Vous vous trouvez devant l’emplacement de la défunte Eastern Township company reconnaissable par sa tour à l’allure victorienne qui orna sa devanture pendant plus d’un siècle. D’ailleurs, si vous levez les yeux au-dessus du bâtiment actuel, vous verrez une réplique de ce toit unique en son genre.
En 1880, le Sherbrookois d’origine, Octave Gendron, fonde, dans sa ville natale, une entreprise spécialisée dans la confection de lingerie féminine. La compagnie, qui prend le nom de Eastern Township Corset Limited est ensuite attirée par une promotion de la Ville de Saint-Hyacinthe. Cette dernière offre à la manufacture un boni de 15 000$. En effet, en 1891, grâce à cet incitatif colossal pour l’époque, Octave Gendron et ses associés décident de relocaliser la E.T. Corset sur la rue Laframboise à quelques pas du chemin de fer.
Comme son nom l’indique, l’entreprise se spécialise dans la confection de corsets pour femme. Vous avez sans doute vu, soit à la télévision, soit au cinéma, cette pièce de vêtement emblématique de la haute couture féminine au XIXe siècle. Ce sous-vêtement était constitué de renforts visant à modeler le buste des femmes. Ce faisant, le corset permettait d’affiner la taille grâce à un laçage serré qui met en valeur le buste. La mode du corset demeure au Québec jusqu’au début du XXe siècle où, petit à petit, il est remplacé par la gaine amincissante, beaucoup plus élastique et confortable.
La E.T. Corset va survivre à ce changement de mode en adaptant sa production aux nouvelles réalités. Dès lors, elle se spécialise dans la fabrication d’autres types de sous-vêtements allant du soutien-gorge à la blouse de nuit. Cette activité diversifiée lui permit de continuer sa production jusqu’à sa fermeture en 1978. Avec ses 87 ans d’existence, la E.T. Corset demeure l’une des industries ayant eu la plus grande longévité dans le quartier Bourg-Joli.