L’aluminium joue un rôle de premier plan durant la Seconde Guerre mondiale, étant essentiel à la fabrication des avions. Au centre des hostilités et craignant les bombardements aériens, l’Angleterre se tourne vers le Canada pour la production de l’aluminium. L’aluminerie d’Arvida, âgée d’un peu plus de dix ans, devient un centre de production de guerre.
Pour répondre à la forte demande, l’Aluminum Company of Canada (Alcan) se voit dans l’obligation d’agrandir et de construire. Le grand besoin d’électricité nécessaire à la fabrication de l’aluminium cause la reprise du projet de la centrale hydroélectrique de Shipshaw, interrompu durant la crise économique. Une moyenne de 3900 hommes y travaille chaque jour en deux quarts de dix heures. Considéré comme l’un des plus grands aménagements hydroélectriques du monde, le projet de Shipshaw est terminé en seulement 18 mois, ce qui constitue une prouesse. Parallèlement, 19 nouvelles salles de cuves sont construites à Arvida en plus des diverses installations nécessaires pour l’alumine, le carbone, le spath fluor, le transport, etc. L’aluminerie d’Arvida devient le plus grand complexe d’aluminium du monde.
Entre 80 et 90 % de l’aluminium du Commonwealth est produit à Arvida durant la guerre. Craignant de possibles sabotages, la compagnie prend des mesures afin de veiller à la protection de ses installations. Une force d’une trentaine de gardiens est constituée, puis le gouvernement envoie une compagnie de la Garde territoriale, les Veterans Guards of Canada (VGC). Lieu stratégique pour la production de l’aluminium, le Saguenay est désigné comme un point vulnérable nécessitant une plus grande protection. En juin 1941, la 14e Batterie d'artillerie antiaérienne arrive dans la région avec quatre canons, ce qui représente à l’époque la moitié de toute l'artillerie lourde antiaérienne du Canada. Deux sont installés près de la centrale hydroélectrique d’Isle-Maligne et deux autres près de l’usine d’Arvida.
Progressivement, la région est dotée d’une plus grande protection avec l’ajout de militaires, de mitrailleuses et de canons légers à tir rapide. Parallèlement, l’aéroport militaire de Bagotville est construit afin d’assurer une défense aérienne régionale. Le sommet de la protection est atteint au milieu de 1943, où les nombreux artilleurs du 24e Régiment d’infanterie disposent de 10 canons lourds et de 22 canons légers déployés à des lieux stratégiques pour protéger les installations de l’Aluminum Company of Canada (Alcan).
La fin de juillet 1944 marque le retrait des canons ainsi que de la plupart des militaires ayant assuré la protection d’Arvida. D’autres soldats sont quant à eux retirés en décembre. Un mois plus tard, l’aéroport de Bagotville est fermé. La guerre aura modifié le paysage d’Arvida avec l’agrandissement de l’aluminerie, la construction de plusieurs centaines de maisons ainsi que divers autres bâtiments, notamment le Saguenay Inn et le Brittany Row.