition du patrimoine religieux de la région y est présentée au jubé. Elle est considérée comme l'une des plus importantes du genre au Québec.