Les anciennes églises

La croix en fer forgé

Source : Dominic Charette


Les précédentes églises de la seigneurie

Cette croix provient de France et surmontait jadis le clocher d'une église en pierre construite de 1731 à 1739 et démolie vers 1850. Il s’agissait de la quatrième église construite sur le domaine seigneurial. 

La troisième, construite en 1717-18, était en bois. 

Ces deux églises, celle en bois et celle en pierre, furent érigées sur un terrain donné par le seigneur Joseph Crevier et son épouse Marie-Angélique LeBoulanger.

Pour ce qui est des deux premières, dans leur cas, il vaudrait mieux parler de chapelles : c’étaient de simples maisons en bois rond, pièce sur pièce, et couvertes de paille. 

Elles étaient situées à un autre endroit, tout près du moulin banal et du domaine seigneurial, sur un terrain jadis nommé «Fond de Croix», à moins de deux kilomètres d’ici. 

La première chapelle, érigée vers 1688, fut brûlée par les iroquois l'année suivante. La seconde fut construite vers 1698. 

À en juger par un croquis fait sur le document daté de 1752, l’église en pierre avait l’aspect des petites églises typique de Nouvelle-France, avec des murs de pierre des champs, un toit pointu couvert de bardeaux, une fenêtre ronde nommée «œil de bouc» et son unique clocher prolongeant sa façade. 


Croquis de la quatrième église (1731-1850) de la seigneurie

Son allure générale ressemble aux églises de l'Île d'Orléans construites pendant le régime français. La croix de fer était couronnée d’un coq : celui-ci est le symbole par excellence pour rappeler les origines françaises des colons qui ont apporté le christianisme avec eux. Le coq que l'on voit actuellement perché au sommet de la croix le long du chemin n'est pas l'original.


Emplacement de l'église et du cimetière, 1762

Nous voyons l'emplacement de l'ancienne église et du cimetière à l'endroit le plus étroit entre le chenal Tardif et la rivière Saint-François. Nous pouvons également voir le moulin seigneurial et l'emplacement des premières chapelles et du premier cimetière tout près du chenal Blazon, en haut du moulin à vent.


L'église vue sous un autre plan

Sur la carte de 1762, dressée par le gouverneur James Murray, l’église est représentée sur le même lieu : soit la portion la plus étroite de l’île du Fort entre le chenal Tardif et la rivière Saint-François. 

Par contre, elle est illustrée selon un autre plan, dit en forme de «croix latine», ou «jésuite». La nef principale, orientée est-ouest et se terminant par une abside en demi-cercle, est entrecoupée par un transept permettant l’intégration de deux chapelles latérales bordant le maître-autel qui était dédié au patron de la paroisse : le missionnaire jésuite Saint-François-Xavier. 

Les deux chapelles de dévotion auraient été consacrées à Saint-Joseph, patron du seigneur Crevier, pour l’une, et à la Vierge Marie, pour l’autre. 

De grandes peintures ont été commandées et installées au-dessus du maître-autel et des autels latéraux. 

Ces œuvres, non signées mais datées du milieu du 18e siècle, se trouvent maintenant à l’intérieur de l’église actuelle de la paroisse de Saint-François-du-Lac, de l’autre côté de la rive. 

Derrière l’église, tout près de la rivière, nous voyons une croix. C’est l’emplacement du cimetière. 

L’érosion de la berge, entre autres, forcera la décision de déménager l’église et le cimetière à un autre endroit jugé plus central de la paroisse. 

Le déménagement de ce qui constituait l'intérieur de l'église vers la nouvelle a eu lieu en 1849. Ce fut l'aboutissement de longs et douloureux démêlés avec une partie des paroissiens qui se sont farouchement opposés à l’idée de perdre leur église. 


Capsule texte audio anciennes églises

Ce monument en bordure du rang de l’ile est pour commémorer l’emplacement de l’ancienne église de la paroisse de Saint-François-du-Lac. La croix de fer forgée surmontait jadis le clocher de l’église en pierre, la quatrième construite sur les terres seigneuriales. 

