LA PREMIÈRE CHAPELLE (1636)
Au début de la colonie, les immigrants français reçoivent les services religieux des prêtres Récollets. Avec le retour de Samuel de Champlain en 1632, débarquent quelques prêtres Jésuites qui se chargent de poursuivre la mission des Récollets en Nouvelle-France depuis déjà 1627. Ainsi ils désirent entretenir la foi chez leurs compatriotes français.
Sur la Côte-de-Braupré plus particulièrement, les desservants en route vers leur mission de Tadoussac s'arrêtent dans deux petites maisons appartenant à des colons et, pour les besoins, les transforment en un lieu de piété temporaire, le temps de dispenser les services religieux à la population de la Côte.
Mais la population augmente. Il faut bâtir une vraie chapelle. Vraisemblablement sous l'égide du père Gilles Nicolet, le premier desservant attitré à la Côte-de-Beaupré, en 1635, la dicision est prise d'ériger la chapelle tout juste au pied du cap de Château-Richer. Cette première chapelle représente le carrefour de la seigneurie nouvellement formée, le lieu de rencontre des habitants, l'endroit des rendez-vous et de discussions.
La chapelle est construite en bois, pièce sur pièce. Les missionnaires s'arrêtent donc deux fois à l'été. Chaque fois, c'est l'occasion de célébrer plusieurs baptêmes, mariages, confessions, communions, sépultures et offices religieux. Une semaine de foi religieuse intensive devait suffire à nourrir la spiritualité des colons jusqu'au prochain retour des missionnaires.
Le premier desservant est l'abbé Gilles Nicolet de 1635-1646. Il est né à Cherbourg en France. L'abbé Jean LeSueur de Saint-Sauveur lui succède pendant les années 1646-1650. Orriginaire de Normandie, il meurt à Quebec en novembre 1668.
Source: Buteau, Lise (2005). « Château-Richer, Terre de nos ancêtres en Nouvelle-France », page 72
LA PREMIÈRE ÉGLISE (1658)
Depuis le milieu du XVII siècle, Château-Richer ne cesse de prospérer. L'occupation territoriale progresse, les habitations se multiplient et la population augmente rapidement. La seule petite chapelle en bois au pied du cap ne suffit plus. L'abbé Georges LeVaillant, responsable de la mission de Beaupré, est certainement l'un des instigateurs du projet de construction d'une église à Château-Richer.
Bâtir l'église au haut du promontoire et non pas sur l'emplacement de la petite chapelle s'avère la solution équitable. On peut prétendre que la beauté du paysage, l'un des plus pittoresques de la Côte-de-Beaupré, a certainement influencé le choix du site de la future église.
Vers 1658, l'église, la première, est érigée sur la terre dominiale au haut du promontoire. Construite en maçonnerie, elle mesure 60 pieds en longueur et 30 pieds en largeur. Elle possède deux magnifiques clochers. La première église en pierre se trouvant en campagne française est dédiée à "Notre-Dame de la Bonne Nouvelle".
Un peu plus d'un an s'écoule avant que le premier évêque de Québec, Mgr de Laval, débarque en Nouvelle-France. Rapidement il entend célébrer les premières confirmations du pays en janvier 1660. Près de 600 personnes, des colons et des Amérindiens, sont alors confirmées.
Source: Buteau, Lise (2005). « Château-Richer, Terre de nos ancêtres en Nouvelle-France », pages 72-73
LA DEUXIÈME ÉGLISE (1865-1866)
En 1863, les francs-tenanciers de la paroisse de Château-Richer envisagent la construction d'une nouvelle église et d'une nouvelle sacristie, malgré la rallonge et la restauration effectuées en 1772 sur la première église, la déterioration rapide de l'église et du presbytère est vraisemblablement attribuable à un mauvais entretien des bâtiments et à une piètre qualité des matériaux.
Le curé Édouard Richard présente une requête le 13 avril 1863 à l'évêque Baillargeon, ex-curé de Château-Richer de 1827-1831. Dans sa lettre, le curé Richard précise: « Que l’Église de ladite paroisse est maintenant trop petite pour contenir la foule qui s’y rend les jours consacrés au culte, ce qui les gêne fort dans l’exercice de leurs devoirs religieux, et leur fait sentir vivement le pressant besoin d’en avoir une nouvelle, que d’ailleurs elle est dans un état de vétusté et dans de telles proportions, que vu l’exiguïté du terrain, il n’est plus possible de la réparer. Que pour les mêmes raisons, la sacristie attenante à ladite église ne peut non plus être conservée, soit que votre grandeur juge à propos que l’on construise la nouvelle église à la même place que l’ancienne ou que l’on en change l’emplacement».
Mgr Lecours donne suite à la requête signée par une majorité des francs-tenanciers et annonce la visite prochaine de Charles-Félix Cazeau, vicaire général. Ce dernier est mandaté pour inspecter les lieux et faire rapport aux autorités du Séminaire en vue de la réalisation de l'ambitieux projet. Le 26 mai 1863, Cazeau fait ses recommandations et suggère:
"Que ladite nouvelle église sera bâtie sur l'emplacement même de l'ancienne en renfermant celle-ci dans son enceinte, et qu'il en est de même de ladite nouvelle sacristie; que ladite nouvelle église soit construite en pierre, d'environ cent quatre pieds de longueur, soixante-dix pieds de largeur et vingt-huit pieds de hauteur ou auprès des tambours; que ladite nouvelle sacristie soit tout également bâtie en pierre, avec environ trente-six pieds de longueur, trente pieds de largeur et dix pieds de hauteur entre les deux planchers finis, qu'enfin lesdites dimensions seront prises en dedans et à mesure anglaise."
Le décret canonique autoridant la réalisation du projet est proclamé le 13 juin 1863. Le 11 septembre 1864, on autorise les marguilliers et la fabrique à recevoir des soumissions pour la démolition de la vieille église et de sa sacristie, prévue pour le printemps 1865.
En avril 1866, on parle dejà d'agrandir l'église en vue des besoins grandissants. Une résolution du 29 avril 1866 prévoit la rallonge de l'église de 16 pieds et 3 pouces et autorise les marguilliers à contracter tout emprunt à cette fin.
Pour la réalisation des plans et devis de la nouvelle église, l'architecte choisi est nul autre que le réputé François-Xavier Berlinguet. La construction est également réalisée sous la direction dans le cours de 10 années et en deux entreprises.
La première pierre est posée et bénite le 21 juin 1866 par l'évêque de Thoa, administrateur apostolique du diocèse de Québec. Messire Elzéar Alexandre Taschereau, vicaire général et recteur de l'Université Laval assiste également à l'événement.
La bénédiction de la deuxième église aura lieu le 15 novembre 1866. Les années suivant la construction de l'Église sont employées à meubler, parachever et embellir son intérieur, de style classique français avec ses colonnes iconiques. Les soeurs du Bon Pasteur ont peint les toiles de la voûte du coeur et de la nef centrale jusqu'à l'orgue situé au deuxième jubé. Ces oeuvres sont ornées de moulures de bois doré.
En août 1889, le Conseil de fabrique est forcé de constater l'état lamentable du clocher et du portail de l'église qui seront réparés en 1892.
Lors de l'assemblée du 19 février 1893, le curé Gingras obtient alors l'autorisation des paroissiens d'agrandir la sacristie. Il érigera une chapelle des confessionnaux et des vestiaires en frêne et noyer noir, des bergères et un autel à disposer dans la nouvelle chapelle.
Source: Buteau, Lise (2005). « Château-Richer, Terre de nos ancêtres en Nouvelle-France », pages 86-89