Le noyau paroissial

Ce qui entoure l'église du village

Source : Fonds Fabrique de la paroisse Saint-François-Xavier, Saint-François-du-Lac


Une église de style néoclassique

Ce style a influencé la production d’architectes tel que Thomas Baillargé, à qui nous devons les plans de cette église. Baillargé a fourni les plans de plusieurs églises érigées entre 1825 et 1850 dans les régions de Trois-Rivières et Québec. 

Il signa aussi les plans de l’église de Baie-du-Febvre qui fut construite en 1836 et démolie en 1896. De l’extérieur, cette dernière était, à peu de choses près, identique à celle de Saint-François-du-Lac.

Le plan de l’église est composé d’une nef rectangulaire à trois vaisseaux (trois allées entre deux colonnades) et un chœur plus étroit se terminant en demi-cercle. Ce plan dit «récollet» permet d’aménager des autels de part et d’autre du chœur.

Les nombreux éléments du style néoclassique ainsi que les trésors artistiques à l'intérieur dont certains remontent à l'époque de la Nouvelle-France font de cette église un monument historique depuis 1957.


Vue d'ensemble, 1922

Au centre, un grand parterre est divisé par un trottoir bordé par deux rangées d'arbres. Observez aussi deux petites tribunes en bois destiné à la Criée des âmes. Cette pratique avait cours durant les semaines de novembre et consistait à vendre divers biens afin de recueillir de l'argent pour faire chanter une messe pour les défunts. À l'arrière-plan: le presbytère et le couvent.


Les bâtiments et les terrains en 1905

L'église (en bleu) est construite en pierre. Le presbytère et le couvent (en rouge) sont en brique. Divers bâtiments annexes tels qu'un poulailler, une buanderie et une grange-étable, sont construits en bois à l'arrière des principaux bâtiments. 


La cinquième église

En 1817, considérant l’ampleur des travaux de rénovation que nécessitait l’ancienne église et son presbytère, l’idée de construire une nouvelle église commença à prendre forme. 

C’est en 1833 que les cultivateurs François Plamondon et Elie Gill, ainsi que leur femme Angèle Descheneaux et Adelaïde Descheneaux, donnèrent une portion de leur terrain pour y faire bâtir une église neuve. Le chantier s’étendit de 1842 à 1849.

La construction de cette église, la troisième de la paroisse mais la cinquième de la seigneurie, fut une véritable saga remplie de nombreux rebondissement. 

Cette histoire divisa la communauté environnante entre ceux qui étaient en faveur du déplacement du noyau religieux vers un emplacement répondant aux nouveaux besoins de la paroisse et ceux qui s’y opposèrent par tous les moyens possibles.

Finalement, l’église actuelle fut bénite le 20 septembre 1849. On déménagea tout ce qu’on avait pu retirer de l’ancienne église : cloche, orgue, balustrade, mobilier, tableaux, etc. Plusieurs de ces objets d’art sont encore visibles à l’intérieur.


L'église, le presbytère et le couvent

Autour de la nouvelle église, le noyau paroissial prit forme avec l’ajout d’immeubles adjacents. Nous verrons la construction d’un premier presbytère en 1853. Cinq ans plus tard, on déménagea les sépultures de l’ancien cimetière de l’île du Fort vers son lieu actuel, nouvellement clôturé.

Le couvent fut construit en 1875, à droite du presbytère, alors qu'à l'origine, il aurait dû se trouver de l'autre côté de l'église.

Le noyau paroissial s’étendit en 1922 avec l’achat d’une maison par la fabrique pour y loger le sacristain et sa famille. 

La fabrique possédait aussi un chemin de 20 pieds de large reliant l’église à la rivière, destiné aux usages personnels du curé. Ce chemin était parallèle à la rue Camiré. Il n’existe plus aujourd’hui et ses traces sont maintenant effacées du paysage.

 «L’aire sacrée» du village, constituée de tous ces terrains et immeubles, fut un incontournable de la vie religieuse et sociale de la communauté. 

C’est sur un terrain prêté par la fabrique que s’est tenu la première exposition agricole du comté en octobre 1852.


Le presbytère

Remplaçant l'ancien presbytère qui fut construit à cet endroit en 1853, celui-ci fut érigé en 1899 suivant le plan d'une villa luxueuse d'inspiration néo-italienne.

Déjà richement ornementé, l'imposant presbytère était aussi doté d'une tourelle tout aussi garnie ainsi qu'une balustrade faisant le tour du toit plat. Ces deux éléments sont disparus.

