La pratique de la pêche et de la chasse permet aux habitants de survivre et de varier leurs menus quotidiens. Les terres bornées au fleuve Saint-Laurent, alors pur et regorgeant d'une bonne variété de poissons, privilégient les habitants de la Côte-de-Beaupré. On y pêche principalement de l'anguille, de l'esturgeon, du bar, de l'éperlan, du poulamon et du saumon de l'Atlantique. En 1692, Frontenac affirme que la pêche sur la Côte-de-Beaupré est "la manne de l'habitant". Outre le fleuve, les pêcheurs vont taquiner la truite dans les ruisseaux et les rivières, nombreuses sur le territoire.
Entre autres techniques de pêche, il arrive à l'habitant de capturer son poisson dans des "pêches" si bien illustrées par le peintre Thomas Davies en 1787. Il s'agit d'une installation formant un parc en forme de fer à cheval.
La pêche est une activité saisonnière du printemps et de l'automne. La plus spectaculaire, sur la Côte-de-Beaupré et à Château-Richer, est la pêche de l'anguille. Au milieu du XIXe siècle, on peut dénombrer plus de 130 pêches à l'anguilles réparties sur la Côte et sur l'île d'Orléans. Par contre, avec tous les bouleversements causés par la construction d'une voie ferré puis d'un boulevard, elles n'existent pratiquement plus depuis les années 50. Par ailleurs, avant l'adoption d'un mode de gestion des matières résiduelles et le traitement des eaux usées, les vidanges étaient jetées au fleuve. Tout pour chasser les poissons...
L'abondance de quais et une industrie maritime vigoureuse au XIX siècle ont certainement favorisé la pratique de la pêche les pieds pendants au bout du quai ou dans un canot.
À des fins plus commerciales, on se rappelle des pêches de Léopold Laplante. Les amateurs d'éperlan se rendaient au hangar de M Laplante et pouvaient s'y procurer le nombre de livres d'éperlan qu'ils voulaient.
Benoît Davidson, aidé de son frère Adrien, résidant en haut de la côte de la Chapelle, ont aussi longtemps installé des pêches. À la nuit tombée, ces derniers partaient en chaloupe quérir le poisson dans les filets et les coffres installés dans le fleuve; anguille, bar rayé, esturgeon, loche, petite morue, etc. M. Davidson en faisait le commerce et avait aménagé le sous-sol de sa résidence en conséquence.
Adrien Davidson raconte dans un reportage télévisé portant sur le Festival Arts et Reflets: "À marée basse, fallait aller scéner ça. La nuit, on avait des surprises. Y'avait des rats musqués qui nous pinçaient. Des fois, y'avait des sangsues de mer. Faut prendre une allumette puis leur brûler le bout de la queue. Ça pouvait siffonner sur le poisson aussi."
D'autres se rappellent les esturgeons d'une grosseur impressionnante, pêchés par les Caseault. On parle de six pieds de longueur. Les gens se rendaient également à la maison des Caseault, située au pied de la côte de la Chapelle et aujourd'hui démolie, pour y acheter leurs anguilles, leurs éperlans ou leur esturgeon. L'un des derniers, voire le dernier, à pêcher l'esturgeon dans le fleuve est Omer Laplante.
Outre le fleuve, les rivières et les lacs, situés dans les concessions de Saint-Achillée, sont également prisés par les amateurs de pêche.
Au temps des hivers. des vrais gros hivers comme il ne s'en fait plus, le pont de glace gelait solide à Château-Richer. Lorsqu'il était sécuritaire de s'y aventurer, on pratiquait la pêche blanche. D'abord, on construisait une petite cabane de bois très rudimentaire, dans laquelle on façonnait un banc pour les pêcheurs. Une tranchée était ouverte et une rampe évitant d'y plonger était installée pour la protection des pêcheurs. L'appât idéal était sans contredit le morceau de foie. On y pêchait alors le poulamon.
Source: Buteau, Lise (2005). « Château-Richer, Terre de nos ancêtres en Nouvelle-France », pages 218-221