Devant vous se trouve l’un des plus grands bronzes de personnage au Canada! Il s’agit de Madeleine de Verchères, réalisé par le sculpteur Louis-Philippe Hébert. Inaugurée en 1913, la statue mesure 6 mètres de haut pour un poids de 3900 kg (20 pieds de haut et pèse 8600 livres). Le socle sur lequel elle repose, quant à lui, mesure 30 pieds – ou 10m – de haut.
Énorme, n’est-ce pas ?! Presque aussi grand que le courage de Marie-Madeleine Jarret de Verchères, fille de Marie Perrot et du fondateur de Verchères, Sieur François Jarret.
Venue au monde le 3 mars 1678, c’est au mois d’octobre 1692 qu’elle accomplit l’acte héroïque qui l’a immortalisée. En l’absence de ses parents, le fort de Verchères fut attaqué. Madeleine, alors âgée de 14 ans, se tenait au bord du fleuve, lorsqu’elle aperçut une tribu iroquoienne surgir des broussailles. On raconte qu’un des Iroquoiens, voulant la faire prisonnière, l’attrapa par le mouchoir attaché à son cou. D’un geste vif, elle le dénoua et courut encore plus vite! Atteignant enfin le fort, elle referma la porte derrière elle.
Ses parents ayant quitté, l’un pour Québec, l’autre pour Montréal, Madeleine se savait seule devant cette attaque. Il n’y avait dans le fort que ses 2 jeunes frères, un vieux domestique âgé de 80 ans et 2 soldats sans expérience. N’écoutant que son courage, elle prit donc les commandes et riposta. Pour faire croire à l’ennemi qu’ils étaient nombreux à défendre le fort, Madeleine posta ses hommes à chacun des bastions du fort. Elle, du haut du fort, courait d’un bout à l’autre en changeant de chapeaux tout en tirant avec différents canons et fusils.
C'est ainsi qu’elle put tenir le coup pendant 8 jours! Les nouvelles, comme les personnes, voyageaient beaucoup moins vite à l’époque de notre jeune Madeleine. C’est donc au bout du 8e jour seulement que le Sieur de la Monnerie, ayant entendu dire que le fort de Verchères était en difficulté, arriva enfin avec 40 hommes pour lui prêter main forte. Quel ne fut pas son étonnement en constatant que le fort avait été défendu par une jeune femme âgée de seulement 14 ans! Humblement, Madeleine lui remit les armes et l’homme lui aurait alors répondu de les garder, car celles-ci visiblement, étaient entre de bonnes mains. Il la félicita grandement pour son courage et sa témérité.
Après cet exploit, Madeleine eut de nouveau l’occasion de démontrer son courage: elle sauva la vie d’un homme qui deviendra son mari. C’était Pierre Thomas Tarieu de La Pérade, Sieur de la Naudière. Touché par son geste de bravoure, il lui demanda sa main et c’est en 1706, à l’âge de 28 ans, que Madeleine changea de nom pour devenir madame Pierre-Thomas de la Naudière. Le couple s’installa dans un manoir au confluent du Saint-Laurent, à Sainte-Anne-de-la-Pérade, où ils vécurent avec leurs 5 enfants. Madeleine décède le 8 août 1747 à l’âge de 69 ans. Quant à son mari, il décèdera dix ans plus tard, à l’âge de 80 ans.
L’histoire dit que Madeleine était une femme de caractère, réputée pour sa confiance, sa dignité et son aplomb. C’est grâce à son sang-froid qu’elle s’est valu la considération des habitants de Verchères, de Sainte-Anne-de-la-Pérade ainsi que des membres du clergé. Ce qui n’est pas peut dire pour l’époque!
Même au-delà des limites de Verchères, encore de nos jours, des lieux continuent de porter l’histoire de notre héroïne. C’est d’ailleurs sur les vestiges de la demeure familiale de Pierre Thomas Tarieu, seigneur de Lanaudière, et de Madeleine de Verchères que le domaine seigneurial Sainte-Anne a été érigé.