Isle de Cacona, lieu-dit

Kakoua-nak

Vue de l’île de Gros-Cacouna, vers 1900.
 
Dans le passé, cette presqu’île, située en face de l’embouchure du Saguenay et près de l’île Verte, devenait une île lors des grandes marées d’automne et du printemps. À l’été, les Amérindiens venaient y pêcher et y chasser le phoque. Ils la désignèrent du nom de Kakoua-Nak, c’est-à-dire « l’endroit où demeure le porc-épic ». C’est sans doute la faune locale qui valut au site d’être baptisé ainsi. En 2006, la découverte d’artefacts dans une grotte au pied des falaises de la presqu’île nous confirmait le passage d'Autochtones à cet endroit.
 
Source photo: Ernest Mercier, coll. Lynda Dionne et Georges Pelletier

1673, concession de la seigneurie Le Parc

Plan des seigneuries LeParc et Villeray.
 
En 1673, l’« isle de Cacona » et les terres avoisinantes furent concédées au sieur André Daulier DuParc.  La seigneurie LeParc faisait deux lieues de front sur deux lieues de profondeur et s’étendait de l’Anse au Persil jusqu’à la pointe est de la presqu’île de Cacouna.  Le fief fut ensuite racheté par Charles Aubert de la Chesnaye, propriétaire de la seigneurie de la rivière du Loup.  En 1689, la Chesnaye augmenta la superficie de son domaine en se faisant attribuer la juste moitié de la partie non concédée entre le fief LeParc et celui de l’Isle Verte.
 
Source photo: Cartographie / Yves Dumont (2001)

1760, pêcherie à marsouins

Carte de l’île indiquant les pêches et la division territoriale. La pêche à marsouins y est en pointillé.
 
La seigneurie fut longtemps inhabitée.  Vers 1760, quelques pêcheurs originaires de Kamouraska s'occupaient de la «pêcherie à marsouins» ou grande pêche ainsi que des pêches à fascines destinées à la prise des poissons pour le compte du seigneur James Murray.  Sur la pointe nord-est de l’île, ils construisirent quelques cabanes. À l’hiver, des Acadiens fuyant le  « Grand Dérangement » s’y réfugièrent. Trois ans plus tard, cette partie cultivable de l'«isle de Cacona» fut allouée à l'agriculteur Philippe Asselin. En 1795, Henri Sérien dit Langlais, de Rivière-Ouelle, a été le premier agriculteur-pêcheur à s’y établir avec sa famille.
 
Source photo: Cartographie / Yves Dumont

1765, Acadiens et premier hameau

Carte permettant de localiser les environs de l’établissement du premier hameau, «Cacona».
 
L’amorce de la colonisation débuta réellement en 1765 avec l’établissement des Acadiens ; les Saindon, Bergeron, Gaudin et Guichard.  Ils défrichèrent les terres en face  de la presqu’île en bordure des marais.  Des pêcheurs, navigateurs et agriculteurs, pour la plupart des paroisses en amont, vinrent les rejoindre.  Cette portion de rang fut connue comme le premier hameau ou lieu-dit de «Cacona» et ses 45 censitaires allaient moudre tout près leur blé au petit moulin du seigneur.  En 1789, la maison de Jean Saindon (fils de Michel) servit de chapelle pour rassembler les premiers colons. Dix ans plus tard, l’ouverture du chemin Royal facilita les communications et favorisa l’ouverture des terres sur le premier rang en bordure du fleuve.
 
Source photo: Cartographie, Pierre Lambert, 1830. Archives de l’arpentage, Ministère de l’Énergie et des Ressources du Québec, coll. Seigneurie de rivière du Loup

Gros-Cacouna - Île des Beaulieu

La maison de l’île, vers 1930, et les Beaulieu dans leur pêche à fascines.
 
