Le complexe Matthew Moody & Sons

Lieu de résidence des contremaîtres

Sur la rue Després, seules ces anciennes résidences en rangée subsistent aujourd’hui à proximité de l'ancien complexe manufacturier Moody & Sons, quoique grandement modifiées. Elles servaient à loger les contremaîtres de l'usine.


Les lots 390 à 399


Historique de l'usine Matthew Moody & Sons

Matthew Moody achète une boutique de forge et s’établit sur la rue Saint-François-Xavier en 1834. Ce forgeron-taillandier est originaire du village de South Cave, dans le Yorkshire, en Angleterre. Il a quitté le port de Hull en juin 1830, à l’âge de 21 ans, pour émigrer au Canada. 

1840

Au début des années 1840, il transforme sa boutique de forge en un atelier de fabrication de batteuses à grains. Dix ans plus tard, la production augmente au rythme de la demande des habitants de la région; de plus en plus populaires, les batteuses Moody économisent temps et main d’œuvre durant la moisson. C’est pourquoi, le forgeron envisage d’aménager une manufacture plus à l’ouest du village, sur la rive de la rivière des Mille Îles, afin de bénéficier de l’énergie hydraulique. 

Utilisation du courant des rivières

L’abolition du régime seigneurial a supprimé le monopole des seigneurs sur l’utilisation du courant des rivières. Ainsi, Moody loue un terrain de Mme Masson sur la rive de la rivière, en amont de l’écluse des moulins, à l’ouest du village, dans la paroisse de Terrebonne.


Première manufacture des Moody (1857-1892)

En 1890, les machines-outils du complexe manufacturier sont actionnées par des turbines hydrauliques; toutefois, lorsque le débit de la rivière diminue, on utilise en renfort une forte machine à vapeur dans le bâtiment principal. Quelque 90 hommes sont employés à l’année, dont 30 à la forge.

Aux 200 batteuses entreposées dans les hangars, s’ajoutent 250 moissonneuses, 700 faucheuses, 800 râteaux, 100 machines à couper le bois de corde, 25 machines à arracher les patates et 30 séparateurs de patates. La production d’un nouveau type de presses à foin est en préparation. 


Incendie et nouvelle manufacture

En 1890, la famille Moody projette de construire une nouvelle manufacture beaucoup plus grande, « vu le développement toujours croissant de leur commerce », écrit-on dans le journal La Presse. Or, en 1892, un incendie majeur dévaste l’ensemble des installations.

Nouvelle manufacture

L'incendie entraîne la mise en chantier d’une nouvelle manufacture plus grande et plus moderne à l’Est de la ville, près du chemin de fer du Canadien Pacifique. 

La manufacture sera vendue à Federal Bond and Share de Toronto, en 1929.  

À la fin des années 1960, l’entreprise délaisse les machines agricoles; elle poursuit ses opérations sous la raison sociale Moody SI jusqu’en 2004, en se spécialisant dans la fabrication de systèmes de convoyeurs, de chariots à bagages et à cargaison en usage dans les aéroports.


La résidence Maple Hall

En 1874, probablement pour marquer son statut social, Matthew Moody fait ériger une somptueuse résidence par les menuisiers de la manufacture; il en confie la pose de la brique au maçon-briqueteur Gilbert Villeneuve de Mascouche. 

La maison de deux étages, couverte d’une toiture à pavillon avec corniche à encorbellement, est ornée d’un fronton en triangle d’inspiration gréco-romaine au-dessus du balcon. Au rez-de-chaussée, on remarque deux oriels en saillie aux façades latérales correspondant à deux salons qui encadrent l’entrée principale.

L’arrière de la maison aussi en saillie est réservé à la domesticité sur les deux étages; on y accède par une porte et un escalier intérieur privés, séparés du corps de logis principal. Le chauffage central par circulation d’eau chaude à l’intérieur des cloisons est une autre caractéristique notable de la résidence.

L’allée principale était bordée de deux lions majestueux, aujourd’hui disparus.

Texte de la narration

Vous êtes sur la rue Després. En survolant l’emplacement du complexe manufacturier, nous constatons que seules les résidences des contremaîtres subsistent aujourd’hui, quoique grandement modifiées. C’est un ensemble de 6 logis, du style maison en rangée ou « town house », à un étage et demi, construit en bois paré de briques, qui s’élève sur des fondations de pierre au niveau du sol. Sa longue galerie couverte est ornée de frontons en triangle. La toiture à deux versants, avec corniches débordantes, est couverte de bardeaux. En 1878, ces maisons en rangée sont estimées à 1800$.

Construite sur pilotis, la manufacture bénéficie du courant canalisé par des chaînes de roches pour actionner ses machines-outils. Jusqu’à 200 artisans-ouvriers y travaillent entre 1870 et 1901.

Depuis 1965, la rue Saint-Louis se termine en cul-de-sac ; la construction de l’autoroute 25 a exigé le détournement de la côte de Terrebonne, par les boulevards Moody et des Seigneurs, pour asseoir la butée du pont et déployer les voies d’accès et de sortie. Au-delà de l’autoroute, on a aménagé une piste cyclable, une aire de repos, le stationnement du terminus d’autobus et construit la caserne no 1 du service d’incendie.

Extrait de
Le front pionnier de Terrebonne | Circuit historique

Le front pionnier de Terrebonne | Circuit historique image circuit

Présenté par : Société du patrimoine et de l’histoire de Terrebonne (SPHT)
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