Papi : Vous vous souvenez les enfants que je vous ai dit qu’après la guerre entre l’Angleterre et la France en 1632 il y a eu une colonisation importante de la Nouvelle-France et tout particulièrement ici à Château-Richer?
Delphine : Pourquoi Château-Richer Papi,la vie y était-elle plus belle ?
Papi : Dans un certain sens, oui, Delphine. Premièrement, il y avait la richesse des terres propices à la culture. Château-Richer était considéré comme ayant les terres les plus riches des environs. Ensuite, on y trouve de nombreux ruisseaux et rivières pour irriguer la terre et y construire des moulins. Mais la raison principale est que les berges de Château-Richer sont en vue directe avec Québec ce qui rend cet endroit important à des fins défensives.
Delphine : Ah, je comprends, si un ennemi arrivait par le Fleuve, les habitants pouvaient le signaler à la ville de Québec pour les prévenir et peut-être recevoir de l’aide ?
Papi : C’est bien ça, Delphine, bravo.
Papi : La colonisation du territoire de la Nouvelle-France se fait par l’octroi de Seigneuries. La première Seigneurie octroyée est celle de Beauport en 1634 à un certain Robert Giffard, apothicaire et maître-chirurgien.
Guillaume : Mais Papi, il y a un hôpital Robert Giffard à Québec.
Papi : Mais oui Guillaume, cet hôpital a été nommé ainsi en l’honneur de ce premier Seigneur de Beauport.
Papi : Pour ce qui est de l’Île d’Orléans, c’est un certain Jacques Castillon qui reçoit la seigneurie de l’Île en 1636. Pour la Seigneurie de Beaupré qui nous concerne directement, c’est Sieur Antoine Cheffault de la Renardière, un avocat au Parlement de Paris qui reçoit cet octroi aussi en 1636.
Guillaume : Papi, tu nous as parlé de seigneuries et de seigneurs, mais pour notre seigneurie de Beaupré, quelles sont les limites du territoire ?
Papi : Et bien la seigneurie est limitée à l’ouest par la seigneurie de Beauport. La frontière entre les deux est le Sault Montmorency. La Seigneurie s’étend vers l’est tout le long du fleuve jusqu’à la rivière du Gouffre qui traverse ce qui est aujourd’hui la ville de Baie-St-Paul. Le territoire s’étend en profondeur sur 6 lieues à partir des berges du fleuve.
Delphine : Papi, ça fait combien de mètres un lieue ?
Papi : D’abord, lieue est un nom féminin ; on devrait donc dire « une » lieue. À l’époque de l’établissement de notre Seigneurie, l’ancienne lieue de Paris faisait alors 10,000 pieds ou l’équivalent aujourd’hui, de 3 248 mètres. Notre seigneurie avait donc approximativement 19,5 km de profondeur.
Delphine : C’est vraiment un très grand territoire.
Papi : Tu as raison Delphine, mais j’aimerais revenir à notre Sieur de la Renardière. Il s’était associé en France avec sept autres personnes pour former la Compagnie de Beaupré. Ces hommes étaient peu enclins à venir se frotter aux moustiques, aux mouches noires et à la rudesse de la vie ici en Nouvelle-France. Les associés voulaient par contre faire fructifier leurs investissements. Pour ce faire, ils ont découpé la seigneurie en terres et concédé ces terres à des colons français. En retour, les colons s’engageaient à payer des redevances aux Seigneurs des lieux. Cette redevance se nomme le cens.
Delphine : C’était un bail avec un loyer à payer tous les mois?
Papi : En quelque sorte Delphine. Pour comprendre, il faut expliquer le fonctionnement du régime seigneurial qui s’inspire du système féodal. On verra ça un peu plus loin tu veux ?