L'Empire Clothing

Un atelier de haute couture

Source : Vue aérienne de l'Empire Clothing. Celle-ci est située en face du toit à redans de la Goodyear et du lampadaire du boulevard Laframboise. Fonds CH548, Raymond Bélanger, photographe.


La Duhamel Rattan Furniture Company (1912- 1921)

Au tournant des années 1910, un groupe d’ébénistes en provenance de Granby décide de mettre sur pied une manufacture de meubles à Saint-Hyacinthe tout près du chemin de fer. À cette fin, les entrepreneurs construisent un modeste bâtiment de deux étages en brique rouge de forme rectangulaire pour y installer leur atelier.  

Pendant un peu moins de dix ans, cette entreprise fabrique des meubles en bois, en jonc et en rotin. En raison de difficultés financières, l’entreprise ferme ses portes en 1921. Durant les années suivantes, le bâtiment appartient brièvement à une entreprise de tricot dont le nom demeure inconnu. Les affaires semblent toutefois mal se passer, puisqu’en 1924, l’entreprise O. Chalifoux et fils, une fonderie située à quelques dizaines de mètres de là, achète l’immeuble de la manufacture. 

Photo : La manufacture de meubles à la fin des années 1910. Fonds CH085, Studio B.J. Hébert, photographe.


L’Empire Clothing (1926-1959)

En 1926, l’usine est à nouveau vendue, cette fois à l’Empire Clothing Company, une entreprise qui bénéficie d’incitatifs de la Ville de Saint-Hyacinthe et d'une commutation de taxe foncière sur dix ans. 

L’Empire Clothing Company est une firme montréalaise spécialisée dans la confection de vêtements pour homme. Dès son installation dans l’ancienne usine de la Duhamel Rattan, l’entreprise emploie environ 200 personnes qui s’entassent dans la petite manufacture. C’est sans doute pour cette raison qu’en 1932 l’entreprise agrandit sa superficie en construisant une nouvelle infrastructure de 16 sur 45 mètres. Cette dernière ira se greffer au bâtiment occupé par la Donahue un peu plus haut sur la rue Delorme.  

Photo : Une vue du plan d'assurances du quartier Bourg-Joli confectionné en 1950. On y voit, en haut du garage à autobus (en jaune), la succursale de l'Empire Clothing. Fonds CH478, Histoire de Saint-Hyacinthe.


Fermeture et postérité

À la fin des années 1950, l’entreprise éprouve des difficultés liées à sa rentabilité. Pour pallier la situation, l’Empire Clothing décide de fermer sa succursale de Saint-Hyacinthe afin de centraliser sa production à son usine montréalaise. L’Empire Clothing aura occupé cet espace sur la rue Laframboise pendant un peu plus de trente ans. 

Le bâtiment est ensuite acheté par la Donahue qui y installe ses propres machines textiles. L’ancien bâtiment qui a abrité l’Empire Clothing est détruit en 1995 afin d’y faire un stationnement pour les usagers de la résidence des Jardins de la Gare.

Photo : L'usine vue du chemin de fer en 1991. Fonds CH366, Jacques Fiset.

Version textuelle de l'audio

Ne vous méprenez pas, vous êtes bien au bon endroit. Devant vous, sur ce qui est aujourd’hui le stationnement des Jardins de la Gare se trouvait le site d’une succursale de l’Empire Clothing Company qui a œuvré dans le quartier Bourg-Joli pendant 33 ans, de 1926 à 1959. Cette entreprise montréalaise, toujours en activité aujourd’hui, se spécialise dans la confection de vêtements de qualité supérieure pour une clientèle masculine. On y fabrique des vestons, des chemises, des cravates et des complets. La compagnie s’installe à Saint-Hyacinthe grâce à une commutation de taxe foncière sur dix ans. Les dirigeants choisiront de s’établir dans un immeuble situé au bout de la rue Laframboise où l’on retrouvait auparavant une ancienne usine de meubles.  

Au cours de son existence, l’Empire Clothing emploiera, bon an mal an, 200 travailleurs maskoutains. Comme c’est souvent le cas dans ce type d’industrie à cette époque, les salaires sont plutôt précaires, ce qui peut parfois engendrer de la criminalité. Cet état de fait est bien connu des employés et des employeurs de l’Empire Clothing.  

En effet, à peine une année après l’ouverture de la succursale, le journal Le Courrier rapporte de multiples cas d’intimidation et de règlement de compte qui se déroulent à la manufacture. En 1926, des ouvriers montréalais viennent à Saint-Hyacinthe afin d’attaquer des employés de l’Empire Clothing. Selon le journal, des Montréalais auraient été mécontents de voir l’entreprise quitter la métropole les privant ainsi d’emplois précieux.  

En 1946, le gardien de nuit de la manufacture profite de la pénombre pour s’introduire dans le bureau des patrons et dérobe 90$. Pour sa défense, l’homme invente tout un scénario : des voleurs se seraient introduits dans le bureau et lui auraient asséné un coup au visage avant de prendre l’argent et de s’enfuir par la fenêtre. La police finira par découvrir le pot aux roses et le gardien sera arrêté.  

Dix ans plus tard, en 1956, le patron de l’usine, Abraham Leibovitch, revient de la banque avec le salaire des employés. À sa sortie du tunnel Laframboise, un voleur le frappe et s’empare du sac qui contient près de 4 000$ en espèces. Heureusement, le malfaiteur est appréhendé quelques heures après son larcin et les ouvriers reçoivent leur salaire.  

L’entreprise continuera à produire des vêtements jusqu’à la fin des années 1950 où elle décide de rapatrier sa production à Montréal.  

Extrait de
Regard sur le patrimoine industriel maskoutain

Regard sur le patrimoine industriel maskoutain image circuit

Présenté par : Centre d'histoire de Saint-Hyacinthe
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