Narration
Au 66 rue Osborne, se dresse une maison qui incarne l'histoire mouvementée et captivante d'une famille influente.
Mais saviez-vous que cette magnifique résidence n'était pas la première à s'élever sur ce terrain ?
Remontons le temps pour découvrir les secrets enfouis dans les fondations de cette demeure.
Au début du XXe siècle, un homme d'affaires prospère du nom d'Alton G. Sherman fit l'acquisition de ce lot.
Désireux de créer un foyer à la mesure de ses ambitions, il fit construire une petite maison de style néo-classique américain, similaire à celle située de l'autre côté de la rue, au numéro 69.
C’est d’ailleurs dans cette première résidence que naitront les premiers enfants d’Alton G. Sherman.
Payson Sherman, fils d’Alton Sherman, entre dans le bureau de son père d'un pas déterminé.
Alton
Ah, Payson, mon garçon.
Entre, entre.
Qu'est-ce qui t'amène dans mon bureau ce matin?
Payson
Père, j'ai pris une décision.
Alton
Ton air grave m’inquiètes.
Payson
Je vais moi aussi me lancer en politique, père.
Alton
Vraiment ?
Mon cher Payson, je ne m'attendais pas du tout à cela.
Payson
J'ai passé beaucoup de temps à réfléchir, père, et je suis convaincu que c'est la voie que je dois emprunter.
J'ai étudié vos discours, observé l’influence que vous exercez, et je veux vivre tout ça, moi aussi.
Alton
Tu es trop jeune, Payson.
La politique n'est pas une entreprise facile.
C'est un monde très dangereux et parfois même corrompu.
Nombre de fois, sans que tu ne t’en apperçoives, j’ai été blessé par ce milieu.
Payson
Je suis conscient des défis, père.
Mais je ne peux plus rester les bras croisés.
Je veux faire entendre ma voix moi aussi.
Le plus tôt possible.
Alton
Tu dois comprendre que la politique est un jeu dangereux.
Des alliances se font et se défont, des secrets sont échangés dans l'ombre.
Je ne crois pas que tu sois prêt pour tout ça.
Payson
Je suis prêt à affronter tous les défis, père.
Je sais que la politique n'est pas un chemin facile, mais je suis déterminé à l'emprunter.
Alton
Mon fils, si c'est vraiment ce que tu désires…
Payson
C’est mon désire, en effet.
Alton
Dans ce cas, je te soutiendrai.
Et je te transmettrai les meilleurs contacts que j'ai acquis au fil des années.
Mais souviens-toi : sois rusé, à l’écoute, et méfie toi des nombreux pièges…
Payson
Je vous le promets, père.
Je ferai tout mon possible pour que vous soyez fier et pour représenter notre communauté avec honneur.
Je ne vous décevrai pas.
NARRATEUR
Eh oui, le fils d'Alton, Payson Sherman, hérita de l'esprit entreprenant de son père et il suivit ses traces.
En tant que marchand de bois et de bétail, il se lança également dans la politique provinciale en 1935.
Remportant successivement le comté de Compton pour les Conservateurs, puis pour l'Union Nationale de Maurice Duplessis en 1936, Payson était un homme influent et respecté.
Mais c'est en réalité son beau-père, John Muir, qui joua un rôle déterminant dans la construction de la demeure que nous admirons aujourd'hui.
En 1934, Margaret, la fille de John Muir, accepta d'épouser Payson Sherman. Convaincu que la vieille maison des Sherman ne correspondait pas au statut social de sa progéniture, John Muir prit les choses en main.
Il décida d'acheter le terrain, de déplacer la maison existante, et de faire construire une résidence digne de leur rang.
C'est ainsi que la maison de briques de style 'Four Square Style', caractérisée par ses lignes cubiques et son toit en pavillon, vit le jour.
Malgré les spéculations et les rumeurs qui entouraient la vie de Payson Sherman, le fait demeure qu'il a laissé une marque indélébile dans l'histoire de cette maison.
On raconte qu'il a touché à tous les domaines d'activité jusqu'à ses derniers jours. Quant à sa brève carrière politique, les mauvaises langues diront qu'elle lui a principalement appris à se déplacer dans les couloirs du parlement.
Quoi qu'il en soit, deux ans après sa mort en 1977, Margaret décida de vendre la maison familiale, érigée à grands frais par son père.
La vente de cette demeure unique marqua un nouveau tournant dans son histoire. Margaret, avec une vision empreinte de générosité, décida d'utiliser les fonds amassés avec la vente de la demeure pour créer la Résidence Sherman, un établissement destiné à accueillir les personnes âgées de la communauté de Scotstown.