Vous vous trouvez à l’extrémité sud du boulevard Laframboise, le cœur du quartier Bourg-Joli tel qu’imaginé par Télesphore-Damien Bouchard. Nous sommes présentement sur la place Paul-Émile Lemoine, un endroit dédié à cet homme qui travailla 41 ans à l’usine Goodyear rappelant la trace indéniable qu’on eut les industries dans le quartier Bourg-Joli tant au niveau patrimonial qu’au niveau historique.
L’histoire de ce quartier commence lorsque l’ancien seigneur de Saint-Hyacinthe, Georges-Casimir Dessaulles, qui possède alors une vaste étendue de terre au nord de la voie ferrée, vestige de ses terres seigneuriales, se voit imposer par la Ville une taxe sur ses terrains vacant. En 1911, ce dernier se rend au palais de justice afin de contester la mise en place d’une telle mesure, mais perd malheureusement sa cause. Ne voulant pas payer ces taxes onéreuses, il propose à l’homme d’affaire et propriétaire du journal Le Clairon, T.-D. Bouchard de lui vendre sa parcelle de terrain.
Ce dernier accepte et peu de temps après, décide de former avec l’aide de deux notaires, une compagnie nommé le Crédit maskoutain, dont l’objectif est de développer un nouveau projet immobilier sur les terres nouvellement acquises. Le secteur concerné est un immense terrain qui s’étend du chemin de fer à l’emplacement de l’actuel hôpital Honoré-Mercier afin d’en faire un quartier qu’ils nomment le « Bourg-Joli ». À l’époque, sur cet emplacement, on retrouve uniquement le Manège militaire, le collège Sacré-Cœur et l’hippodrome Laframboise.
Le projet de mise en valeur de ce territoire est donc considérable. Leur objectif est d’abord de vendre leurs terrains à des entreprises, puis à des citoyens afin de développer un quartier à la fois industriel et résidentiel.
L’emplacement, il faut bien le dire, comporte plusieurs avantages pour les résidents et les industries. D’abord, comme vous pouvez le constater, il est situé près de la gare du Canadien National. Après l’arrivée du premier train à Saint-Hyacinthe en 1848, le chemin de fer devient un élément indispensable au développement de Saint-Hyacinthe à tous les plans.
Effectivement, les grandes industries ont besoin de ce type de transport pour importer leurs matières premières et exporter leurs produits finis vers les grandes villes d'où ils seront acheminés à travers le monde. Ainsi, toutes les usines du secteur viendront s’installer à quelques pas de la voie ferrée et quelques-unes auront même leur propre tronçon qui les relie au chemin de fer.