Scierie Héritage - Centre d'interprétation de l'industrie du bois

Le musée de la scierie

L'industrie du bois de sciage a été déterminante pour le développement de la communauté de Hearst. La scierie Heritage Sawmill a été construite pour reconnaître le rôle important de cette industrie dans le développement de la communauté.

Un lieu apprécié par les touristes et les locaux

Ce centre communautaire de rassemblement et d’interprétation met en évidence l’importance et l’incidence de l’industrie forestière sur la communauté. Le centre présente des photos et des artéfacts valorisant le riche patrimoine forestier de la région tout en partageant les expériences des pionniers qui ont établi un arbre à la fois, à la sueur de leur front, cette communauté unie.

La scierie d'antan

Autrefois, les propriétaires de scieries n’avaient pas de droits de coupe forestière sur les terres de la Couronne, les permis pour de vastes territoires étant délivrés strictement aux compagnies de pâtes et papiers. Mais le gouvernement a révisé sa façon de procéder à la fin des années 1930 et a commencé à accorder des permis à un nombre restreint d’exploitants de scieries, leur permettant de prendre de l’expansion, tandis que d’autres petites scieries ont progressivement été obligées de fermer leurs portes.

La demande de bois a augmenté avec la colonisation de la région, motivant les premiers habitants à créer des petites scieries qui produisaient du bois pour la construction de maisons, de granges, d’églises et d’écoles.

Certaines ces scieries fonctionnaient à vapeur, activées par des chaudières chauffées en brûlant le bran de scie, tandis que d’autres se fiaient à des moteurs de tracteur. Ces petites scieries étaient souvent situées près d’un cours d’eau et fonctionnaient au printemps ou à l’été, avec un nombre limité d’employés, normalement des membres de la famille du propriétaire. Les colons récoltaient une centaine de cordes de bois par hiver et les apportaient aux scieries pour les faire transformer en bois de construction.

Historique du projet de centre d'interprétation

En juin 2004, la municipalité de Hearst a ouvert le dialogue avec Imperial Oil pour remettre en état et développer des friches industrielles abandonnées, adoptant une attitude positive à la perspective de louer ces terres pour un nouveau projet. La ville voulait reproduire les brûleurs de bois de l’ancienne scierie pour en faire une tour d’observation sur le centre urbain et la route 11.

Malheureusement, puisque l’accès sécuritaire au haut du brûleur causait des préoccupations, le projet est tombé à l’eau. Après avoir effectué des recherches rigoureuses, la société de développement économique a décidé d’acheter l’ancienne scierie de la famille Bergeron à Harty et de la réinstaller sur la route 11, à Hearst.

La vente a été conclue en 2005. En septembre 2010, l’équipe de Bâtisseurs Strategik Builders a entrepris le démantèlement « planche par planche », le transport et la reconstruction de la scierie. L’histoire familiale du fondateur de Bâtisseurs Strategik, M. Pierre Bélanger, a été fidèle au plans, puisqu’il avait lui-même travaillé au moulin Bergeron, comme l’avaient fait son grand-père, son père, ses oncles et ses cousins des années 1940 aux années 1980. En se basant sur le contenu local en référant à l’ancienne scierie existante, l’équipe a parachevé assez rapidement le projet et la Scierie Héritage a été inaugurée en septembre 2011.

Draveurs

Au début de l’histoire de Hearst, avant 1921, le village n'avait qu'une seule scierie, celle de M. Simmons, à la fois le propriétaire et l'unique employé de la scierie. Celui-ci préparait le bois pour les quelques habitants du village. Il a ensuite vendu sa scierie à M. Huard.

En 1921, une deuxième scierie a été mise sur pied tout près, à Wyborn. Dès lors, l’abattage d'arbres et l’agriculture sont rapidement devenus les principales sources de revenus des résidents de Hearst.

Photo : Musée McCord (auteur anonyme).

