Chemin du Royaume des Cèdres

Un trésor loin du monde et des soucis du présent

Cachée de la vue imprenable du chemin des Cèdres, une plage magnifique se blottit parmi les cèdres. C’est là que se cache un trésor d’histoires et d’hommes : le premier quai de Guigues.


La drave

À la fonte des neiges, vers la fin mai, un travail particulier commençait. Les rivières et lacs dégelés, gonflés par la fonte des neiges, favorisaient la drave, c'est‑à‑dire le flottage du bois.  On commençait par jeter à l'eau les piles de billots se trouvant près des ruisseaux.  Comme plusieurs de ces billes s'échouaient dans les méandres des ruisseaux ou à travers les branchages, il fallait les repousser au milieu du courant à l'aide de gaffes.  Parfois, on élevait des barrages pour hausser le niveau de l'eau provisoirement. 

Quand les billes s'amoncelaient, il fallait dynamiter l'embâcle.  Nous n'avons plus idée de ce que représentait ce dangereux  travail de flottage ; dans l'eau printanière jusqu'à la ceinture, à pousser les billots à la gaffe jusqu'à ce qu'ils reprennent le courant.  Parmi les disparus pour cause de noyade, le draveur Welly Bouffard de notre paroisse est décédé à 21 ans.  Des tentes suivaient les déplacements des draveurs qui ne disposaient pas d'un camp avec la chaleur du poêle pour sécher leurs vêtements.


La sweep et le quai de Guigues

Deux équipes de 32 hommes travaillaient chaque année à la sweep. Ils étaient chargés de récupérer les billes qui s'échappaient de la tow. Ces billes allaient s'échouer sur les rives, tout autour du lac Témiscaminque. Un boom suivait les déplacements des hommes chargés de la sweep. Cette estacade était ancrée non loin du bord où ils travaillaient. Les hommes repoussaient les billes échouées à l'aide de gaffes. Au début, les billes étaient remorquées jusqu'à l'estacade avec un pointeur, une chaloupe propulsée par huit rameurs. Par la suite, de petits remorqueurs à vapeur, les alligators, ont été employés : le Harrison (1940‑1960), le Pembroke et le Wabis qui tirait le camp flottant.

Les travailleurs de la sweep étaient suivis de trois chalands, solidement attachés ensemble. Ces chalands constituaient un véritable camp flottant. L'un servait de cuisine, le second de dortoir où couchaient les 32 hommes et le troisième chaland servait de magasin pour l'équipement et les vêtements. Deux équipes de ramasseurs de sweep faisaient le tour du lac Témiscamingue à tous les ans.

La première famille de Guigues

La première famille à s'établir de façon permanente à Guigues est celle d'Édouard Piché et Margaret Mc Adam, en 1864. Durant l'hiver 1862‑1863, Édouard Piché, natif de l'Île aux Allumettes, était venu bûcher dans le canton de Guigues pour le compte de Thomas Murray, un marchand de bois de Pembroke.

En 1864, Édouard Piché commence à défricher et à dresser des bâtiments sur le lot 14 du rang 1 de Guigues. Tout en s'occupant de sa famille et de son commerce de fourrure, Édouard coupa le bois sur sa propriété, dressa des bâtiments, défricha la terre et rendit le sol guiguois propre à l'agriculture.

L'hospitalité de la maison Piché était reconnue. On disait de l'homme qu'il aimait aider tous ceux qui recouraient à lui et il semble que les voyageurs et les premiers colons aient été nombreux à se réfugier à la pointe Piché. En effet, on rapporte qu'Édouard avait bâti une grande annexe à sa maison. Comme on voyageait alors principalement en canot, le vent rendait souvent l'expédition périlleuse ou impraticable pour quelques jours. Avant de rallier Haileybury, de descendre la rivière des Outaouais ou de repérer son lot, on trouvait l'abri et la table mise chez les Piché.

On dit que des familles de colons y ont demeuré quelques semaines. Le temps que le mari défriche une parcelle et bâtisse sa cabane en rondins. Édouard Piché, qui connaissait le cadastre, aidait les colons à trouver leur lot et à identifier le meilleur emplacement pour le camp en bois rond.

Le premier sentier entre la Pointe‑à‑Piché et le village est aussi l'œuvre d'Édouard Piché. Le chemin de nos jours s'est beaucoup amélioré. Cependant, il suit encore le tracé original. Joseph Brien raconte que lorsque les provisions manquaient, chacun se dirigeait chez le père Piché. Il accueillait les colons comme ses enfants. Les filles Piché servaient à manger et on leur donnait des provisions pour trois semaines.

Édouard Piché était pour tous « le père Piché ». Il continua à vivre sur sa ferme jusqu'en 1901. Il vend alors son lot à Odilon Lemire et se retire à Ville‑Marie puis à Notre‑Dame‑du‑Nord, chez sa fille Annie, mariée à Adam Burnwash. C'est là qu'il s'éteint en 1903.

Extrait de
Circuit tourisme et histoire de Saint-Bruno-de-Guigues

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Présenté par : Jeune Coop Éveil JER'AYA
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