Juste à côté de l'obélisque de Roderick MacKenzie se trouve un monument en la mémoire du Dr Simon Fraser.
Né le 1er janvier 1769, le docteur Fraser était officier dans un régiment écossais et habitait à Terrebonne. Il avait été blessé au cours de son service militaire et ceux qui sont venus à ses funérailles ont voulu qu'on se souvienne de lui comme ayant été bon et intègre.
Malcom Fraser, son père (1733-1815), était lieutenant lors de la bataille des Plaines d'Abraham, où il a été blessé. Comme plusieurs de ses compatriotes, il demeure au Canada après la conquête anglaise et épouse une Canadienne française, Marie Allaire. En 1762, le général Murray lui concéde la seigneurie de Mount Murray et plus tard, Fraser achete celle de Kamouraska. Il est également gestionnaire de Rivière-du-Loup.
Le grand-père de Simon, un autre Simon, est lui-même un officier durant la guerre de Sept ans. Il a levé le 78e Régiment composé de Highlanders écossais. Il vient en Amérique avec le grade de colonel, prend part aux combats de Louisbourg et de Québec. Il se retire avec le grade de major-général.
Il n'est donc pas trop surprenant d'apprendre que son petit-fils, notre docteur Simon, à peine âgé de quatorze ans, opte pour la vie militaire et, comme il est alors d'usage, achète le grade d'enseigne. Il est promu lieutenant en 1795 et, l'année suivante, il s'enrôle dans le 42e Régiment, ou Royal Highlanders, à Sainte-Lucie dans les Indes occidentales. Au mois de juin, il est blessé lors de l'assaut de la Vigie, à Saint-Vincent. Il suit son régiment qui gagne l'Angleterre et, peu après, il est en garnison à Gibraltar. Il est également de service à Minorque et en Égypte. En 1802, il est mis en demi-solde, tout comme son grand-père.
Les liens qui unissent les Fraser à la compagnie de fourrures du Nord-Ouest, notamment par le biais de son frère Alexandre, expliquent probablement l'attrait de bon nombre d'Écossais à venir rejoindre leurs compatriotes établis à Terrebonne; d'autant plus que la seigneurie est alors entre les mains de la succession McTavish et qu'elle est administrée par Henry MacKenzie.
La première mention de Fraser au terrier apparaît le 1er juillet 1807, alors qu'il acquiert un terrain au coin des rues Saint-Michel et des Anges (petite ruelle encore existante à l'ouest du salon funéraire Saint-Louis à Terrebonne), emplacement qu'il revend au mois de mars de l'année suivante. Le 17 septembre 1807, il acquiert du shérif un terrain sur la rue Saint-Louis. Il entreprend la construction d'une grande maison monumentale, qu'il cède à Roderick McKenzie en cours de réalisation, en 1808. Cette maison existe toujours et se trouve au 906 rue Saint-Louis à Terreonne.
Fraser achète en 1813 la propriété de John Knoblook (qui se trouve actuellement au 938, rue Saint-Louis à Terrebonne) qu'il occupe 21 ans. L'année suivante, il figure comme officier dans la milice du 2e Bataillon de la Division de Terrebonne. En 1835, lui et son fils John acquièrent une maison située sur la rue de l'Attrape, vieux bâtiment commercial dont les premières fondations datent de 1741; aujourd'hui, le 275, boulevard des Braves.
Simon laisse probablement son fils occuper la maison de la rue de l'Attrape, puisque le 5 octobre 1836, un acte nous apprend que Pierre Lamoureux vend à Simon Fraser et Marie Mare Sémur un terrain mesurant 66 pieds sur la rue Saint-Louis et touchant à la rue Saint-Michel à l'arrière. Était construite sur ce lot «une maison neuve».
Le docteur Simon Fraser accorde ses soins aux vieilles familles écossaises : Frobisher, Henry, McGillivray, Oldham, Thompson, Roderick Mackenzie et même Sir Alexandre MacKenzie, s'il faut en croire ses états de compte pour les années 1811 et 1813. Le «Montreal Almanach» le mentionne comme médecin pratiquant encore à Terrebonne en 1831.
Le 6 janvier 1842, son épouse, Marie Sémur dite Mare, étant malade, fait son testament par lequel elle donne à son fils John Fraser, notaire (il a 26 ans), tout ce qu'elle possède. Au mois de mai suivant, Simon Fraser fait son testament au bureau de l'Honorable Joseph Masson à Terrebonne, en présence de ce dernier, de J. O. Turgeon et de Germain Raby. John se voit léguer le résidu des biens de son père.
Les personnages cités à ces testaments nous indiquent bien que Simon Fraser «fraye» avec l'élite locale. Les quelques commentaires que l'on trouve à son égard le décrivent comme une personne appréciée dans la communauté. D'ailleurs, lors de son testament, en 1842, il se dit «major de milice de la division de Terrebonne, lieutenant à demi-solde du 42e Régiment à pied de Sa Majesté». Ce grade de major de milice fait donc de lui la principale autorité civile de Terrebonne. Enfin, lors de son testament, il demande à être inhumé dans le coteau de sable, sans cérémonie religieuse et sans la présence d'aucun prêtre ni ministre! Il semble bien que ce ne sera pas le cas. Simon Fraser est mort le 2 février 1844, à Terrebonne.
Photo: Collection Société d'histoire de Mascouche / SODAM
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