Du pont à la gare

Des centaines d’adeptes de ski nordique à la gare de Piedmont

Source : Pauline Paquin, La gare de Piedmont, huile sur toile, 2023. OEuvre commandée pour le 100e anniversaire de Piedmont.


Une journée de ski dans les Laurentides…en 1940

La popularité grandissante du ski nordique au début du 20e siècle a motivé la compagnie ferroviaire Canadien Pacifique à mettre à l’horaire des trains adaptés pour les skieurs sur la ligne Montréal–Mont-Laurier. De 1927 à 1955, ce sont des centaines d’adeptes de ce nouveau sport qui débarquent à la gare de Piedmont toutes les fins de semaine de la saison hivernale.


Dans une entrevue parue dans le Petit journal du 12 mars 1966, Paul Courtois, ancien conducteur sur le «P’tit train du Nord» de 1918 à 1965, raconte son quotidien.
 

«Dans mon temps […], j’ai vu jusqu’à 25 000 skieurs entre le jeudi et le dimanche. Des trains jusqu’à 1 100 personnes dessus. On collectait tout le temps. Le dimanche, les trains se préparaient. On les nettoyait et ils faisaient le plein, à Sainte-Agathe. Vers trois heures, le premier allait se poster à Shawbridge, deux autres s’arrêtaient à Piedmont, et ainsi de suite.»


La fête dans les trains de neige

Train du Canadien Pacifique arrêtant pour embarquer un skieur. 
Archives du CP, 1940.

Jusque dans les années 1950, le train est le seul mode de transport efficace pour accéder aux sentiers enneigés des Laurentides. Grâce aux trains de neige, il est possible de partir tôt le matin de Montréal, débarquer deux heures plus tard à la gare de son choix entre Shawbridge et Sainte-Agathe, mettre ses skis et glisser sur la célèbre Maple Leaf ou une autre piste développée autour du chemin de fer. Le temps venu on se dirige vers la gare la plus proche ou, même parfois, on peut héler le train entre deux gares pour revenir en ville. L’atmosphère dans les wagons est festive comme le raconte Paul Courtois :

« […] C’était un vrai carnaval! Y en a qui sortaient leur violon, ou ben leur accordéon. Ça dansait en file indienne, d’un wagon à l’autre. Souvent les amoureux éteignaient les lampes à gaz, on les rallumait, y les éteignaient encore, on les rallumait… mais on ne se choquait pas, tant que c’était pas indécent. Fallait ben les séparer, des fois, pour avoir les billets! Y’ avait souvent d’la bière en masse sur le train. Ça circulait on pouvait pas empêcher ça. Mais quand ils faisaient des banderoles avec du papier de toilette, fallait leur dire que c’était criminel, que le feu pouvait prendre. Ouf! »


Un attirail léger

Train de neige vers 1940.
Fonds de la Vallée de la Diable.

Monsieur Courtois poursuit :
« […] En c’temps-là, on n’était pas exigeant. On achetait des skis pour 5 piastres. On cousait des élastiques sous les pantalons, et on y mettait son chandail ordinaire. Ils faisaient du cross-country, surtout. On en faisait à Sainte-Marguerite et à Val-Morin, pour les reprendre à Piedmont ou à Shawbridge. C’était pas des pâtes molles avec la face longue comme ça! Ça venait au train en skis. On les voyait arriver comme une nuée de maringouins par-dessus les buttes de Piedmont. Ils venaient se réchauffer, et emmenez-en, du café, des sandwiches, des liqueurs! Il y avait beaucoup d’Anglais de Westmount, des étudiants de McGill surtout. Je me souviens du train “Early Bird”, qui partait aux p’tites heures le dimanche matin ! Y’était plein! »

Chasse-neige du Canadien Pacifique

Chasse-neige du Canadien Pacifique, 1968 dégageant la voie à Piedmont.
Photographie: Peter Murphy, 1968
 

Extrait de
Circuit du centenaire de Piedmont

Circuit du centenaire de Piedmont image circuit

Présenté par : Municipalité de Piedmont
Directions

Téléchargez l'application BaladoDécouverte (pour Android et iOS) et accédez au plus vaste réseau francophone d’expériences de visites guidées en Amérique.