Vous êtes devant l’église Sainte-Rose-de-Lima, le cœur religieux du village de Sainte-Rose-du-Nord. Regardez bien sa façade, sa silhouette familière… car ce lieu est chargé d’histoires, de reconstructions et de mémoire.
La vie religieuse n’a pas toujours été centrée ici. À la fin du 19e siècle, les messes étaient célébrées là où il y avait du monde : à l’Anse Théophile, à la Descente-des-Femmes et au Tableau. Selon la tradition orale, la toute première messe aurait eu lieu en 1881… dans la maison de Louison Villeneuve!
Au début, les prêtres venaient de Grande-Baie, puis ce sont ceux de Saint-Félix, de l’autre côté du Saguenay, qui ont pris la relève. En 1901, la mission de Sainte-Rose-de-Lima est officiellement créée. Une petite chapelle en bois est construite à l’Anse Théophile l’année suivante. Curieusement, elle est faite à partir de matériaux recyclés… provenant des anciens bâtiments de la Price Brothers à Chicoutimi! L’autel, lui, vient même de la première cathédrale de Chicoutimi.
Mais voilà : en 1903, une tempête automnale endommage sérieusement la nouvelle chapelle. On la renforce au printemps, juste à temps pour y accueillir un chemin de croix solennel, en décembre 1904.
Avec le temps, la communauté grandit. En 1931, un premier curé résident est nommé. Un an plus tard, la paroisse est officiellement érigée, et s’ensuivent une série d’agrandissements : sacristie, chœur, écurie pour les chevaux des fidèles (eh oui!), et même un nouveau cimetière en 1943. On y transfère les corps du premier cimetière, situé là où se trouve aujourd’hui le couvent des Sœurs du Bon-Pasteur.
Dans les années 1960, le curé Antonin Simard modernise l’intérieur selon les recommandations du concile Vatican II. Il sculpte lui-même, à la main, un mobilier en bois brut qu’il ponce et polit.
Mais en 1982, le drame frappe : l’église est détruite par un incendie. Pourtant, le mobilier du curé Simard est sauvé des flammes. L’église est reconstruite dès 1984, dans le même style, la même orientation, et au même emplacement que la chapelle d’origine. Aujourd’hui encore, les meubles du curé Simard vous accueillent à l’intérieur.
Ce lieu que vous observez incarne donc bien plus que l’architecture. Il raconte les gestes, les choix et la ténacité d’une communauté qui a su traverser le temps, unie autour de sa foi et de son clocher.