Lors de la concession de la terre de cinq arpents concédée à Olivier Letardif, le 15 juillet 1652, le gouverneur de la Nouvelle-France, Jean de Lauson, en sa qualité de procureur de la compagnie de Beaupré, prend soin d'y réserver sur la devanture un arpent en carré situé à l'extrémité est, en prévision d'y ériger un moulin à farine à l'usage des habitants de la seigneurie de Beaupré. Peu après, le moulin est bâti en pierre sur la devanture de la terre de Letardif tout près du fleuve et de ce qui deviendra plus tard le Couvent des soeurs (Vieux Couvent aujourd'hui). Il est le premier moulin banal et seigneurial de la Côte-de-Beaupré et probablement le seul ayant été activé par la force éolienne.
La date de sa construction est imprécise mais on témoigne de son existence en 1657, dans des actes offrant une description des emplacements de Guillaume Thibault et Massé Gravelle. Ses premiers meuniers demeurent inconnus. Le premier bail établi entre le seigneur ou son procureur et un meunier toujours conservé, date du 10 mars 1668. Mgr de Laval accorde alors à David Estourneau un bail à ferme du moulin à vent et du moulin du Sault-à-la-Puce pour une durée de sept ans, à compter du 15 juillet 1668. Il occupait probablement ces fonctions dès 1667. Le meunier Estourneau décède en 1670 et est successivement remplacé par Gilles Maçon et Jacques Goullet, chacun pour une période de trois ans. Les autres baux sont inconnus. Par contre, on sait que Pierre Bessonet (1679) et Jean Jollin (1683) ont cumulé cette tâche.
On ignore à quel moment le moulin cesse ses activités. Sans doute la construction de nouveaux moulins plus modernes et productifs, soit le Moulin du Petit-Pré en 1695 et de Saint-Joachim en 1690, provoquent le ralentissement de sa production. En 1732, la tour du moulin sert de prison aux contrevenants du bailliage de Beaupré.
Source: Buteau, Lise (2005). « Château-Richer, Terre de nos ancêtres en Nouvelle-France », pages 210-211
UN PREMIER MOULIN À FARINE HYDRAULIQUE
Bâti sous l'égide de Mgr de Laval en 1661, le moulin à farine du Sault-à-la-Puce est situé sur la terre de Jean Cloutier et s'alimente à la rivière Sault-à-la-Puce. Il devient ainsi le deuxième moulin banal de la seigneurie de Beaupré. Ses premiers meuniers sont: David Estourneau (1667-1670, Gilles Maçon (1670-1673), Jacques Goullet (1673-1676), Guillaume Dumesnil (1678), Richard Dumesny (1679), Charles Pouliot (1682) et un nommé Larose (1690-1692).
Un premier incendie se déclare en 1703. Il faut donc restaurer le moulin. Puis d'autres meuniers prennent la relève: Joseph Fernando, Joseph Emond et Joseph Buteau (1708), Louis Déry et Noël Beausoleil (1721).
Un deuxième incendie a lieu en 1723. La restauration du moulin ne s'effectue qu'après 1726. Les meuniers François Lafortune (1733) et Guillaume Saint-Hilaire (1742) prennent les commandes du bâtiment nouvellement rénové.
En 1757, le meunier Joseph Cadet obtient la première location du moulin pour une période de neuf ans. Celui-ci tenait le moulin en vertu d'un bail à ferme depuis 1748. Le moulin subit un troisième incendie lors de la conquête. Les habitants de Château-Richer et de Sainte-Anne-de-Beaupré expriment au Séminaire leur désir de voir rétablir le moulin. Malgré leur requête, les matériaux réchappés du moulin sont sacrifiés au profit de la reconstruction de celui du Petit-Pré, détruit en pareilles circonstances. Les efforts n'auront pas été totalement vains puisque l'on parle de la reconstruction du moulin du Sault-à-la-Puce en 1809. Ce moulin n'est toutefois bâti que vers 1850 et plus en amont.
Source: Buteau, Lise (2005). « Château-Richer, Terre de nos ancêtres en Nouvelle-France », page 211
UN DEUXIÈME MOULIN À FARINE HYDRAULIQUE
Le deuxième moulin à farine est vraisemblablement construit sur la rive ouest de la rivière Sault-à-la-Puce, un peu plus haut que le premier moulin (1661) et tout près de la chute. Vraisemblablement construit vers 1850, le moulin appartient en 1857 à Richard Tremblay père.
Ce moulin à eau produit de la farine jusqu'au début du XXe siècle, moment où il change radicalement de vocation et se transforme en cartonnerie vers 1915, propriété de Samuel Tremblay. Celui-ci vend la cartonnerie à Alphonse Barry en 1920, mais continue d'exploiter le moulin avec Joseph Toupin. Le moulin fonctionne désormais sous le vocable de la Barry Fibre Co.
La Barry Fiber Co. fabrique à ses débuts, du carton à renfort à partir de guenilles et de rebuts. Par la suite, elle produit du carton à fibre destiné au Nouveau-Brunswick. Des gens du milieu sont appelés à travailler à la cartonnerie tels que les Gallien, Simard, Tremblay, Toupin, Gravel, Larouche, Picard, Bouchard, Racine, etc.
Quelques années avant sa fermeture définitive en 1938, le moulin est loué à Archibald Cauchon. En 1941, à la suite du décès du propriétaire, il est décidé de vendre la machinerie du moulin, importée d"Allemagne, les poutres et les pièces de bois et de métal. Ne reste du moulin aujourd'hui que ses fondations et ses murs de pierre camouflés par les feuillages et la végétation.
Source: Buteau, Lise (2005). « Château-Richer, Terre de nos ancêtres en Nouvelle-France », pages 211-212
LES MOULINS À CARDER ET À FOULER
%u200B%u200B%u200B%u200B%u200B%u200B%u200BAu XIXe siècle, les habitants de la Côte font l'élevage des moutons pour leur laine. Au début, ils cardent la laine à la main au moyen de cardes, peignes faits de deux planchettes recouvertes de tiges de fer et munis d'une poignée. En passant la laine plusieurs fois entre les planchettes, on forme des bandes d'environ un demi-pouce de diamètre qu'on roule pour ensuite les filer au rouet. Avec cette laine, les habitants confectionnent des vêtements chauds pour l'hiver "en étoffe du pays", des couvertures, des bas, des mitaines et des tricots de toutes sortes.
C'est au début du XIXe siècle qu'apparaissent les premiers moulins à carder et à fouler à Château-Richer, spécifiquement dans le secteur de Rivière-aux-Chiens. Les premiers servent à carder la laine, comme le nom l'indique, tandis qu'un moulin à fouler sert à épaissir les étoffes du pays.
Vers 1821, un premier moulin à fouler est construit à proximité du Sault-à-la-Puce par Joseph Thibault, donnant suite à l'autorisation du Séminaire du 30 août. Joseph Octave Côté obtient une autorisation semblable et il construit lui aussi un moulin à carder.
En tant que propriétaire du moulin du Petit-Pré, le Séminaire permet d'y annexer un moulin à carder en 1863. Ce moulin à carder ne sera pas reconstruit suite à l'incendie de 1877.
Source: Buteau, Lise (2005). « Château-Richer, Terre de nos ancêtres en Nouvelle-France », pages 216-217