Il fut cité immeuble patrimonial en 1994 au Registre du patrimoine culturel du Québec. Aujourd'hui le bâtiment est une résidence privée.


La grange-étable derrière le presbytère

Ce bâtiment en bois servait à entreposer la dîme versée au curé «en nature» par certains habitants selon la valeur de ce qu'ils semaient et récoltaient sur leurs terres.


Le presbytère vers 1971

À gauche de la photo, le terrain a été nivelé à l'endroit où se trouvait le couvent et les dépendances en bois. À l'arrière, les arbres seront coupés pour faire place à la résidence Bruyère. Un terrain de tennis se trouvait à l'arrière du presbytère.


Des morceaux qui se détachent

Depuis les années 1970, l'étendue du noyau paroissial rétrécit. Le couvent fut vendu puis démoli en 1971 pour laisser la place aux deux résidences d'habitation actuelles. Les dépendances en bois disparurent du paysage.

La maison du sacristain fut vendue et privatisée et le presbytère aussi.

Aujourd'hui, le noyau paroissial n'est composée que de l'église, le cimetière (jusqu'au charnier et au colombarium) le stationnement et le parc situé en face de l'église.


Texte capsule audio

Vous êtes en face de l’église qui se dresse au milieu d’un vaste terrain que l’on nomme «îlot» ou «noyau» paroissial. Avec son cimetière, son charnier situé à l’extrémité, son stationnement et son espace vert, ce noyau paroissial était en vérité beaucoup plus grand autrefois.

L’imposante église fut construite entre 1842 et 1849 et est un bel exemple d’architecture néoclassique, en vogue en Europe et en Amérique au milieu du 19e siècle. Sa façade symétrique présente un imposant portail encadré de colonnes et surmonté d’une arche qui rappelle les constructions gréco-romaines. Son fronton percé d’une fenêtre ovale ainsi que ses clochers sont faits en bois recouverts de tôle afin de ne pas trop alourdir la façade et éviter que celle-ci ne n’enfonce dans le sol.

L’église est classée monument historique depuis 1957. 

À votre gauche, nous voyons l’ancien presbytère. Cette luxueuse résidence servait jadis à loger le curé ainsi que ses vicaires et domestiques. Elle compte 25 pièces servant de bureaux et de chambres pour héberger des visiteurs de marque tel que l’évêque et sa suite au cours de ses visites dans les paroisses.

Le couvent, qui faisait également partie du noyau paroissial, est aujourd’hui disparu et remplacé par les résidences Lassiseraye.

Vers la droite, de l’autre côté de la rue, localisez une petite maison bleue voisine au bureau de poste : celle-ci a aussi fait partie du noyau paroissial pendant 50 ans en tant que résidence pour le sacristain, ou «Bedeau», et sa famille.

Qui était le bedeau? C’était l’homme à tout faire du curé mais il s’occupait surtout de l’entretien de l’église et de la préparation aux offices religieux. On raconte que cette maison fut la première du village à recevoir une ligne téléphonique fixe! Celle-ci la reliait au presbytère afin d’être en communication avec le curé.

Bibliographie

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GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS. Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Presbytère de Saint-François-du-Lac.

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BEAUDET, Gisèle. Église Saint-François-Xavier à Saint-François-du-Lac, dans Commission des Biens culturels, Les chemins de la Mémoire, Les Publications du Québec, 1990, Tome 1.

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MORVAN-MAKER(MAHER), Florentine. Florentine raconte… Laffont Canada, 1980.

Crédits photos:

Ce qui entoure l'église du village: Fonds Fabrique de la paroisse Saint-François-Xavier, Saint-François-du-Lac.

Les bâtiments et les terrains en 1905: GOAD, Charles Edward. St.François du Lac, Que. Plan d'assurance-incendie. 1 carte: coul. 64 x54 cm, Montréal ; Toronto: Chas. E. Goad, 1905. dans BAnQ numérique.

Vue d'ensemble, 1922: Fonds Fabrique de la paroisse Saint-François-Xavier, Saint-François-du-Lac.

Le presbytère: Fonds Fabrique de la paroisse Saint-François-Xavier, Saint-François-du-Lac.

La grange-étable derrière le presbytère: Fonds Fabrique de la paroisse Saint-François-Xavier, Saint-François-du-Lac.

Le presbytère vers 1971: Fonds Fabrique de la paroisse Saint-François-Xavier, Saint-François-du-Lac.

Extrait de
Circuit historique de Saint-François-du-Lac

Circuit historique de Saint-François-du-Lac image circuit

Présenté par : Municipalité de Saint-François-du-Lac
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