Papi : J’aimerais vous parler des cimetières de Château-Richer, car nous approchons du 7805, avenue Royale et nous avons un cimetière sur notre gauche.
Papi : Le mot cimetière vient du bas latin cimiterium et du latin classique
coemeterium qui est un emprunt du grec Koimêtêrion qui signifie lieu pour dormir, dortoir. C’est donc une façon gentille de dire qu’à la mort, on nous emmène dans un lieu de repos pour y dormir.
Guillaume : Wow, tu connais le latin Papi ?
Papi : Un peu, quand j’étais jeune on apprenait le latin et le grec pour connaître les racines de notre langue. Souvent, dans un cimetière, on enterre à proximité tous les membres d’une famille, un peu comme dans un dortoir familial.
Papi : Dès la construction de la première église, un cimetière a été construit à l’extérieur, sur le côté nord-est. On retrouvait aussi un petit cimetière sur le côté sud-ouest de l’ancienne église. Avez-vous une idée pourquoi la fabrique aurait mis en place deux cimetières, un grand et un petit cimetière isolé du grand?
Guillaume : Pour enterrer les chiens ou les chats ?
Papi : Non, Guillaume, bel essai, mais ce n’est pas ça. Dans la pratique catholique de l’époque, les enfants qui n’avaient pas été baptisés ne pouvaient pas être enterrés dans le grand cimetière. On enterrait aussi dans le petit cimetière les inconnus dont on ne connaissait pas la religion, les suicidés, les non-pratiquants et les excommuniés.
Delphine : Papi, pourquoi les gens qui se suicidaient n’étaient pas enterrés avec tout le monde ?
Papi : Eh bien, Delphine, pour l’Église catholique, la vie est donnée par Dieu ainsi elle ne nous appartient pas. Aux yeux des croyants, on n’a donc pas le droit de s’enlever la vie. C’est à Dieu et à lui seul que revient ce droit. À l’époque, ceux qui se suicidaient n’avaient donc pas accès à une sépulture ecclésiastique au cimetière des justes, mais les choses ont changé aujourd’hui.
Papi : Revenons à nos moutons. On parlait bien du cimetière de l’église. Eh bien, avec la reconstruction de l’église en 1866, il a fallu déplacer les dépouilles de plusieurs sépultures qui bordaient les murs de l’ancienne église vers d’autres sites du cimetière. En 1888, l’espace disponible était devenu restreint et avant de manquer d’espace, il fallait trouver une solution de rechange.
(Cimetière de l’Avenue Royale)
Papi : La première solution était d’agrandir le cimetière près de l’église, mais la couche de terre dans certaines zones était insuffisante et il aurait fallu faire sauter à la dynamite une longue crête rocheuse. Malgré ces difficultés, les paroissiens étaient peu enclins à déplacer le cimetière ailleurs que sur le promontoire. Il aura fallu attendre jusqu’en 1919 pour que l’on se décide enfin à acheter un terrain de M. François-Xavier Laplante situé le long de l’avenue Royale où nous nous trouvons actuellement. Avec les années, l’espace a encore manqué dans ce nouveau cimetière. En 1965, un lot adjacent a été acheté par le conseil de fabrique. Des travaux ont été entrepris de 1972 à 1974 pour rendre le site conforme afin d’y enterrer des morts.
Papi : Petite histoire intéressante, les marguillers de l’époque tenaient mordicus à construire un « calvaire ». Vous savez ce qu’est un calvaire ?
Guillaume : Non papi
Delphine : J’entends souvent papa ou maman dire « C’était un calvaire » pour représenter une période ou un événement difficile qu’ils ont vécu.
Papi : Eh bien, tu verras qu’il y a un lien avec notre histoire ici. On trouve une colline près de Jérusalem qui se nomme le mont Calvaire où Jésus de Nazareth aurait été crucifié. On a donc repris le nom du lieu de la crucifixion « le mont calvaire » pour en faire une représentation de la crucifixion. C’est souvent un monument catholique que l’on retrouve dans un cimetière. Il représente la souffrance entourant la crucifixion. Tu vois, Delphine, que ce que tu as dit était juste. L’expression "vivre un calvaire" est synonyme de vivre une grande souffrance.
Papi : Alors, vous voyez cette croix, bien au centre du cimetière ? Eh bien, c’est le calvaire de Château-Richer.