« Révérende Mère Marie-Dominique, Supérieure de la Maison Saint-Joseph,
Bonne et Vénérable Mère,
Quelle langue humaine pourrait chanter dignement le respect, l'affection et la reconnaissance qui vous sont dus pour tous les bienfaits dont vous avez comblé notre paroisse!
Dans un geste magnifique de la plus profonde gratitude, la Baie-Saint-Paul tient à vous exprimer ses plus vifs remerciements, son plus profond respect, et elle m'a prié d'être la voix de son cœur et de vous parler en son nom.
J'ai accepté avec joie : j'ai cru même que je le devais en justice à Vous et votre auguste Maison. Mon père de vénérée mémoire, à votre première arrivée, vous ouvrait lui-même en 1891 les portes de cette paroisse, et tous savent que mon cœur, à moi, habite en cette Institution.
En effet, j'étais avec vous aux premières heures de votre existence religieuse, œuvre que je pourrais dire divine, tant elle est sublime! Et, après trente et un ans de travail assidu et de charité, mon âme vous est restée, et d'autant plus attachée, qu'elle doit retenir un dévouement qu'elle aimerait exercer, un amour paternel qu'elle voudrait satisfaire.
Votre maison est pour moi une seconde patrie, et le cœur du vieillard qui en est désormais proscrit souffrira toujours de son triste et lamentable exil.
Vénérable Sœur, quelles sont belles vos œuvres, qu'il fut grand et sublime votre dévouement! Qu’ils sont nombreux vos bienfaits ! Avec vos compagnes, Sr M.-Anne-de-Jésus, Sr M.-Alexis, Sr M.-Égide d'Assise, Sr. M.-Frédéric, vous fûtes, vous êtes, et vous resterez la pierre angulaire de ce religieux édifice qui a nom : les Petites Franciscaines de Marie.
À votre arrivée, le vénérable Ambroise Fafard, votre digne Fondateur, vous reçut avec son âme magnanime et son large cœur; il vous conduisit à l'humble bâtiment qu'il avait disposé pour vous, il vous confia ses pauvres, ses orphelins, et ses malades.
Vous avez connu alors la rude période d'établissement. Tel un colon généreux qui, pour rompre la glèbe, déploie toute son énergie, sort tous ses muscles, fécondant ainsi de ses sueurs et de son sang le sol vierge qui deviendra fertile, ainsi, et plus encore, Vénérable Sœur, vous avez donné à votre famille tout votre cœur et toute votre âme.
C'est dans la prière et le sacrifice que vous avez fondé cette œuvre admirable, et c'est dans la prière et le sacrifice que vous l'avez cultivée. Qui pourrait décrire l'extrême indigence des premiers jours? Le verre d'eau même que vous versiez au pauvre au nom de Jésus Crucifié, vous l'aviez quêté au même nom de Jésus; le morceau de pain que vous offriez au vieillard et à l'orphelin, vous l'aviez demandé au nom de Dieu de charité. Pendant près de trente ans, vous fûtes la Mère de tous et de toutes, donnant votre vie dans un inlassable dévouement. Avec vos illustres Compagnes, vous avez créé l'édifice tout entier; aujourd'hui il s'épanouit aux yeux de notre population, de notre paroisse et de notre pays dans tout important développement et sa majestueuse splendeur. Vous le léguez maintenant aux nobles filles que vous avez vous-même si habilement élevées et dirigées. C'est un blé mûr, c'est une moisson prête à cueillir.
Il me semble, vénérable Sœur, voir le Ciel s'ouvrir et m'appeler à entendre la lecture éloquente des actes de votre Communauté tels qu'ils sont inscrits au Livre d'Or par l'Agneau de Dieu lui-même. Votre auguste Fondateur assiste le bon Père Saint-François qui ouvre cette page du livre éternel. Ensemble ils chantent la louange de la divine Charité, ils célèbrent le dévouement de ces filles généreuses qui se sont données à Dieu et à ces pauvres, ils chantent les prières et les sacrifices, les larmes et le sang de ces Mères magnanimes qui baissent et caressent le monstre et l'orphelin, qui consolent l'affligé et pansent la plaie la plus infecte.
Filles de Saint-François, filles de Jésus Crucifié, tous vos soupirs mêmes sont marqués dans ce grand livre de la vie. Le livre de vos gloires. La gloire de votre maison est votre gloire! Telle est votre œuvre.
Vénérable Sœur, quel touchant souvenir pour moi qui, si longtemps et si près, fus associé à vos œuvres! Qu’il était doux d'être jour et nuit le témoin de votre zèle inlassable, de votre inlassable dévouement! Avec quelles délices je goûtais vos paroles pleines de mansuétude et de suavité et je suivais le fil de vos innombrables bienfaits!
Oui, votre Maison est un château de prières et de sacrifices, un palais de dévouement, d'amour, de bienfaits pour le pauvre et l'orphelin. C'est la gloire de la Baie-Saint-Paul, c'est la fierté, Vénérable Mère, il est juste, il est nécessaire de vous le dire et le souvenir que nous vous offrons matérialisé sous la forme de la statue de saint François que vous avez devant vous en restera témoin. Pour vos bienfaits, pour votre immense charité, au nom de la Baie-Saint-Paul,
Merci du plus profond de nos cœurs! »
Source : annales des Petites Franciscaines de Marie