L'île Saint-Jean

L'entrée de l'île

Source : Dominic Charette


Carte de l'embouchure de la rivière Saint-François, 1715

Sur cette carte, à l'embouchure de la rivière Saint-François, sont écrits les noms des seigneurs Crevier et La Fontaine Outaouais. Le véritable nom de ce dernier était Laurent Philippe. Il fut le premier seigneur de la seigneurie de Pierreville. Le nom Tardif doit faire référence à Olivier LeTardif qui fut actif dans le commerce des fourrures au sein de la Compagnie des Cent-Associés de 1640 à 1665. Le chenal à cet endroit est nommé Chenal Tardif.


Aux origines de la seigneurie

Nous reculons jusqu'aux débuts de la Nouvelle-France pour retrouver les premiers titres de propriété faits à des gens d’origine européenne sur cette portion de territoire : 

«Avant de devenir la propriété de Jean Crevier, en 1673, la seigneurie de Saint-François avait appartenu d’abord à la famille de Lauzon (1635), puis à Pierre Boucher (1662). À l’origine, elle était comprise dans la seigneurie de la Citière concédée à François de Lauzon, le 15 janvier 1635» (CHARLAND, 1942).

Malgré cette succession de propriétaires, l’acte fondateur servant de point de départ à la chronologie historique est l’acquisition de la seigneurie par Jean Crevier en 1673. 

Crevier fut le premier seigneur à y vivre et concéder des terres pour encourager son peuplement.

D’ailleurs, même si son manoir était situé sur l'autre rive, c'est sans doute en son honneur que l'île Saint-Jean porte son prénom.

Un des premiers concessionnaires de l’île Saint-Jean, Laurent Philippe, dit Lafontaine Outaouais, avait réussi à ériger de nombreuses constructions sur sa terre : maison de logement, boulangerie, remise, laiterie, grange, poulailler et étable. 

En 1683, ce dernier s’est fait concéder la seigneurie de Pierreville, située en amont de la seigneurie de Saint-François. 

Même s’il n'y fit aucun établissement ni concessions, Laurent Philippe pouvait maintenant porter le titre de seigneur. La prospérité dont cet individu semblait jouir explique sans doute pourquoi son nom apparaît sur d’anciennes cartes, à côté du nom de Crevier.


Monument commémoratif

Ce petit monument, situé au pied de la croix à l'entrée de l'île, est pour rappeler la genèse de la seigneurie, avant l'établissement de Jean Crevier sur ce territoire.


Les embâcles et les inondations

Le peuplement de la seigneurie se déplaça de plus en plus profondément en amont de la rivière mais l'île Saint-Jean continua à être habitée. 

Jusqu’aux années 1960-70, l’île était composée de champs agricoles et les quelques familles qui y habitaient à l’année cultivaient leurs terres et faisaient paître leurs vaches. 

Certaines familles laissèrent leur nom aux lieux où ils ont vécu jadis, comme à l’île Landry, située dans la portion ouest de l’île Saint-Jean.

De la fin du mois d’octobre jusqu’à la fin du mois de mai, l’île Saint-Jean était difficile d’accès. Les inondations printanières coupaient les insulaires de la terre ferme pendant des jours, voire des semaines. Nombreux venaient se réfugier chez des voisins ou des amis de l’autre côté du chenal en attentant que l’eau redescende. 

Certaines années, les crues printanières ou même des embâcles causés par la glace furent spectaculaires à voir et ont naturellement marqué les esprits. 

Beaucoup de souvenirs sont perpétués dans la mémoire collective, dont la photo de cette petite maison entourée de blocs de glace lors de l’embâcle de 1928.


La maison entourée de glaces, 1928

Ce spectaculaire embâcle a marqué les mémoires des résidents du secteur de l'île Saint-Jean.


Lucien Leblanc et le Camp de l'Amitié

L’île Saint-Jean était un lieu reconnu pour les activités de pêche et de chasse au canard. Nous y retrouvions quelques chalets et maisons de pêcheurs en bordure de rivière. Ceux-ci étaient fréquentés par les clients de divers clubs de chasse et de l’Hôtel Abenakis Spring non loin.

C'est l'oeuvre du prêtre Lucien Leblanc, curé de la paroisse de 1969 à 1990, qui modifia le paysage de l'île en celui que l'on peut voir de nos jours.

En 1970, le curé Leblanc a acheté une partie de la terre et y a fait bâtir le Camp de l’Amitié. En faisant cela, il voulait offrir aux résidents de Saint-François-du-Lac et des environs un lieu communautaire de villégiature, de détente et d’amitié. 

