Église et développement de Saint-Michel

Création de la paroisse

Source : (TCACWN)
Photographie : Gérald Harbour

Saint-Michel fut érigé en paroisse en 1956 peu avant l’inauguration de sa nouvelle église. C'est le hameau le plus au sud de la municipalité de Wentworth-Nord. Au début de la colonisation du canton vers 1830, les familles disséminées sur un grand territoire exploitent les forêts et cultivent leur parcelle. 

La plupart sont d’origine irlandaise et écossaise et proviennent des agglomérations limitrophes : Dalesville, Lachute, et Grenville plus au sud. Pendant plusieurs décennies, l’accroissement de la population est restreint par une agriculture de subsistance. Les récoltes, composées de grains, navets et pommes de terre seront toujours modestes comparativement à celles des régions de la vallée du Saint-Laurent.


Développement des chemins

Chevaux attachés à une niveleuse, 20e siècle. Le cheval est un allié important pour le travail au champ et le transport. Il aide aussi à égaliser les chemins devenus impraticables à cause des intempéries.
Source : TCAC WN, collection Paradis

Au 19e siècle l’ouverture de nouveaux chemins stimule l’expansion de la colonisation, mais la topographie accidentée du territoire de Saint-Michel complique leur réalisation tout comme les investissements sporadiques et insuffisants du gouvernement. Ces conditions influenceront longtemps la croissance de la colonie. 

En 1861, une section de la route Principale actuelle est tracée. Cette voie part du 1er rang sur le lot no 21 du canton de Wentworth et monte jusqu’à la pointe est de la fourche du lac des Seize-Îles. « Sur ce chemin, dit M. Boa, conducteur des travaux en 1863, le sol est bon, mais il devient inégal et très rocheux dans les 3e, 4e et 5e rangs. » C’est à partir de cette colonne centrale que vont se greffer les sentiers qui pénètrent le territoire.


Naissance de la mission de Saint-Michel

La famille Carrière devant leur maison sur le lot 21 du 2e rang du canton de Wentworth. De gauche à droite : Lucien Carrière ; la mère, Ursule Legault (assise) ; Rose ; Onésima ; le père, Marcel (assis), et André
Source : TCAC WN

La « mission Saint-Michel » prend forme en 1884 lorsque le père Armand Bouchet de Notre-Dame de Montfort est appelé à desservir la petite colonie catholique qui compte plus d’une trentaine de familles. Pendant trois ans il effectue le voyage à pied de l’orphelinat à la mission, 15 km à travers la forêt,
car le chemin « ouvert entre les deux villages était si difficile et si détourné [ ] qu’on perdait du temps à le suivre,
même en voiture. »

Encouragée par les visites mensuelles et le dynamisme du père Bouchet, la communauté se dote d’une structure administrative avec l’élection de syndics. Parmi leurs tâches, ils doivent veiller au bon fonctionnement de l’école ; engager l’institutrice, faire la collecte des taxes scolaires. Grâce à l’aide financière obtenue par le missionnaire ils lèvent leur première chapelle en 1885 nourrissant l’espoir de voir arriver d’autres familles à Saint-Michel.


Les écoles

La classe de 1916, devant la chapelle.
Source : TCAC WN

La première école est construite en 1875. C’est un bâtiment rustique de bois équarris dont la seule pièce, meublée de longues tables et de bancs sans dossier, sert également de lieu du culte en attendant la construction de la chapelle en 1885. 

Près de cinquante ans plus tard lui succède une nouvelle bâtisse où l’on retrouve en plus d’une grande classe, une chambre, un tambour, une bibliothèque et un logis à l’étage supérieur pour l’institutrice. Puis, en 1954, un troisième bâtiment plus spacieux voit le jour avec deux classes pour les élèves de la 1re à la 7e année, l’ancienne école est louée à maintes reprises puis transformée en petit hôtel par son propriétaire Georges Le Beau.


La normalisation

L’école primaire de Saint-Michel.
Source : TCAC WN

Depuis la fin du 19e siècle, le gouvernement engage des inspecteurs qui sillonnent les régions afin d’assurer la qualité de l’éducation. Ils évaluent les méthodes pédagogiques, l’observation de l’hygiène et la bonne tenue des comptes.

Les rapports sur Saint-Michel soulignent que les absences sont trop fréquentes et qu’« il est important que les enfants apprennent à cultiver les légumes qu’une famille a besoin normalement. »

Ce n’est que depuis 1943 qu’une loi provinciale a rendu l’école obligatoire pour les petits de six à quatorze ans. Cette loi répondait à un besoin de main-d’œuvre plus éduquée et visait l’élimination du travail des enfants dans les milieux urbains et ruraux. La résistance du clergé québécois à cette législation était finalement vaincue, treize ans après que le pape Pie XI (1922-1939) décrète lui-même cette obligation pour les Écoles des États pontificaux en 1930. Ce qui fera dire à l’historien Michel Allard que le Québec de l’époque était plus catholique que le pape !