Gare en construction

À proximité, la gare de Hearst a été construite en 1912 pour desservir le chemin de fer National Transcontinental Railway (NTR), filiale du chemin de fer Grand Trunk Railway (GTR), créé en collaboration avec le Grand Trunk Pacific (GTP). Le GTP est devenu la division ouest du NTR. L'entreprise ferroviaire a été nationalisée en 1921 sous l'appellation Chemin de fer Canadien National (CNR).

Même si la ville de Hearst est devenue un centre forestier, elle s’est toujours fiée au chemin de fer, tant pour ses communications que pour sa survie économique. La colonisation de Hearst faisait partie d’un effort du gouvernement ontarien visant à faire évoluer les activités de prospection afin d’encourager l’occupation en permanence du « Nouvel Ontario ». Le concept datait des années 1880, lors de l’exploitation de ressources suivant le parachèvement du chemin de fer Canadien Pacifique (CPR). Les projets ferroviaires étaient d’importants leviers politiques contribuant au développement du Nord.

Restaurant de la gare

Servant de terminus au service ferroviaire de l’Algoma Central Railway, la gare était non seulement le carrefour du transport, mais on y trouvait aussi un restaurant exploité par une mère et sa fille.

Comme beaucoup de localités nord-ontariennes, Hearst a été créé après l’arrivée du chemin de fer, la gare étant l’un de ses premiers édifices d’envergure. Jusqu’en 1970, la gare offrait un service aux passagers et, jusqu’en 1984, des services de fret.

Après que CNR y a retiré ses services, entre 1968 et 1982, la gare a été fermée. Vers 1982, le bureau du chemin de fer a été emménagé dans un petit bâtiment construit par CN (supposément fait sans permis de construction) qui est encore en service.

En 1982, un groupe de résidents a entrepris d’examiner la possibilité d’établir un centre culturel dans la gare et préparer des plans de rénovation. Par contre, les études de faisabilité ont permis d’établir que de tels travaux de rénovation seraient très dispendieux et les perspectives de réaménagement se sont assombries. En 1990, le conseil municipal a jugé le projet infaisable et, depuis ce temps, l’édifice a été démoli.

Un four wigwam en opération

Le four wigwam est une structure en forme de tipi indien dans laquelle les déchets de l'usine sont brûlés. Bien qu'ils servent encore dans certaines régions, ces brûleurs sont de moins en moins utilisés parce que les déchets des usines sont davantage récupérés que par le passé et parce qu' ils sont interdits dans certaines régions, ces brûleurs étant une source majeure de pollution atmosphérique.

Intérieur d'un four wigwam

Jusqu’au milieu des années 1970, les scieries se servaient de fours wigwam (appelés, en anglais, « beehive burner » ou « teepee burner ») comme incinérateurs de bran de scie et de bouts de bois.

On désignait ainsi ces fours à cause de leur forme de cône. Ces structures autonomes en acier avaient une hauteur de 30 à 60 pieds et un orifice au sommet recouvert de maillage pour empêcher que les étincelles et tisons s’échappent. Un convoyeur faisait passer les sciures et copeaux de bois à une ouverture au haut du cône, où ils tombaient ensuite dans un feu au centre de la structure.

Des fours polluants

Beaucoup de scieries en Amérique du Nord se servaient de fours wigwam, bien qu’ils posaient des problèmes manifestes pour la qualité de l’air. Ils produisaient beaucoup de fumée et de cendres dirigées sans filtrage directement dans l’atmosphère.

À Hearst, le Service de santé publique se souciait du nombre croissant de cas d’asthme, surtout à cause de l’emplacement des fours au centre de la ville. Vers 1980, les fours wigwam ont été mis hors service de façon permanente grâce aux lois sur l’environnement régissant la pollution de l’air (Loi sur la qualité de l’air de 1970).

