Paroisse St-Henri, La Morandière (Cloche.12)

Des ukrainiens au lac Castagnier

Saviez-vous que le lac Castagnier a été défriché et colonisé par des colons d'origine ukrainienne qui étaient déjà basés au Canada? L’histoire débute avec le personnage instigateur de ce grand projet : le père, Josaphat Jean.


Références : Sur les terres du Père Jean, documentaire réalisé par Sylvain Lebreux et les Productions du requin d’eau douce.

Photo : Le père Josaphat Jean et un groupe d’Ukrainiens devant le monastère du Rang VIII - Crédit : SHA – Fonds Yvon Lapalme – Lac Castagnier

Le père Jean

François-Joseph Victorien Jean, dit Josaphat, est né le 19 mars 1885 à Saint-Fabien, au Québec. Plus tard dans sa vie, il a déménagé en Ukraine où il est devenu un prêtre ukrainien Greco catholique. Constatant la grande misère et le taux de dangerosité du pays, il s’était attribué la mission de protéger le plus grand nombre d’Ukrainiens possible en adressant une demande au gouvernement pour établir 10 000 Ukrainiens au Québec.

Malgré ses efforts, cette mission n’a jamais aboutie. Afin de sauver son projet, il a dû se résoudre à recruter des Ukraino-Canadiens. C’est ainsi qu’est née la communauté de Sheptetski, en Abitibi, à 33 kilomètres de Barraute. Ce village était donc, principalement réservé aux immigrants ukrainiens présents au Canada. Le père Jean était le seul entrepreneur sur place et il est certain qu’avec les conditions difficiles que notre région apporte, c’était une entreprise des plus ardues.

En 1935, face à l'exode de sa population, François-Joseph Victorien Jean a abandonné sa mission pour retourner en Ukraine d'où il est revenu pour passer ses dernières années dans un monastère de Grinsby en Ontario. Il est  finalement décédé le 8 juin 1972. Ce fut tout un deuil pour les catholiques du Lac Castagnier pour qui cet homme avait fait de grandes choses et beaucoup de sacrifices.

Références : Sur les terres du Père Jean, documentaire réalisé par Sylvain Lebreux et les Productions du requin d’eau douce.

Pourquoi Sheptetski?

Tout a commencé en 1924 avec le premier transfert d’une cinquantaine de familles vers le lac. On leur attribuait un lopin de terre dont ils devaient s’occuper et cultiver pour réussir à survivre.

Quelques mois plus tard, le père Jean a consacré son sanctuaire à son cher ami, Mgr Andrei Sheptytsky. C’est en son honneur que la communauté s’est vue attribuer son nom, Sheptetski. Il était en fait un métropolite de l’Église grecque catholique ukrainienne et le fondateur des Studites. Il a également été reconnu vénérable par l'Église catholique. C’était évidemment un honneur pour le Père Jean de léguer sa communauté à un tel homme.

L'Abitibi, pas pour tout le monde - Anecdote

En Ukraine, constatant les difficiles conditions avec lesquelles la communauté ukrainienne et le Père Jean avaient à concilier, les instances religieuses ont envoyés du renfort afin de prêter main-forte au Père Jean. Mais dans ce mois de février frigorifiant typiquement Abitibien, les religieux s’en sont retournés, sans se faire prier dans leur pays natal après seulement quelques jours.

Périple pour... de la farine! - Anecdote

Il est vrai que les conditions de vie des habitants de Sheptetski relevaient plutôt de la survie! Sans aucune route ni chemin, le Père Jean devait se rendre à pied au travers la forêt jusqu’à Landrienne pour acheter une poche de farine.

 « Il faisait régulièrement le trajet à pied entre Landrienne et sa colonie sur un sentier sinueux et accidenté. » - Sylvain Lebreux

Aurevoir Sheptetski

Puis, en 1931, avec l’arrivée de la ruée vers l’or, les familles ont commencé à quitter leurs terres pour espérer de meilleures conditions de vie. Or, il s’avérait de plus en plus impossible de trouver des colons qui voudraient bien venir coloniser.

« C’est ainsi qu’en 1935, Josaphat plia bagage et quitta sa colonie, pour ne jamais y revenir ».

Il ne voyait plus d’intérêt à continuer cette entreprise sinueuse qui, depuis 4 ans, piquait littéralement du nez.

Références : Sur les terres du Père Jean, documentaire réalisé par Sylvain Lebreux et les Productions du requin d’eau douce.
 

De Sheptetski à Lac Castagnier

Après le départ des familles ukrainiennes 4 ans plus tôt, le gouvernement québécois a mis Irénée Vautrin sur la mission de colonisation du lac Castagnier. Pour eux, il n’était pas question d’abandonner ce village. Le projet s’est donc mis en place : le but était, avec une subvention bien généreuse, de donner des primes pour attirer les colons. C’est alors que, dès 1935 les colons ont commencé à arriver par voyage de train et c’est ainsi que notre cher ministre de la Colonisation, de la Chasse et des Pêcheries a fait revivre le village que nous connaissons aujourd’hui.

L'abbé Stanislas Dubois

En 1935, au même moment où ils ont commencé le projet Vautrin, le ministre, avec l’aide du gouvernement québécois, a fait venir un aumônier, l’abbé Stanislas Dubois, un homme vigoureux qui voyait toujours à ce que la parole de Dieu reste bien ancrée chez les colons du village. Celui-ci avait pour mandat de distribuer les terres aux nouveaux arrivants en plus d’être le curé du village. Il était primordial pour la communauté de recourir à un aumônier puisque les nouveaux colons ne pouvaient simplement pas choisir eux-mêmes leur lopin de terre, ça aurait été la guerre.

Photo : abbé Stanislas Dubois à cheval
SHA – Fonds Yvon Lapalme – Lac Castagnier



Au court de son mandat, il a rénové une ancienne chapelle ukrainienne pour en faire un presbytère. C’est ainsi qu’il a réussi à amener la religion dans le village.


 

Présence religieuse à Lac Castagnier

Également, un petit groupe de franciscains, très aimé par la population pour leur implication, ont été très investis dans cette mission de colonisation. Ils s’étaient installés dans un vieux monastère vacant depuis le départ de Josaphat et ont travaillé avec plusieurs curés qui se sont succédé.

Lac Castagnier a été une colonie religieuse exemplaire grâce aux soucis de l’abbé Dubois et des Franciscains qui ont toujours su faire passer les besoins des colons et de la religion avant les leurs. Il est réellement impressionnant de voir ce qu’une communauté peut accomplir lorsque tous y mettent du leur.

Photo : Groupe près de l’église, avec les frères franciscains
SHA – Fonds Yvon Lapalme – Lac Castagnier
 

Cimetière St-Alphonse - Anecdote

Le cimetière Saint-Alphonse de Lac-Castagnier contient 21 croix anonymes. D'après les échos, il s'agirait là de plusieurs enfants, morts de la grippe espagnole. La petite chapelle affiliée à été démolie mais le cimetière est toujours clôturé et entretenu. Ce cimetière possède une relation historique avec le Cimetière St-Georges aussi à Lac Castagnier.

Extrait de
Circuit du patrimoine religieux et spirituel

Circuit du patrimoine religieux et spirituel image circuit

Présenté par : Ville d'Amos (Tourisme Amos-Harricana)

Directions

Téléchargez l'application BaladoDécouverte (pour Android et iOS) et accédez au plus vaste réseau francophone d’expériences de visites guidées en Amérique.