L'ancien couvent

La prise de vue nous montre la façade du couvent avant son agrandissement en 1908. Remarquez les grands arbres situés tout près de la rue.

Pendant près d'un siècle, soit de 1875 à 1971, un magnifique couvent ainsi que ses dépendances situées à l'arrière étaient construits sur ce terrain qui est aujourd'hui détenu par l'office municipal d'habitation. 

L'établissement d'une maison d'éducation sous la direction d'une communauté religieuse au coeur du village fut accompli par le curé Arthur-Hubert Lassiseraye. 

Ce dernier s'adressa à la supérieure générale des Soeurs de la Charité d'Ottawa, Mère Élisabeth Bruyère, en 1874 pour demander à recevoir une délégation de religieuses qui était réputée pour leur éducation substantielle et distinguée. 

Toutefois, son prédécesseur, le curé Jules Paradis, avait fait une première tentative en 1870 mais la maladie le força à abandonner le projet. Pour permettre la construction d'un couvent, il avait acquis un terrain d'un demi-arpent de front sur deux de profondeur situé de l'autre côté de l'église: celui qui se trouve maintenant en face du bureau de poste. 

Le couvent fut finalement construit à droite du presbytère sur une portion de terrain donné à la fabrique par M. Phydime Richard, cultivateur, et son épouse, Delphine Beland.

Cette photo fut prise à l'arrière du couvent. Observez le mobilier disponible sur le terrain parsemé de grands arbres ainsi que la clôture qui sépare le terrain du couvent d'une dépendance en bois située sur le terrain du presbytère.

Le 24 septembre 1875, un premier groupe de religieuses arrive à Saint-François-du-Lac mais la construction du couvent n'était pas tout à fait terminé. La première cohorte de couventines, composée de 11 pensionnaires et 20 externes, débuta ses cours le 6 octobre 1875, avec un mois de retard sur le calendrier scolaire.

En 1888, on compte des élèves pensionnaires provenant de Montréal, Hull, Ottawa, et des États-Unis.

Les jeunes filles pouvaient recevoir leur instruction en étant pensionnaire (hébergement et repas inclus), demi-pensionnaire (hébergée mais repas non-inclus) ou quart-pensionnaire (hébergée et nourrie chez un résident du village.) 

La formule demi-pension ou quart-pension convenait aux filles habitant la région: on trouvait bien une connaissance ou un membre de la parenté prête à héberger et/ou nourrir les écolières du couvent.

L'enseignement musical occupe une part de choix. En 1907, une école ménagère est affiliée au couvent. On donna une attention particulière à l'art culinaire, ainsi qu'à la coupe et à la confection des habits. Aux dires de plusieurs couventines, les Soeurs Grises étaient de bonnes enseignantes.

En 1912, le pensionnat reçut le titre d'Académie.

Jusqu'à sa fermeture en 1968, le couvent a reçu 8347 élèves. Les Soeurs Grises ont également enseigné à l'école paroissiale du village. L'une d'elle, Soeur Marie-Laurence, traversait la rivière matin et soir pour aller enseigner à la trentaine d'élèves de l'école de la mission d'Odanak.

Sur ce terrain se tenait une importante institution qui a marqué des générations de jeunes filles d’ici et d’ailleurs : un couvent-école. Celui-ci fut construit en 1875 et tenu par les Sœurs Grises, ou Sœurs de la Charité d’Ottawa, pendant près d’un siècle, jusqu’à sa fermeture en 1968.

L’édifice était en brique, mesurait 75 pieds de longueur par 45 pieds de largeur et avait deux étages. Sa fondation était en pierre et son toit de style français était percé de nombreuses lucarnes. Au-dessus se trouvait un clocheton muni d’une cloche. Une grande galerie courait le long de sa façade avant. Un bâtiment adjacent en bois, de 30 pieds par 25 pieds, également à deux étages, fut construit pour l’installation de la cuisine.

En 1908, une aile de 60 pieds par 30 fut ajoutée au couvent, pour servir de salle de récréation, de chapelle et de dortoir.

Le bâtiment fut démoli en 1971 pour laisser la place à deux résidences détenues par l’Office municipal d’habitation. Mais le souvenir de la présence des Sœurs Grises subsiste toujours. 

Les noms de ces résidences rappellent les deux figures fondatrices du couvent : l’une porte le nom du curé à l’origine de la venue des Sœurs enseignantes : Arthur-Hubert Lassiseraye. L’autre, donnant sur la rue Lachapelle à l’arrière, porte le nom de Mère Élisabeth Bruyère, la supérieure générale qui consentit à la demande du curé et envoya une première délégation de cinq Sœurs Grises d’Ottawa à Saint-François-du-Lac.

Entre les deux résidences, les statue de Saint-Joseph et de la Sainte Vierge se dressent toujours sur le terrain qui, jadis, constituait la cour arrière du couvent.

CHARLAND, Thomas-M, O.P. Histoire de Saint-François-du-Lac, Ottawa, Collège Dominicain,1942.

HUDON-BEAUDET, Florence. Saint-François-du-Lac 1673-1998, Saint-François-du-Lac, 1999.

MORVAN-MAKER(MAHER), Florentine. Florentine raconte… Laffont Canada, 1980.

Crédits photos: 

Le couvent vers 1922: Fonds Fabrique de la paroisse Saint-François-Xavier, Saint-François-du-Lac.

Le couvent des Soeurs grises vers 1905: PINSONNEAULT, Couvent des Révérendes Soeur Grises. Saint-François-du-Lac, Québec, Carte postale, Fonds Laurette Cotnoir-Capponi, P186, S9, P292, BanQ Vieux-Montréal, dans BAnQ numérique. 

La cour arrière: HUDON-BEAUDET, Florence. Saint-François-du-Lac 1673-1998, Saint-François-du-Lac, 1999, pages 95 et 98.