Des piedmontais qui ont laissé leur marque

Les artistes ont depuis longtemps promené leur regard sur le paysage des Laurentides. Sa proximité de Montréal et son accessibilité, en train dès la fin du 19e siècle et par les voies rapides, dans la deuxième moitié du 20e siècle, ont joué en faveur de cette popularité. Certains d’entre eux se sont établis dans les différents villages des Pays-d’en-Haut, d’autres y sont revenus régulièrement profitant de l’hospitalité de leurs amis ou des gens de la région.

Séduits par l’alternance des champs rocailleux et des boisés, des vallons et des montagnes, les peintres découvrent un paysage «chaotique […] qui offre l’initiative d’ordonnances nouvelles sur la toile», dira André Biéler (1896-1989).
 

Ces artistes que l’on retrouve dans de nombreuses collections publiques et privées du Canada et d’ailleurs ne sont peut-être pas natifs de Piedmont, mais ils en ont néanmoins inscrit la beauté dans l’histoire de l’art du Canada.
 

Marc-Aurèle Fortin est un de ceux qui ont visité à plusieurs occasions Piedmont et ses environs. Il y exécute des ébauches rapides auxquelles il se réfère pour composer de plus grandes toiles en atelier.

Robert Pilot (1898-1968)
Piedmont, 1946
Huile sur panneau

Robert Pilot (1898-1967) étudie avec William Brymner à l’Art Association of Montreal, l’ancêtre du Musée des beaux-arts de Montréal. Il peint en plein air aussitôt que le temps le permet et n’hésite pas à revenir au même endroit à plusieurs reprises pour achever un tableau.

Lors d’un séjour à l’hôtel Piedmont le 22 mars 1935, il écrit à un ami :
«Je suis un peu plus satisfait des sujets sur lesquels je vais travailler parce qu’hier et aujourd’hui j’ai découvert deux excellents motifs que j’espère traiter avec succès. Le paysage ici, en particulier la forme des collines, est vraiment excellent.»

William Goodridge Roberts (1904-1974)
Piedmont, 1946
Huile sur panneau

William Goodridge Roberts passe plusieurs étés dans les Laurentides à partir de 1937. À cette époque de l’entre-deux-guerres, plusieurs membres de la Société d’art contemporain (1939-1948) dont il est un des membres fondateurs s’y retrouvent, comme Fritz Brantner, John Lyman, Jacques de Tonnancour et Louis 
Muhlstock.

Jacques de Tonnancour (1917-2005)
Paysage de juin, 1956
Huile sur masonite
Musée des beaux-arts du Canada

Roland Pichet (1936-2003)
Silence de janvier, 1971
Estampe, sérigraphie en couleurs sur papier vélin
Musée des beaux-arts du Canada

Roland Pichet étudie la peinture et la sculpture à l’École des beaux-arts de 1955 à 1959 puis la lithographie avec Albert Dumouchel. C’est en 1971 qu’il quitte Montréal pour s’installer à Piedmont et y réalise sa Suite laurentienne constituée de 25 aquarelles et 15 tableaux à l’acrylique. Amoureux de l’hiver, il parcourt la forêt environnante à ski de fond et photographie les prochains sujets de ses tableaux.

«Depuis que je travaille ici, je découvre une autre dimension à la vie et à mon travail. J’attends l’hiver toujours avec impatience, les différents blancs de la neige, l’interaction de ces gris de l’hiver, ces étendues blanches qui se heurtent à une colline au loin, aux pieux, aux clôtures à neige et ces brindilles qui ponctuent ce silence blanc de l’hiver, ces journées de lumière quasi provençale par un jour de froidure de janvier, et je rêve toujours d’autres espaces.» Roland Pichet 18 octobre 1976. 

Source: Les Laurentides, Peintres et paysage, Exposition itinérante organisée par le Service de diffusion du Musée des Beaux-arts de l’Ontario 1977-1978, Mela Constantinidi (MBAO) et Helen Duffy, Les Éditions Internationales Alain Stanké, 1977