Nombreux sont ceux qui se souviennent des messes chantées les samedis soir d’été. Les escadrons de maringouins obligeaient les fidèles à demeurer dans leur automobile durant l’office, ce qui engendrait un étonnant spectacle : il ne suffisait que de baisser la fenêtre au passage du curé entre les rangées de voitures pour recevoir l’Eucharistie!

Les différents services récréatifs, culturels et religieux ont peu à peu attiré un nombre de résidents à venir s’installer de manière permanente sur l’île Saint-Jean. Le curé Leblanc s’investit beaucoup pour permettre au camp de l’amitié de fleurir et prospérer. C’est ici qu’il s’installa après avoir pris sa retraite. 

Le pont Leblanc, inauguré en août 1999, ainsi que la rue éponyme qui s'étend jusqu'au Camping de l'Amitié, commémorent le souvenir de cet homme qui a marqué son époque.


Texte capsule audio île St-Jean

Après avoir franchi le pont Leblanc qui enjambe le chenal Laverdure, vous voici arrivés sur l’île Saint-Jean. À cette entrée de l’île, une plaque, une croix de chemin et un petit monument se dressent au milieu d’un aménagement floral pour commémorer différents éléments historiques : le passé seigneurial et religieux de la région ainsi qu’un personnage qui a façonné le paysage actuel de l’endroit : le curé Lucien Leblanc, décédé en 2013 à l’âge de 90 ans.

Jusqu’aux années 1960-1970, cette portion de l’île était composée de champs dédiés à nourrir les vaches des cultivateurs environnants. Face à la rivière, quelques chalets et maisons de pêcheurs se dressaient. Le paysage a bien évolué et de nos jours, l’île Saint-Jean est un lieu de villégiature apprécié et animé durant la saison estivale.

Au bout de la rue Leblanc : contemplez la rivière Saint-François. Tout en face se trouve la Pointe au Moulin qui se trouve aujourd’hui dans le secteur Notre-Dame-de-Pierreville de la municipalité de Pierreville. Jadis, les deux rives faisaient partie du territoire la seigneurie et de la paroisse de Saint-François-du-Lac jusqu’en 1853, année de sa division. C’était sur la Pointe au Moulin que se trouvait, à juste titre, le moulin banal et le fort servant à protéger la seigneurie.

En tourant à droite, continuez votre chemin sur le Rang de l’Île Saint-Jean. L’histoire locale nous raconte qu’au début de la seigneurie, il y avait 2 forts, un sur chaque rive. Le fort de l’île Saint-Jean serait celui qu’Antoine Planiol se serait construit sur la propriété de sa femme, veuve de Laurent Philippe dit Lafontaine Outaouais. Antoine Planiol, lieutenant dans les Compagnies franches de la Marine, avait été nommé commandant du fort militaire de Saint-François, nommé «Fort Crevier». Le «fort» sur sa propriété aurait plutôt été une palissade en bois qu’il aurait érigé pour protéger certains bâtiments servant au commerce des fourrures. 

Le contexte de menaces constantes faites par les puissants adversaires qu’étaient les Iroquois a pu justifier la construction d’une palissade à des fins défensives.

Bibliographie

CHARLAND, Thomas-M, O.P. Histoire de Saint-François-du-Lac, Ottawa, Collège Dominicain,1942.

HUDON-BEAUDET, Florence. Saint-François-du-Lac 1673-1998, Saint-François-du-Lac, 1999.

MORVAN-MAKER(MAHER), Florentine. Florentine raconte… Laffont Canada, 1980.

Crédits photos, cartes et plans :

L'entrée de l'île: CHARETTE, Dominic, juillet 2022.

Carte de l'embouchure de la rivière Saint-François, 1715: Détail de la carte de DESHAYES, Jean, FER, Nicolas de. De la Grande Rivière de Canada appellée par les Européens de St.Laurens, carte ancienne; 62 x 97 cm, Paris: chez N. de Fer, 1715, dans BAnQ numérique. 

Monument commémoratif: CHARETTE, Dominic, juillet 2022.

La maison entourée de glaces, 1928: HUDON-BEAUDET, Florence. Saint-François-du-Lac 1673-1998, Saint-François-du-Lac, 1999, page 63.

Extrait de
Circuit historique de Saint-François-du-Lac

Circuit historique de Saint-François-du-Lac image circuit

Présenté par : Municipalité de Saint-François-du-Lac
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