Arrêtez-vous un instant devant cette maison. Avec son toit à deux versants et sa lucarne à fronton triangulaire, elle dégage un charme simple, mais tout à fait typique de l’architecture vernaculaire américaine.
Ce courant, très présent entre 1890 et 1940, n’a pas vraiment de style flamboyant. Ce qui le distingue, c’est plutôt l’arrivée de matériaux standardisés, usinés en série, comme les poutres ou les planches, et surtout, les éléments de décoration vendus par catalogue : fenêtres toutes prêtes, portes aux motifs populaires, chambranles ornementés… Ces détails qu’on remarque encore ici sur la maison : les garde-corps délicatement travaillés, les volets, les auvents qui couvrent la galerie, et ces accents colorés qui soulignent les contours.
Regardez bien la forme générale de la maison : une boîte simple, compacte, fonctionnelle. C’était le but recherché. On voulait construire vite, bien, et à faible coût. Cette simplicité n’empêchait pas les familles d’y mettre leur touche personnelle!
Ce type d’habitation se répand rapidement dans les villages, remplaçant peu à peu les vieilles maisons de tradition québécoise. On assiste à une petite révolution discrète : les savoir-faire locaux s’effacent doucement devant l’uniformisation des modèles venus par train ou par catalogue.
Cette maison est un témoin de ce tournant. Et si elle est encore là aujourd’hui, c’est bien parce qu’on y a mis du cœur… et qu’on continue d’en prendre soin.