La grande scierie des Américains

Le platin en face d'Odanak, vers 1890

Source : Anonyme. Village, Saint-Thomas-de-Pierreville, QC, vers 1890, halogénures d'argent sur papier monté sur carton, procédé à l'albumine, 18,5 x 25,8 cm, Musée McCord-Steward


Plan figuratif daté de juin 1844

Sur ce plan, observez bien l'imposant bâtiment à gauche, perpendiculaire au chemin de la rivière: il s'agit d'un moulin à scie mû par la vapeur connu comme étant «la grande scierie des Américains.»


La scierie des Américains

La présence d’une industrie de bois tenue par des Américains s’expliquerait par une intervention de Josias et Jonathan Würtele, propriétaires de la seigneurie voisine de Rivière David, aujourd’hui Saint-David d’Yamaska. 

Originaires d'Allemagne, les Würtele étaient des marchands puis des propriétaires fonciers associés à la bourgeoisie anglophone.

Le père et le fils ont élargi leur domaine en acquérant progressivement les territoires voisins et en y intervenant économiquement afin de bénéficier du potentiel de croissance économique qu’offrait leurs terres durant le démarrage industriel du Bas-Canada. 

Par ailleurs, le toponyme Wurtel Burg qui identifie les lieux sur le plan ci-haut tend à corroborer cette explication.

Même si le propriétaire et la plupart des ouvriers qui y travaillaient étaient Américains, cette industrie a pu attirer des gens de la région. 

Les documents d'archives consultés à propos de cette scierie nous révèlent des noms à consonnance anglophone tels que Sherman Converse, Samuel K. Withmore et Edouard Armstrong mais nous y trouvons également des noms canadiens-français, comme un dénommé Jean-Baptiste Clairmont, qui travaillait à titre de journalier pour le propriétaire de la scierie.


Texte capsule audio scierie

Cette partie du village est assez récente. Un coup d’œil sur les maisons qui bordent les rues Des Pins, Camiré, Gauthier et la Côte du Gouvernement suffisent pour nous en convaincre.

L’endroit qui nous intéresse se trouve au bout de la rue Camiré. Vous pouvez constater que la rue semble se prolonger jusqu’à la rivière. Pour comprendre ce qui nous intéresse à cet endroit, il nous faut reculer jusqu’au 19e siècle. 

La première photographie prise vers 1890 nous montre en premier plan le platin : c’est-à-dire les terres basses près de la rivière. Il y avait ici des terres labourées, délimitées par quelques clôtures, et très peu d’arbres, contrairement à aujourd’hui.

Par contre, c’est sur un lot d’un arpent et demi de front par un arpent et demi de profondeur, exactement au coin des rues Camiré et Gauthier, que ce serait déroulé un chapitre important de l’histoire économique du village.  À cet endroit, un moulin à scie mû par la vapeur a été en activité à partir du milieu des années 1830 jusque vers 1850. En cette époque de démarrage industriel, la présence d’un moulin à scie à probablement pu attirer des travailleurs des environs en offrant des perspectives d’emploi différentes que celles du secteur agricole. Cela a aussi pu contribuer au développement d’un nouveau noyau villageois à quelques kilomètres en amont du lieu d’origine de la seigneurie.

Bien que la photographie ait été prise quelques quarante ans après la dernière date connue où la scierie était en activité, observez bien attentivement au centre, près de la rive : nous y voyons des bâtiments qui semblent être encore en bon état. Est-ce que ces édifices ont abrité les équipements d’une scierie à vapeur? Que reste-t-il sur les lieux aujourd’hui? L’endroit a bien changé…

Bibliographie

CENTRE D'ARCHIVES RÉGIONALES SÉMINAIRE DE NICOLET. Fonds Fabrique Saint-François-Xavier (Saint-François-du-Lac), F320.

CHARETTE, Dominic. «Le lieu-dit Wurtel Burg : nouvel éclairage sur l’histoire de Saint-François-du-Lac», Histoire Québec, vol.26, no.4 , 2021, pages 22-25

CHARLAND, Thomas-M, O.P. Histoire de Saint-François-du-Lac, Ottawa, Collège Dominicain,1942.

CHAURETTE, Mathieu. Les premières écoles autochtones au Québec : progression, opposition et luttes de pouvoir, 1792-1853, Mémoire de maîtrise, UQAM, 2011.

CÔTÉ, Jean-Luc. Pierreville retrouvé... en photos : avec un bref regard sur Saint-François-du-Lac, La Baie-du-Febvre, Odanak et Notre-Dame-de-Pierreville, Pierreville, La Société historique de la Région de Pierreville, 1987.

COURVILLE, Serge. Entre ville et campagne. L’essor du village dans les seigneuries du Bas-Canada, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1990.

S.N. «An Indian village in Canada», Montreal herald and daily commercial gazette, 17 janvier 1850, page 1.

The Quebec gazette published by authority = Gazette de Québec publiée par autorité, jeudi 12 août 1841, Québec, John Charlton Fisher & William Kemble, page 552, dans BAnQ numérique.

Crédits photos :

Le platin en face d'Odanak, vers 1890: Anonyme. Village, Saint-Thomas-de-Pierreville, QC, vers 1890, Halogénures d'argent sur papier monté sur carton, Procédé à l'albumine, 18,5 x 25,8 cm, Collection documentaire McCord, Don de Stanley G. Triggs, numéro d'accession: MP-0000.1136.3.

Plan figuratif daté de juin 1844: Détail du plan figuratif de parties des seigneuries de Saint-François, Deguire ou Rivière David et de Pierreville, J.P. Bureau. 1844-06-00 E21, S555, SS3, SSS4, P22.1, Fonds Ministère des Terres et Forêts - BanQ Québec, dans BAnQ numérique.

Extrait de
Circuit historique de Saint-François-du-Lac

Circuit historique de Saint-François-du-Lac image circuit

Présenté par : Municipalité de Saint-François-du-Lac
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