Une ressource abondante

Le moulin à scie de la famille Farmer, fin du 19e siècle.
Source : TCAC WN

Saint-Michel est historiquement très attaché à l’industrie forestière. La potasse obtenue à partir de la macération des cendres de bois est la première source de revenus pour les colons alors qu’ils défrichent leur terre. Cette matière qui entre dans la composition du savon et de l’engrais est très recherchée jusqu’à la fin du 19e siècle. Soixante gros érables sont nécessaires pour produire un baril de potasse que l’on vend à John Meikle (1794-1877) un Écossais de Lachute.

« .. Ses transactions avec ses clients consistaient principalement en troc, car il acceptait d’être payé pour ses marchandises en produits de la ferme, mais surtout en potasse, dont on fabriquait de grandes quantités à cette époque. La fabrication de cet article lui donna l’occasion de faire un peu plus d’affaires, ce qui lui permit sans doute d’augmenter le nombre de ses clients et de gagner leur estime. » 
Traduction libre. History County of Argenteuil, 1896.


La passion du bois

Les essences que l’on retrouve principalement à Saint-Michel sont l’épinette, la pruche, le cèdre, le hêtre, le merisier et l’érable. À la fin du 19e siècle, les propriétaires de scieries locales et des compagnies forestières achètent des lots qu’ils revendent après y avoir abattu les plus beaux arbres. La pratique de la drave sur la rivière de l’Ouest facilite le transport des billes jusqu’au moulin à scie. La déforestation devient assez importante pour attirer cette critique du père Alexis de Barbezieu en 1897.

« Wentworth, comme Harrington et Howard, est un canton montagneux, où la colonisation, loin de prospérer, semble être plutôt en décadence. Les bois sont ruinés depuis longtemps dans ces trois cantons, par une exploitation effrénée ; les terres, rocheuses et maigres, qui produisaient, jadis, des pommes de terre en abondance, ont été usées [.] ; il ne reste plus qu’une seule exploitation agricole possible, l’industrie laitière, à cause des frais pâturages que l’on trouve en assez grand nombre sur ces hauteurs. »

Les champs autrefois cultivés ont été repris par la forêt. L’exploitation forestière s’est transformée en une pratique d’aménagement qui permet de préserver cette ressource vitale à laquelle les habitants de Saint-Michel demeurent profondément attachés.


Entrevue avec Tex Lecor

Source : Source : MultiArt, Parcours Pocket, 2011, Extraits musicaux: « Dans mon shack » et « The draveur » par Tex Lecor, Quebec Love, la collection, Unidisc.


Huile sur toile par Tex Lecor

Tex Lecor, huile sur toile, Jos Montferrand, 2011
Source : Galerie Archambault

Paul Lecorre (Tex Lecor) (1933-2017), artiste peintre et chansonnier québécois, né à Saint-Michel-de-Wentworth. Extrait d’une entrevue dans son atelier en 2011


Un nouvel essor

Le magasin général de Sylvio Deslauriers, 1954.
Source : TCAC WN

L’arrivée des touristes et des villégiateurs au début du 20e siècle modifie l’activité économique de Saint-Michel. Les cultures peu productives sont abandonnées et l’on voit apparaître chalets et camping près des lacs. 

Une variété de services se développent pour cette clientèle urbaine. Magasin général, bar et salle de danse ; sans être un village, Saint-Michel devient une grande famille qui se rassemble et s’entraide. 

Les années 1950 apportent des changements majeurs avec l’électricité et l’ouverture des chemins en hiver. À l’aube du 21e siècle, les chalets se transforment en habitation quatre saisons, les résidents saisonniers sont plus nombreux et les activités sont concentrées dans les communautés qui se forment autour des lacs.

La vie communautaire

Intérieur de l’église de Saint-Michel.
Source : TCAC WN

La municipalité de Wentworth-Nord fait l’acquisition de l’église Saint-Michel en 2011. Funérailles, baptêmes et mariages y sont toujours célébrés et ses salles accueillent les différentes associations communautaires, comme le Groupe de la sagesse qui organise des activités pour les aînés et le cercle des fermières Saint-Michel/Pine Hill. On y organise aussi des soupers communautaires qui permettent aux résidents de se rencontrer dans une atmosphère conviviale à proximité de leur demeure.

Extrait de
Tour historique guidé de Wentworth-Nord

Tour historique guidé de Wentworth-Nord image circuit

Présenté par : Municipalité de Wentworth-Nord

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