La paroisse fut érigée canoniquement en 1714 et couvrait les seigneuries de Saint-François, Pierreville et Lussaudière; elle s’étendait sur les deux rives et débordait la mission de Saint-François-de-Sales qui desservait la communauté Abénaquise. Les prêtres avaient donc un vaste territoire à couvrir, allant parfois même desservir les paroisses voisines de Yamaska et Baie-du-Febvre quand ils le pouvaient. Au fil du temps, ce vaste territoire s’est révélé trop difficile à desservir efficacement. Le lieu de culte fut déménagé vers l’église actuelle, sur l’autre rive, et la paroisse fut divisée une première fois en 1853 avec la création de la paroisse de Saint-Thomas-de-Pierreville. Celle-ci fut à nouveau divisé en 1894 avec la création de la paroisse de Notre-Dame-de-Pierreville. L’église et le presbytère qui se trouvaient ici étaient déjà démolis.

Les cartes et plans du milieu du 18e siècle montrent que l’église en pierre qui se dressait ici avait sa façade orientée vers l’est et que derrière se trouvait le cimetière, sur un terrain tout près du grand chenal de la rivière. En vérité, ce cimetière était le deuxième de la seigneurie : le premier était plus peu plus au Nord, tout près du chenal Blazon, sur une portion de terrain nommée «Fond de Croix»

Le premier prêtre fixe de la paroisse, Jean-Baptiste Dugast, mourut en 1763 et fut inhumé sous l’église. On en retira ses restes en 1858 pour les transporter dans le caveau de l’église actuelle de Saint-François-du-Lac, aux côtés des dépouilles de 2 autres prêtres également inhumés dans cette église.

Des membres de la famille seigneuriale eurent également droit à ces honneurs. La veuve du premier seigneur, Marguerite Hertel, fut enterré sous l’ancienne chapelle située au Fond de Croix. Sa dépouille fut transférée en 1718 sous la troisième église, construite en bois. Quant à sa fille, également nommée Marguerite, son corps du transféré en 1736 sous la 4e église : celle en pierre.  Nous perdons ensuite leur trace… Leurs ossements ont-ils été encore une fois déménagés en 1858 vers l’autre rive? Ou reposent-ils toujours enfouis dans la terre en-dessous de vos pieds?...

Bibliographie

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CLAIR, Muriel. «Oeuvres datant du regime français à l’église paroissiale de Saint-François-du-Lac au Québec : Un ensemble iconographique concerté?», Annales d’histoire de l’art canadien/The Journal of Canadian Art History, 2004, vol. 25, p. 48-81.

FERLAND, Catherine. 27 faits curieux sur la mort d’hier à aujourd’hui, coll. Les 27, Les heures bleues, 2022, 66 pages.

GAUTHIER, Raymonde. Construire une église au Québec : l’architecture religieuse avant 1939, Montréal : Libre expression, 1994, 244 p.

LESSARD, Michel. La nouvelle encyclopédie des antiquités du Québec, Montréal : Les éditions de l’Homme, 2007, 1103 p.

VILLENEUVE, René. Les églises de Charlesbourg, Québec, éditions du Pélican, 1986, 105 p., dans ETHNOSCOP. Sites archéologiques religieux du Québec. Études produites dans le cadre de la participation du Québec au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, volet archéologique, Avril 2006, (document PDF)

VOYER, Louise. Églises disparues, Montréal : Libre expression, 1981, 168 p.

Crédits photos, cartes et plans :

La croix en fer forgé: CHARETTE, Dominic, mars 2023

Croquis de la quatrième église (1731-1850) de la seigneurie: Détail du Plan de la séparation du terrain de la fabrique (document original) daté de 1752 et conservé au Archives du Séminaire de Nicolet F320/S33/5/2

Emplacement de l'église et du cimetière, 1762: Détail de Plan of that part of Canada and the River St.Lawrence…[cartographic material] The whole from a survey carried on under the direction of the honourable brigadier general Murray, governor of Quebec. Samuel Holland, William Spry, John Montresor, Joseph Peach, Lewis Fuzier, Peter Frederick Haldimand, Philip Pittman, 1761, Cartes et documents cartographiques, dans BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA en ligne. 

Extrait de
Circuit historique de Saint-François-du-Lac

Circuit historique de Saint-François-du-Lac image circuit

Présenté par : Municipalité de Saint-François-du-Lac
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