Philias Guénette et deux de ses fils devant l’entreprise familiale à Morin-Heights.
Le dernier moulin à scie de Piedmont est construit en 1937 par Lionel Guénette (1910-2006) sur le Grand Ruisseau. M. Guénette est issu d’une famille qui a une grande expérience dans la transformation des produits forestiers. Son père Philias possède un moulin à scie à Morin-Heights et a initié tous ses garçons à la scierie. Lionel avait 12 ans lorsqu’il a quitté l’école pour travailler au moulin.
* «… quand j’ai commencé, j’étais trop petit pour prendre les grosses croûtes (les écorces), il [père] avait engagé Adrien Bélisle, lui il était fort comme un cheval tu comprends, il me laissait pas attendre, vite il la prenait, la croûte et s’en allait avec. Autrement j’aurais pas été capable, c’était au bout de mes bras, pis c’était ben trop pesant.»
Il n’est pas rare que les moulins à scie partent en fumée. Il suffit d’un peu de friction, de chaleur, une étincelle pour que la sciure de bois s’enflamme. M. Guénette se rappelle comment à l’époque son père avait perdu son moulin à scie.
* «À Piedmont dans le temps, un monsieur Foisy avait également un moulin à scie. Malheureusement, le moulin a été emporté par l’eau au printemps en 1912. Il est venu à Morin-Heights pour acheter le moulin de mon père. Le docteur avait dit à mon père de lâcher de travailler comme ça, toujours au-dessus de l’eau, qu’il allait avoir du trouble avec ses poumons, il crachait souvent du sang, dans ce temps-là.
Tu serais mieux de vendre ça”. Comme de fait, il a vendu à monsieur Foisy qui l’a payé avec une auto, il lui a donné ça en acompte. Pas plus que 5 à 6 mois plus tard, le moulin a passé au feu. Comme monsieur Foisy n’avait pas d’assurances, mon père a tout perdu, il a eu juste l’auto. Après ça, mon père a travaillé pour Jos Seale à son moulin, lui en plus il avait un planeur et il Faisait du bardeau. Mon frère [Marc] travaillait déjà pour lui. Marc est presque deux ans plus vieux que moi.
Après avoir fini au moulin à Jos Seale, mon père Philias a acheté la manufacture à mon oncle Émile qui faisait des portes pis des châssis. Deux ans après, mon père s’est bâti un autre moulin à scie, sur la même rivière.»