C’est au milieu du 19e siècle que l’«isle de Cacona» prit le nom de Gros-Cacouna pour la distinguer du village du même nom tandis que le récif du côté nord  fut nommé le Petit-Cacouna ou l’îlot.  Avec la venue des Hudon dit Beaulieu, les gens des environs avaient coutume de nommer l'endroit : l'île des Beaulieu.
 
Source photo: Jeanne Beaulieu, coll. Isabelle Beaulieu-Caron

Gros-Cacouna - Port naturel

Petite plage de la pointe sud-ouest et pique-nique, vers 1900.
 
Dans le passé, le site du port fut utilisé comme point d'ancrage pour les navires à voile qui s'y abritaient lors des grands vents. En 1851, un vapeur de la Ligne du Saguenay, le Rowland Hill, débarquait des passagers dans des chaloupes à destination de Cacouna alors station balnéaire.  À cette époque, les touristes allaient se baigner sur les petites plages de la pointe sud-ouest de la presqu’île après avoir mis à sec leurs canots.  Ils en profitaient aussi pour y faire des pique-niques, aller à la pêche à la ligne ou chasser le petit gibier.
 
Source photo: Mary Tudor Montizambert, coll. David Crombie

Naufrages

Montage photo illustrant la face rocheuse nord de l’île avec la présence fantomatique d’anciens navires.
 
Au cours du 19e siècle, il y a eu une cinquantaine de naufrages et collisions entre voiliers et certains navires à vapeur se sont échoués dans la région de Cacouna, entre la pointe ouest de l’île Verte et l’Anse-au-Persil. Malheureusement des bateaux s’y sont complètement perdus dont le brigantin Maria, en 1812. La majorité des naufrages de Gros-Cacouna ont eu lieu à l’automne au cours du mois de novembre. En 1842, le navire George Ramsay s’échoua au nord de la presqu’île. Sur le rocher de Cacouna ou l’islote, plusieurs goélettes s’y sont heurtées dont la Better Luck, en pleine tempête de neige en 1829 ; dix ans plus tard, c’était la Marie Victoria. En 1853, le temps froid et la formation hâtive de glace emprisonnaient plusieurs navires, entre autres la barque norvégienne Ballengeich. La goélette Marie Rose s’y perdit complètement dans une tempête de 1886. Plusieurs naufragés ont été sauvés par les habitants de Gros-Cacouna et de l’île Verte.
 
Source photo: Yvan Roy

Abri et contrebande

La grange des Beaulieu, vers 1930, avec la porte de la saline à droite et vue du petit chemin du nord de l’île et sa barrière.
 
Durant la Première Guerre mondiale, Gros-Cacouna a servi de cachette à des hommes qui fuyaient la conscription. Ils se réfugièrent dans une grotte peu profonde au nord de l’île, sous la protection de la vieille dame de roche. Ces fugitifs pouvaient compter sur la bienfaisance de Wilfrid Beaulieu qui leur fournissait de la nourriture.
 
Par ailleurs, l’île n’a pas uniquement servi de refuge à des conscrits. Au temps de la prohibition, des goélettes de contrebande venant de Saint-Pierre-et-Miquelon se délestaient de leurs marchandises lorsqu’elles étaient poursuivies par les gens de la douane. Ces canisses carrées de boisson étaient donc jetées dans les pêches tout près de l’île de Cacouna. Ainsi Wilfrid et Camille Beaulieu n’y ramassaient pas juste du poisson. Ils entreposaient leurs pêches dans le double mur de la saline, le temps que le trafiquant vienne les récupérer.
(D’après les témoignages de Jeanne Beaulieu-Dubé, d’Isabelle Beaulieu-Caron et d’Ida D’Amours.)
 
Source photo: Jeanne Beaulieu, coll. Isabelle B. Caron

Extrait de
Le Cacouna maritime et ses lieux-dits

Le Cacouna maritime et ses lieux-dits image circuit

Présenté par : Corporation de développement de Cacouna
Directions

Téléchargez l'application BaladoDécouverte (pour Android et iOS) et accédez au plus vaste réseau francophone d’expériences de visites guidées en Amérique.