Devant vous se dresse toujours la maison et la dépendance abritant l’ancienne forge de la famille Cartier. En remontant le temps, imaginez les portes à double battant ouvertes et le forgeron à l’œuvre à l’intérieur, faisant résonner son marteau sur l’enclume devant son feu.
L’atelier du forgeron était un lieu de travail mais aussi un lieu de rencontre. Beaucoup de gens s’y rassemblaient, allaient et venaient, à l’affût des dernières nouvelles. En termes de popularité, c’était un peu l’équivalent du magasin général. Sur les lieux, observez bien l’emplacement de l’atelier d’Émile Cartier : à la jonction du rang Sainte-Anne et de la rue Notre-Dame. L’endroit était presque un arrêt obligé pour tous ceux qui passaient devant.
Au début du vingtième siècle, trois forges étaient à l’œuvre dans le village : celle de Monsieur Omer Lachapelle, celle de monsieur Adélard Lachapelle et finalement celle de la famille Cartier, présente à cet endroit depuis les années 1880.
Émile Cartier, benjamin d’une famille de 12 enfants, a pris la relève de la forge familiale et y a travaillé jusqu’en 1989. C’est une surprenante longévité pour un métier traditionnel qui devenait de moins en moins nécessaire à mesure que progressait le vingtième siècle. Avec le remplacement du cheval par le tracteur et l’automobile et avec l’arrivée des magasins à grande surface, offrant une multitude de pièces manufacturées à une fraction du coût, plus personne n’avait besoin des pièces ouvragées de la main de l’artisan. Ainsi, peu à peu, le forgeron du village vit sa clientèle se diriger vers le garagiste. D’ailleurs, est-ce vraiment un hasard si l'on retrouve un garage presqu’en face de chez lui, de l’autre côté de la rue?