Devant vous, le paysage est escarpé, presque sauvage. Bienvenue à l’anse de Saint-Basile-de-Tableau, un petit coin reculé, mais chargé d’histoire, en bordure de la rivière Saguenay. Il fut autrefois un lieu d’activité économique important, et peut-être même un lieu de passage préhistorique.
Vous pouvez deviner la structure du vieux quai. Ce sont les vestiges de plusieurs décennies d’allers et venues entre les eaux du Saguenay et la terre ferme. La première version de ce quai est construite au tout début du 20e siècle, puis améliorée entre 1930 et 1935 grâce à une aide gouvernementale. On remarque encore aujourd’hui le caisson en pièce de bois équarrie, haut de cinq mètres, dressé comme une sentinelle contre les vagues. Il servait à l’époque de base solide pour accoster les bateaux.
Mais bien avant cela, il y avait ici un moulin, installé par la Société des Vingt-et-Un autour de 1840. Il sera racheté en 1842, et même si sa date de fermeture exacte reste floue, on sait qu’il fonctionne encore pour la compagnie Price en 1890. Ce coin de pays a connu plusieurs cycles de peuplement et de départs. En 1879, trois maisons et un moulin y sont recensés, avant qu’il ne soit à nouveau délaissé quelques années plus tard.
Et ce n’est pas tout : en 1987, un archéologue découvre ici, sur la plage même, une série d’artefacts — des objets anciens qui témoigneraient peut-être d’une présence préhistorique dans la région. Des recherches sont lancées à la fin des années 1980, mais les glissements de terrain ont sans doute déplacé ou enfoui bien des indices sous vos pieds. La portion de terrain à plus fort potentiel n’a pas pu être explorée, car elle appartient à des propriétaires privés.
Alors, même si le site a gardé ses secrets, il continue de fasciner. Le paysage, lui, parle à sa façon. Il nous rappelle que les lieux les plus calmes aujourd’hui ont parfois été, autrefois, des carrefours animés de travailleurs, de familles, de navigateurs et peut-être même de peuples bien plus anciens encore.