Station des arts
262, rue Notre-Dame Ouest
À la fin des années 1870, l’arrivée du train marque le véritable point de départ du développement et de l’expansion économique de la région. C’est vers 1878 qu’aurait été construite la première gare du canton de Thetford, alors propriété de la compagnie de chemin de fer Quebec Central Railway.
De style vernaculaire américain, cette bâtisse est à deux étages avec un toit en pente douce sans lucarne. Elle est munie de fenêtres à guillotine et ses décorations extérieures sont en bois de style néo-classique. Sa façade principale est aménagée dans sa partie la plus étroite. Elle est probablement recouverte de bardeaux d’amiante en forme de losange aux pointes équarries depuis le début des années 1900. L’étage de la gare pourrait avoir servi de logis aux premiers chefs de gare comme c’était la coutume à l’époque.
Avant l’arrivée du train dans la région, les chemins d’accès sont de qualité médiocre. Les premiers chargements d’amiante qui sont extraits dans la région sont alors acheminés vers les marchés extérieurs par charrette hippomobile. Ce moyen de transport était long et limitait la quantité de minerai transportée. L’implantation d’une ligne de transport ferroviaire viendra considérablement modifier l’accès à la région. Kingsville est dès lors relié aux grands centres urbains tels que Montréal, Sherbrooke et Québec. La voie ferrée favorisera le développement rapide des petites localités qu’elle traversera et permettra l’accroissement de l’exploitation minière.
À l’époque de sa construction, la gare et ses alentours deviennent rapidement un endroit animé, un lieu d’accueil et de rencontre pour les gens du milieu et de l’extérieur, pour les travailleurs, seuls ou avec leur famille, ou qui viennent chercher un emploi dans les mines. C’est aussi à la gare que partent et arrivent les différents produits, le courrier et les colis postaux, les messages télégraphiques et les voyageurs.
Cette première gare demeure en fonction jusqu’en 1908. Devenue trop petite, elle est vendue à la Bell Asbestos Mines Ltd, qui la déplace du côté opposé de la rue Notre-Dame Sud. Pour le déménagement, la station est déposée sur d’énormes billes de bois, puis tirée par une locomotive de la compagnie. La première gare entreprend alors une nouvelle vocation en étant prêtée pour servir de local de réunion pour les fidèles de l’Église méthodiste jusque dans les années 1920. C’est à partir de ces « meetings » que les francophones de l’époque l’ont appelée « la mitaine ».
Par la suite, l’édifice est utilisé comme hangar par la compagnie pour le remisage de diverses marchandises. Puis, la vieille gare est laissée à elle-même, résistant aux assauts des dynamitages miniers et aux intempéries. L’expansion minière, qui provoque le déménagement de la voie ferrée, de la rue Notre-Dame Sud et du quartier Saint-Maurice dans les années 1950, entraîne l’isolement et l’abandon de la gare au milieu du stationnement de la mine Bell Asbestos Mines Ltd.
À la fin des années 1990, l’affaissement par blocs, pratiqué par la compagnie minière, provoque un fléchissement du terrain en surface et accentue le risque d’effondrement de la gare si elle n’est pas déplacée. L’état général du bâtiment est déjà passablement détérioré et si aucune action n’est entreprise, sa destruction est prévue à brève échéance. Le Conseil municipal de Thetford Mines décide donc d’intervenir et de faire l’acquisition de ce bâtiment patrimonial au début des années 2000. Déménagée au centre-ville sur de nouvelles fondations, cette ancienne gare est restaurée et rebaptisée « Station des arts ». Ce nom reflète bien l’utilisation originelle du bâtiment. Sa nouvelle mission est désormais à vocation culturelle, soit la promotion, la diffusion et la mise en valeur des arts, de la culture et du patrimoine de la région.