Bien que des compagnies comme Custom Sawmill Hearst Limited aient arrêté d’utiliser les fours vers la fin des années 1970, d’autres ont bénéficié de droits acquis et poursuivi l’utilisation pendant encore plusieurs années. À titre d’exemple, le four de United Sawmills Limited était le dernier à brûler à Hearst et n’a pas été éteint avant les années 1980. Ce four wigwam se situe actuellement dans la cour de RYAM (anciennement Tembec), derrière le musée de la Scierie Héritage.

Une des plus importante scierie au pays en 1950

Originaire de la Suède, M. Henry Selin est arrivé au Canada à l’âge de 13 ans avec sa famille, s’installant à Sault Ste Marie. 

En 1944, après avoir travaillé en tant que contracteur de bois de pulpe pour la compagnie Abitibi Paper, il est allé à Hearst pour diriger des camps de Marathon Paper. En 1947, il a acheté l’hôtel Queen’s à Hearst et, par la suite, a négocié avec Transcontinental Timber pour établir une scierie dans les cantons à l’ouest de la communauté. En 1948, il y a construit une usine et un village forestier au lac Nassau.

À la fin des années 1950, le moulin de Henry Selin Forest Products était considéré comme la plus importante scierie dans l’est du Canada, produisant chaque année quelque 50 millions de pieds de bois. L’entreprise a innové dans bien des domaines, étant, entre autres, la première à installer et exploiter une déchiqueteuse et à vendre les copeaux. À l’automne 1961, les employés ont déclenché une grève légale de 40 jours qui s’est aboutie en négociant la toute première convention collective. Ils étaient parmi les premiers travailleurs à former un syndicat. Pendant le conflit de travail, la raboteuse à Hearst et le garage au lac Nassau ont été détruits par des incendies.

À la suite de nombreuses difficultés financières, en 1967, Henry Selin Forest Products a été vendu à Helpert Lumber de Toronto qui a déposé, peu après, une demande de protection contre ses créanciers. Conformément à l’entente de la compagnie avec Transcontinental Timber, toutes les installations ont été retirées des lieux au lac Nassau et le four wigwam a été réinstallé à Hearst. Le four est encore visible à ce jour à son emplacement actuel dans le secteur ouest de la ville.

Hearst, chef de file de l’industrie forestière

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la ville de Hearst et ses alentours ont évolué progressivement en chef de file de l’industrie forestière. Par contre, à la différence d’autres communautés nord-ontariennes dont le développement est dû à la création de grandes usines de papier, souvent américaines, la région de Hearst a pris de l’ampleur surtout grâce à des petits entrepreneurs canadiens-français. Ces derniers ont établi leurs scieries et usines et les ont fait croître au fil des ans, assurant ainsi la croissance et la prospérité de la communauté. 

M. Wilfried Bergeron est un excellent exemple de cette approche tenace. Ayant travaillé pour plusieurs compagnies forestières, comme Nicholson et Spruce Falls, il a œuvré de 1939 à 1946 à bâtir sa propre scierie sur la rivière Lost, près du pont des concessions 14 et 15. La scierie a été réinstallée en 1947 et, après avoir été exploitée pendant plusieurs années, a été délaissée.

En 1974, Lucien, fils de Wilfried, a entrepris de raviver la scierie en effectuant divers travaux de réparation et de modification aux anciennes machines. Il a conclu un contrat de scierie avec Spruce Falls et a coupé sa première bûche le 28 mai 1976.

Dix ans plus tard, Lucien a décidé d’exploiter sa scierie de façon autonome sous le nom de MOULIN À SCIE - Bergeron’s - LOGGING SAWMILL, à Harty. Ses enfants et ses petits-enfants ont travaillé à l’usine jusqu’en juin 2008, moment auquel la dernière bûche a été tronçonnée.

Extrait de
Histoire régionale de Kapuskasing et de Hearst

Histoire régionale de Kapuskasing et de Hearst image circuit

Présenté par : Destination Northern Ontario

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